La centrale au charbon de Cordemais en 2019. / Wikimedia - KaTeznik
Lors d’une interview télévisée diffusée le dimanche 24 septembre 2023, le président de la République a annoncé que le pays sera sorti du charbon d’ici 2027. Que faut-il penser de cette annonce ?
À la veille de sa communication au sujet de la planification écologique prévue le lundi 25 septembre, Emmanuel Macron a annoncé aux journalistes de TF1 et France 2 plusieurs mesures pour répondre aux enjeux environnementaux actuels. Parmi elles, la sortie du charbon a été actée pour 2027. En réalité, cette promesse n’a rien de novateur puisqu’elle avait déjà été faite au début du premier quinquennat d’Emmanuel Macron. À l’époque, ce dernier avait affirmé fin 2017 : « d’ici la fin du quinquennat, j’aurais fermé toutes les centrales à charbon ».
Cela aurait donc dû être fait au plus tard en 2022. Mais c’était sans compter sur la guerre en Ukraine qui a tendu l’approvisionnement en gaz et les problèmes rencontrés par nos centrales nucléaires conduisant à une baisse de la production électrique. S’est ensuivi une crise énergétique qui a fait monter les prix et mis en péril le budget des ménages ainsi que la trésorerie des entreprises.
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Dans ce contexte, les pouvoirs publics ont temporisé pour sécuriser la production électrique. Ainsi, seules deux centrales au charbon ont été fermées : celles de Provence à Meyreuil (Bouches-du-Rhône) et celle du Havre en Seine-Maritime. Aujourd’hui, il en reste encore deux sur le territoire. La première située à Saint-Avold, en Moselle, avait été fermée en mars 2022 avant d’être remise en route en août 2022 en prévision d’un hiver qui s’annonçait tendu sur le réseau électrique. La seconde est à Cordemais, en Loire-Atlantique.
L’été dernier, le décret du 23 août 2023 relève le plafond des émissions de gaz à effet de serre (GES) des installations de production d’électricité à partir d’énergies fossiles, jusqu’au 31 décembre 2024. Ce texte permettait aux centrales à charbon de fonctionner encore jusqu’à cette date. On pouvait donc espérer leur fermeture au 1ᵉʳ janvier 2025. Finalement, l’annonce du président de la République n’est qu’un énième report puisqu’il a évoqué 2027 pour la fermeture de ces installations. Il n’y a donc pas de quoi se réjouir.
Le charbon reste anecdotique dans le mix électrique français
Concrètement, le poids du charbon dans le mix électrique français est très faible. Selon le bilan électrique 2022 de RTE, il « a marqué un net recul par rapport à 2021 » pour atteindre une production de 2,9 TWh, soit une baisse de 1 TWh. S’il représente moins de 1 % du mix électrique français, ce mode de production reste très polluant. Selon l’agence internationale de l’énergie (AIE), le charbon est la plus grande source de production d’électricité dans le monde, mais également la première source d’émission de CO2 liée à l’énergie.
D’ici 2027, Emmanuel Macron a affirmé que ces deux centrales restantes seraient reconverties à la biomasse, permettant de produire de l’énergie à partir de déchets de bois. Pour Cordemais, le projet a été validé par l’État en début d’année. Il s’agit de créer sur le site de la centrale une usine de « black pellets ». Et il n’y a plus qu’à espérer qu’aucun évènement ne motive un nouveau report.
Commentaires
Pour sortir du charbon il faut que l'énergie des éolienne ou (et) du solaire, auxquelles on adjoint un système de stockage renouvelable pilotable, puissent concurrencer le prix du charbon .
Cette chose est tout à fait possible quand on mesure les contraintes et les besoins de toutes les autres énergies (fossiles , nucléaires, bio masse, hydraulique, etc)
La biomasse est encore pire que le charbon puisqu'il faut consommer pas mal d'énergie pour sécher et compacter les déchets de bois pour fabriquer les pellets. Et ça relâche à la combustion au moins autant de CO2 et autres polluants dans l'air. Ces déchets devraient être réservés au compostage.
Le compostage relargue du méthane qui est gaz à effet de serre 35 fois plus puissant que le CO2.
Les déchets bois sont proposés sous forme de plaquettes qui est le bois déchiqueté.
Le bois arrive avec une certaine humidité et la chaudière doit pouvoir composer avec cette humidité ce qui n'est pas simple mais c'est comme toutes les énergies, il y a toujours des complexité, sinon ça fait longtemps qu'on aurait trouvé le saint graal.
Si on souhaite bloquer le carbone capté par le végétal, la seule solution actuellement est de le transformer en biochar.
Je suis moi aussi très circonspect sur le projet du Président de convertir les centrales au charbon à la biomasse. Effectivement collecter puis acheminer tous ces déchets var représenter une dépense énergétique folle.
D'un autre côté, la plupart d'entre eux seraient collectés et acheminés (vers une autre destination) de toutes façons. Et il y aurait sensiblement la même dépense énergétique pour cela. Par exemple les meubles et palettes en bois dans les déchetteries.
Mon opinion pencherait plutôt pour utiliser les excédents d'électricité ENR pendant l'été, lorsque le prix du KWh est faible voire négatif, pour fabriquer du e-combustible dans une unité de production attenante à l'usine électrique (ex-charbon) et le stocker sur place, pour éviter les flux et les coûts logistiques. Et utiliser ce e-combustible aux heures de pic de demande électrique. Les chaudières pouvant être remplacées par des piles-à-combustible géantes.
Exact, d'ailleurs la plupart des chaudières biomasse ont besoin de gaz naturel pour fonctionner car le bois seul brule très mal à cause de son humidité.
En dehors de supprimer les impôts des riches, promouvoir le business de ses sponsors et faire tabasser les contestataires, c'est 100% de bavardage depuis son arrivée au pouvoir, pourquoi ça changerait avec le charbon ?