Illustration : RE.
L’année 2024 sera certainement gravée dans les annales pour EDF. Après le marasme de l’hiver 2022, l’énergéticien français ne cesse de remonter la pente et semble vouloir produire de l’électricité pour l’Europe entière. Ce chiffre des exportations est néanmoins révélateur d’une économie française au ralenti.
Sauf évènement apocalyptique dans les deux mois à venir, la France s’apprête à battre son précédent record d’exportation d’électricité, qui date de 2002. Cette année-là, Jacques Chirac remportait le second tour de l’élection présidentielle avec 82 % des suffrages, les Français apprenaient à payer en euros et EDF exportait pas moins de 77 TWh d’électricité.
Mais depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et les centrales nucléaires du pays ont vieilli. Surtout, en 2022, elle a dû faire face à une situation très compliquée du fait de problèmes de corrosions sur les tuyauteries de plusieurs réacteurs, conduisant à un bilan final de 16,5 TWh d’électricité importés sur l’année. Malgré cette période de crise énergétique, EDF est parvenu à remonter la pente avec une excellente année 2023, permettant l’exportation de 50,3 TWh d’électricité. Sur la même lancée, selon ses dernières prévisions, EDF pense pouvoir atteindre la barre des 90 TWh exportés en cette année 2024.
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Cette nouvelle, très encourageante, témoigne de la bonne santé actuelle du parc nucléaire français, qui devrait produire entre 340 et 360 TWh sur l’année, contre seulement 279 TWh en 2022. Les excellents chiffres d’exportation montrent également la contribution toujours plus importante des énergies renouvelables dans le mix électrique du pays. Enfin, de telles performances contribuent à rééquilibrer une balance commerciale française largement déficitaire en matière d’énergie, en particulier à cause des importations massives d’hydrocarbures.
Néanmoins, il y a un revers à la médaille : ce résultat est également le fruit d’une consommation électrique du pays en dessous de ses standards. En effet, depuis les efforts concédés à l’hiver 2022-2023, la consommation électrique française n’est pas remontée à son niveau de 2021-2022, et encore moins à ses niveaux pré-Covid.
Si on peut tenter d’expliquer cette baisse de consommation par des efforts de sobriété réalisés dans tout le pays, celle-ci va à contre-courant de la volonté politique actuelle de réindustrialisation et d’électrification des usages, en particulier dans le domaine de la mobilité. On note également qu’entre 2022 et 2023, la consommation d’électricité (-3,2 %) a diminué à peu près autant que la consommation d’hydrocarbures (- 2,9 %). Ces chiffres semblent ainsi s’expliquer par une économie française en difficulté, en particulier dans le secteur industriel.