La France entre enfin dans l’ère de l’éolien offshore


La France entre enfin dans l’ère de l’éolien offshore

Le Ministre de la Transition écologique, François de Rugy, a annoncé vendredi dernier que l’appel d’offre pour la construction et l’exploitation du parc éolien au large de Dunkerque était attribué au consortium EDF – Innogy et Enbridge.

Le 14 juin dernier est à marquer d’une pierre blanche pour l’éolien offshore en France.

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D’abord parce que François de Rugy a officialisé le lancement du parc éolien de Saint-Nazaire alors qu’il devait être en déplacement ce jour-là à Montoir-de-Bretagne, en Loire Atlantique, sur le site de General Electric. Mais un barrage du personnel du site de Cordemais (Loire-Atlantique), manifestant contre la fermeture annoncée de l’usine, a obligé le ministre à modifier son programme.

Saint-Nazaire est la première concrétisation du développement éolien offshore en France, avec le lancement de la construction d’un parc qui comptera 80 éoliennes pour une puissance installée totale de 480 MW. Les éoliennes couvriront ainsi la consommation de 400 000 ménages, ou 20% de la consommation électrique de la Loire-Atlantique, et devraient être mises en service d’ici 2022. Le marché avait été remporté par EDF et Enbridge, après le retrait de Dong Energy en 2016.

Après des années de procédure juridique introduite notamment par les associations de défense de l’environnement, le Conseil d’Etat a rejeté les recours et a ainsi validé le projet le 7 juin dernier.

Mais la date du 14 juin est aussi importante parce qu’à l’occasion de son déplacement, François de Rugy a annoncé que le marché public pour la construction et l’exploitation du parc éolien offshore à 10 km de Dunkerque avait été attribué au consortium EDF Renouvelables, associé à l’allemand Innogy et au canadien Enbridge.

Le parc dunkerquois comptera 75 éoliennes d’une capacité de 8 MW chacune, totalisant ainsi 600 MW au total. Le parc produira 2,3 TWh par an dès 2026, ce qui permettra de couvrir la consommation électrique de 500 000 ménages français.

Ainsi, c’est le quatrième appel d’offres sur les 7 sites à développer qu’EDF Renouvelables remporte pour la construction de parcs éoliens offshore en France. En 2012, outre le projet de Saint-Nazaire, le groupe avait été sélectionné pour Fécamp (Seine Maritime) et Courseulles-sur-Mer (Calvados). Avec le projet de Dunkerque, EDF Renouvelables dispose à présent d’un portefeuille de plus de 2 GW en France, a indiqué l’entreprise.

Une concurrence féroce

La plupart des grands énergéticiens européens avaient déposé  une candidature  dans le cadre de la procédure instruite par la CRE (Commission de Régulation de l’Energie).

Parmi les 7 candidats figurait notamment Engie, rival historique d’EDF, mais également le consortium dirigé par Ørsted, fruit d’une alliance avec Total et Elicio.

Il s’agissait de la première grande incursion dans l’éolien en mer pour Total.

Bien qu’étant l’un des majors du secteur gazier et pétrolier, la participation de Total s’inscrit dans une stratégie de développement dans l’électricité bas carbone en Europe.

Le groupe Ørsted, anciennement Dong Energy, majoritairement détenu par l’Etat danois, est l’une des principales entreprises du secteur énergétique au Danemark. Ørsted, qui a inauguré en 2018 le plus grand parc offshore du monde, exploite plus de 25% de la capacité éolienne installée à travers la planète.

Elicio, développeur de projets éoliens établi à Ostende et filiale du groupe Nethys (Belgique), détient et exploite des parcs éoliens terrestres en France, en Belgique, en Serbie et au Kenya. La société détient également des participations dans quatre parcs éoliens en Mer du Nord.

Des objectifs en offshore plus ambitieux

Dans la foulée, François de Rugy a annoncé la révision à la hausse des objectifs éoliens en mer fixés dans la Programmation Pluriannuelle de l’Energie. L’objectif passe ainsi de 700 mégawatts à 1 gigawatt par an jusqu’en 2028, confirmant les déclarations du premier ministre Edouard Philippe.

La PPE prévoyait en effet initialement un objectif compris entre 4,5 et 5,2 GW d’éolien en mer à l’horizon 2028.

Un prix inférieur à 50 €/MWh

On savait que le prix garanti proposé au MWh produit constituait l’un des critères les plus importants.

Le consortium EDF-Innogy-Enbridge a remporté le marché grâce à un prix inférieur à 50 € par MWh, garanti pendant 20 ans. Il s’agit non seulement d’un prix relativement bas, lorsque l’on considère que le prix du MWh sur le marché de gros se négocie actuellement entre 30 et 45 €. Mais le niveau de prix proposé confirme surtout la baisse constante du coût de production du MWh éolien offshore (voir notre article Le prix de l’éolien ne cesse de diminuer). Pour rappel, les premiers projets attribués en 2012 s’étaient négociés à plus de 140 € le MWh.

« On se félicite de cette évolution positive qui confirme que l’éolien en mer comme terrestre est une filière compétitive, mature, qui présente un intérêt majeur pour la transition énergétique et les territoires », a déclaré Pauline Le Bertre, déléguée générale de FEE (France Energie Eolienne), qui fédère les professionnels du secteur.

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