La course au porte-conteneur nucléaire est lancée : voici les projets


La course au porte-conteneur nucléaire est lancée : voici les projets

Illustration du projet KUN-24A chinois / Visuel : Jiangna, montage : RE.

L’Organisation Maritime Internationale vient d’approuver la cible du « net-zéro » pour 2050 dans le secteur de la propulsion navale. Au-delà du CO2, le transport maritime est à l’origine d’une lourde pollution atmosphérique. Dans le même temps, des sociétés européennes et chinoises proposent des cargos pour demain, propulsés par énergie nucléaire. La course est-elle lancée ?

De nos jours, la propulsion nucléaire est actuellement presque exclusivement réservée aux applications navales militaires. En France, c’est notamment le porte-avions Charles de Gaulle qui a été équipé de cette technologie, ainsi que les sous-marins de classe Rubis ou de classe Le Triomphant.

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Pour le civil, les applications ont été plus rares. Une dizaine de brise-glaces russes à propulsion nucléaire sont toujours en service. Dans les années 1970, quelques cargos ont été équipés de chaufferies nucléaires, comme l’Américain Savannah ou l’Allemand Otto Hahn. Ils ont toutefois été abandonnés ou convertis au diesel après une dizaine d’années d’exploitation, du fait notamment d’une exploitation coûteuse et non rentable, en particulier après la fin des chocs pétroliers.

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Le projet chinois de porte-conteneur nucléaire géant

Les 5 à 8 décembre 2023 s’est déroulée à Shanghai la conférence internationale Marintec China. C’est au cours de cette conférence que le chantier naval de Jiangnan a dévoilé son concept de porte-conteneurs à propulsion nucléaire. Baptisé KUN-24A, il aurait une capacité de transport de 24 000 conteneurs standards (EVP), ce qui le placerait parmi les plus grands navires de ce type du monde. Le record est actuellement détenu par le MSC Tessa, un porte-conteneur conventionnel au fioul qui revendique 24 116 EVP.

Contrairement aux navires militaires historiques dotés de réacteurs à eau pressurisée, c’est-à-dire la même technologie que notre parc nucléaire en France, le concept chinois est basé sur un réacteur du type sels fondus. Dans ce concept, le caloporteur est un sel contenant l’espèce fissile, en l’occurrence le thorium. La Chine serait en effet dotée de ressources importantes de thorium, ce qui explique son fort intérêt pour le développement de cette technologie : rappelons le démarrage cet été du petit réacteur expériemental TMSR-LF1 dans le désert de Gobi.

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Un réacteur européen qui utilise le plomb fondu comme caloporteur

Plus tôt cette année, Newcleo, Fincantieri et RINA ont signé un accord pour développer la propulsion nucléaire pour le transport maritime. Le futur navire reposera sur le concept de Newcleo, basée sur la technologie dit LFR, pour « Lead-cooled Fast Reactor » (soit réacteur rapide refroidi au plomb). Dans ce type de réacteur, le caloporteur est du plomb fondu. Il s’agit d’une technologie qui date des années 1970, et qui a déjà été mise en œuvre dans des sous-marins nucléaires soviétiques (classe Alfa).

Le réacteur pourra fournir une puissance de 30 MW. Il sera de petite taille, mais pour autant son rechargement sera peu fréquent : tous les 10 à 15 ans. Newcleo indique qu’il ne nécessitera qu’une maintenance limitée et qu’il pourra facilement être remplacé en fin de vie.

La course est-elle lancée ?

Pour le moment, nous n’avons que des déclarations à nous mettre sous la dent, ainsi que de rares images. Par ailleurs, l’histoire n’a pas été clémente avec la propulsion nucléaire civile, dont les projets ont été abandonnés à la fin des années 1970. Les raisons ont principalement été une mauvaise rentabilité et une maintenance lourde. Les enjeux associés aux hydrocarbures peuvent-ils renverser la balance en ce qui concerne la rentabilité ? Par ailleurs, les nouvelles technologies peuvent-elles diminuer les besoins de maintenance ? Le sujet bouge, cela est certain, et nous réserve certainement de belles surprises.

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