La centrale de Bois-Rouge à La Réunion - Photo Albioma
Dépourvue d’interconnexion, La Réunion doit produire sur place toute l’électricité qu’elle consomme. L’île est encore très dépendante du fioul et du charbon mais se dirige progressivement vers les énergies renouvelables. La conversion à la biomasse d’une de ses plus importantes centrales mixtes charbon-bagasse va bouleverser son mix électrique.
Avec ses 36 % de charbon et 33 % de fioul, la production d’électricité réunionnaise est trop carbonée. Le département ultramarin s’est fixé l’objectif d’atteindre un mix 100 % renouvelable d’ici 2024. Pour y arriver, il compte essentiellement sur la biomasse. Toutes les centrales thermiques fossiles seront progressivement converties : celle au fioul brûlera du biocarburant et les usines mixtes charbon-bagasse remplaceront la houille par du bois.
La première à bénéficier de cette transition sera la centrale de Bois-Rouge, au nord-est de l’île. Gérée par l’énergéticien spécialiste de l’outre-mer Albioma, elle produit du courant à partir d’une ressource très locale : la bagasse.
Il s’agit d’un résidu agricole issu de la transformation de la canne à sucre. Problème : cette biomasse n’est disponible que quelques mois pendant la campagne de récolte. La ressource représente seulement 15 à 18 % de la production annuelle, le reste étant complété par du charbon importé.
À lire aussi A La Réunion, un hameau isolé alimenté par de l’hydrogène solaire
En 2021, la centrale sera réaménagée dans l’optique d’abandonner totalement le combustible fossile. Albioma souhaite en effet l’alimenter à 100 % en biomasse dès le second semestre 2023. L’usine engloutira donc des granulés de bois en dehors de la campagne sucrière. Une transition qui ne permet toutefois pas à l’île de gagner en indépendance puisque la ressource sera très majoritairement importée d’Amérique du Nord.
Le gestionnaire assure qu’il s’agira de bois certifié de « type FSC et PEFC » respectant la réglementation sur la traçabilité. À elle seule, la transformation de l’usine de Bois-Rouge va faire passer de 35 à 51 % la part des renouvelables dans le mix électrique de La Réunion. Un bond impressionnant mais logique puisque le site fournit 25 % des besoins en courant de l’île. Selon Albioma, cette transition permettra d’éviter le rejet d’environ 640.000 tonnes équivalent CO2 chaque année.
Commentaires
Il faut espérer que la Réunion ne s’arrête pas à cet effet d’annonce en 2024... biomasse et biocarburant ok c’est mieux mais parlons de vrai renouvelable !
Et pourquoi pas installer des panneaux solaires sur chaque maison etdes éoliennes sous-marin pour la production de l'énergie.
Bonjour.
D où vient de charbon utilisé à ce jour par la centrale ?
Concernant le bois, il est indiqué-640k tonnes eq CO2, est ce que ce bilan tient compte du transport par bateau entre l Amérique du Nord et La réunion ?
Toujours cette vision centralisée de la production d énergie. Pourtant le gisement solaire de l île de la Réunion est infini. Ce serait moins débile de l exploiter plutôt que faire venir des granulés de bois par bateau depuis l autre côté de la planète.
Ils y viendront quand le stockage de l'électricité sera plus rentable.
En attendant, pourquoi pas un mix solaire-biomasse?
Le calcul des 640'000 T de CO² en moins c'est parce que le bois émet moins de CO² que le charbon ou bien parce qu'ils considèrent que du bois renouvelable correspond à zéro émission de CO² ?
Le bois renouvelable est en effet neutre en CO2 a condition de venir d'une forêt "durable". Quand il est brûlé il émet le CO2 qu'il a stocké pendant sa vie. S'il n'était pas brûlé, il finirait quand même par émettre ce CO2 puisque le bois mort est décomposé par les bactéries et les champignons et que cette "digestion" lente émet autant de CO2 que la combustion rapide.