Pendant le réveillon du nouvel an, l’Allemagne accomplira un nouveau pas décisif dans sa sortie du nucléaire en déconnectant d’un coup 3 centrales du réseau, dont celle, particulièrement symbolique de Brokdorf. Des 17 réacteurs qui étaient en service en 2011, il n’en restera alors plus que 3 et ils seront également arrêtés avant la fin de 2022. Les organisations anti-nucléaires, toujours très actives outre-Rhin, ont d’ailleurs décrété que ce 31 décembre serait un « jour de fête ».
Le 15 mars 2011, quelques jours après la catastrophe de Fukushima au Japon, la chancelière allemande Angela Merkel annonçait, au cours d’une conférence de presse, la décision de son gouvernement de fermer progressivement toutes ses centrales nucléaires.
A l’époque il y avait 17 réacteurs et ils assuraient près de 20% de la production électrique du pays. Les huit plus anciens ont été arrêtés peu après l’annonce ; la fermeture définitive des neuf autres devait s’échelonner selon un calendrier, fixé par la loi, laquelle fixait la sortie complète de l’atome avant la fin de 2022.
Cette décision a suscité pas mal de scepticisme voire même de critiques. De nombreuses voix, surtout en France, prédisaient que la promesse ne pourrait jamais être tenue. Et pourtant, à un an de l’échéance, il semble bien que le pari sera tenu, sans que la sécurité d’approvisionnement n’ait jamais été mise en danger et sans augmentation des émissions de CO2 dues à la production électrique. De pays importateur d’électricité avant 2009, l’Allemagne est même, aujourd’hui, le premier exportateur européen, devant la France. Cette performance est évidemment à mettre à l’actif de la forte poussée des énergies renouvelables.
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Après les premières fermetures opérées en 2011, de nouveaux réacteurs ont été déconnectés du réseau en 2015, 2017 puis 2019, conformément au calendrier prévu. Aujourd’hui il n’en reste plus que 6, mais un nouveau cap décisif sera franchi ce 31 décembre pendant la veillée du réveillon, puisque 3 nouvelles centrales seront mises à l’arrêt avant minuit : celles de Brokdorf dans le Schleswig-Holstein, de Gundremmingen en Bavière et de Grohnde en Basse-Saxe. Il ne restera plus alors que 3 réacteurs en activité : Isar 2 en Bavière, Neckarwestheim 2 dans le Bade-Wurtemberg et Emsland en Basse-Saxe. Leur arrêt complet est bien prévu dans le courant de 2022, et la loi de sortie du nucléaire, votée en 2011 aura été strictement respectée. Un bel exemple dont feraient bien de s’inspirer les partis politiques belges qui, au nom d’une prétendue sécurité d’approvisionnement, remettent aujourd’hui en question l’échéance de 2025 fixée pour la sortie du nucléaire dans le pays, votée pourtant dès 2003, 8 ans avant l’Allemagne !
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Les premiers projets de construction sur les rives de l’Elbe, de la centrale de Brokdorf, qui sera mise à l’arrêt ce 31 décembre, a été projetée dès le début des années 1970. Mais à la suite du lancement des premiers travaux, une importante manifestation d’opposants a été organisée dès 1976 par les mouvements anti-nucléaires allemands. Elle a donné lieu à des heurts violents entre la police et les militants. Suite à une décision de justice, le chantier a été suspendu en 1977. Il a ensuite été relancé en 1981, mais les oppositions ont repris de plus belle. Le 28 février, une grande manifestation, pourtant interdite par les autorités, a rassemblé plus de 100.000 personnes. Une fois de plus, des affrontements violents ont eu lieu. Certains opposants ont lancé des engins incendiaires et la police a répondu avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau. Des hélicoptères volaient à basse altitude au-dessus de la foule. Dans les semaines qui ont suivi, les violences policières perpétrées contre les manifestants dont la grande majorité étaient pourtant pacifiques, ont donné lieu à des débats dans les médias et les milieux politiques. Aujourd’hui, cette manifestation anti-nucléaire est encore considérée comme la plus importante jamais organisée en Allemagne. Pourtant, tout cela n’a pourtant pas empêché la mise en service de la centrale, en 1986.
45 ans plus tard, son arrêt définitif fait donc figure de symbole. Les organisations anti-nucléaires, toujours très actives outre-Rhin ont d’ailleurs décrété que ce 31 décembre serait un « jour de fête ».
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« jourde défaite pour le climat » voilà ou en est l’allemagne à date :
https://revue-progressistes.org/2022/01/09/electricite-et-co2-le-graphique-saisissant-du-bilan-europeen-pour-2021/
essayez maintenant d’imaginer ce que ça va donner sans ces centrales.
C’est affreux de lire ou de regarder des « écolos », des gens qu’on pense « dans notre camp » et d’avoir l’impression d’être dans Don’t Look Up, vu qu’ être écolo, c’est pas de craindre le réchauffement climatique, mais l’explosion nucléaire, c’est être en fait dans le camp d’en face.
C’est affligeant et désespérant.
En 2021, l’Allemagne a exporté net 20,4 TWh, un peu moins qu’en 2020 (21 TWh).PowerPoint-Präsentation (bdew.de) Et sa production à base de charbon a augmenté de 26,3 TWh en 2021 par rapport à 2020.
La France a exporté net 43,2 TWh en 2020 mais est partie pour beaucoup plus en 2021 d’après les dernières données de RTE. La France reste le premier exportateur européen.
Bataille de chiffres inutiles. Les seuls qui sont intéressants c’est le résultat en GES. L’affirmation » l’Allemagne a fermé 3 centrales sans augmentation de GES », aurait pu être formulée » En fermant prématurément 3 centrales nucléaires sans GES, l’Allemagne ne diminue pas son niveau de GES, préférant favoriser le lobby économique du charbon ». Résultat dans notre environnement contraint, nous continuons à respirer l’air made Germany. Encore un choix dicté par des idées économiques ou dogmatiques passant outre les données physiques.
Je trouve toujours la béatitude écolo impressionnante. Mais elle se base beaucoup sur le présent ou le passé, mais peu sur l’avenir. Quand il va falloir transformer l’ensemble de la consommation basée sur le pétrole, le charbon et le gaz sur la seule source électrique, et fournir les centaines de TWh à tout ce monde là, en prenant les contraintes d’acceptabilité de la population (réduction nécessaire de consommation, présence d’éoliennes gigantesques à sa porte, photovoltaïque dans tous les champs), la musique ne va pas être la même… De tout temps, l’humanité n’a fait qu’empiler des sources d’énergie. Aujourd’hui, il faut… Lire plus »
Selon wikipédia:
La France est en 2020 le premier pays exportateur d’Europe, avec un solde exportateur de 43,2 TWh, et en 2019 le premier pays exportateur au monde, 17,3 % des exportations mondiales.
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/%C3%89lectricit%C3%A9_en_France
La France et l’Allemagne sont en effet les deux plus grand pays exportateurs en Europe et leur exportation sont souvent au coude à coude. Cette année, la production française est en berne à cause d’un nombre important de centrales à l’arrêt, donc l’Allemagne est sûrement passé devant la France en 2021, je pense que l’auteur de l’article à pris pour comparaison l’année 2021.
En effet, j’ai bien précisé dans l’article : « l’Allemagne est aujourd’hui, le premier exportateur européen ».
A ma connaissance il n’existe pas encore de statistique sur l’année 2021
Dites plutôt que vous n’avez pas encore vu de statistiques pour 2021, mais perso, étant chargé d’enseignement dans une université, consultant pour de grandes entreprises et travaillant comme expert dans le secteur, j’ai dans mon réseau de relations, probablement accès à plus d’informations que vous. Je ne me limite pas à Wikipédia et à Facebook. Votre propension à mettre systématiquement en doute le contenu de mes articles est quand même fort irritante …
Même en admettant que l’Allemagne dépasse la France en 2021 vous savez très bien que c’est temporaire. En 2022 tout rentrera dans l’ordre avec la retour de réacteurs français et la fermeture de réacteurs allemands.
En fait si on reguarde l’evolution à moyen terme, les exportations allemandes à la suite du moratoire en 2011 ont d’abord chuté avant de fortement recommencer à augmenter pour se stabiliser sur un plateau de l’ordre de 50 TWh par année la décennie précédente. Ces dernières années cette valeure a recommencé à diminuer avec l’arrêt des centrales nucléaires, mais je pense que cela ne sera que temporaire comme en 2011.
vous garderez comme tous ceux qui vous ressemblent surtout les chiffres qui vous arrangent comme si l’évolution du monde s’arretait à ce moment….. pour ce seul détail et à un autre moment pour un autre détail comme de citer le prix du MWh du solaire en 2000 par exemple…. En fait la réalité ne vous interesse pas vraiment, comme pour tous nucléophiles. mais si le nucléaire est si merveilleux et avait un si bel avenir, comment expliquez vous la faillite de Westinghouse, l’inventeur du modele de réacteur nucléaire les plus répendu au monde ?
https://www.liberation.fr/futurs/2017/03/29/la-faillite-de-westinghouse-symptome-d-un-nucleaire-en-plein-doute_1559171/
Ce qui manque au Enr pour qu’on puisse les comparer aux autres énergies c’est juste un moyen de stockage plus efficace que l’hydrogène et moins polluant que les batteries ? Or c’est très possible avec les moyens actuels et en toute indépendance (sans avoir besoin de terres rares) de pouvoir stocker n’importe ou dans le monde, l’énergie produite gratuitement par le soleil ou le vent , avec une perte de 5/1.Si on compare celles ci à la perte des autres énergie due au stockage, celles ci sont bien plus importantes si l’on considère les besoins en recherches, accords internationaux, mécanismes… Lire plus »
La comparaison n’implique pas quoi que ce soit. On compare en l’état avec les avantages et les inconvénients de chacun. Par exemple lorsque je compare l’électricité nucléaire avec celle du Soleil PPV, ce dernier a une valeur 3 fois plus importante en raison de sa production qui est toujours au moment où on en a le plus besoin, en journée, quand l’activité économique est au us haut alors que cette concomitance ne se produit que pendant 1/3 du temps du cycle de 24h pour le nucleaire…. Quand il produit, ce qui n’est pas le cas de 18 d’entre eux ce… Lire plus »
Pour les statistiques, il y avait eu un article cette année avec de nombreux liens pour accéder à des informations, parfois et souvent en temps réel. Je ne crois pas cependant que le fraunhofer institut était référencé, et c’est bien dommage. On y trouve très facilement que, en 2021, la France a exporté 63,4 TWh , l’Allemagne 65,6 TWh.
https://energy-charts.info/charts/import_export/chart.htm?l=en&c=DE&year=2021
Bonne année, et continuez le super boulot !
Non. En 2021, le solde annuel exportateur pour l’Allemagne est de 20,4 TWh. Voir PowerPoint-Präsentation (bdew.de) page 39. Sur energy-charts, le chiffre indiqué (65,6) n’est pas le solde exportateur mais seulement les exportations brutes.
Merci pour la correction, ca me semblait un peu bizarre en effet après la sous performance des renouvellables cette année. Donc l’auteur à quand même raison… pour la valeur brute 😉
L’explication se trouve dans le graphique dans l’article: le nucléaire est en concurrence avec le charbon et le gaz qui sont nettement moins chers dans la plupart des pays qui n’ont pas de taxe carbone.
E charbon, le gaz et le nucléaire sortent du me tonneau, celui des danaides que l’on croit inépuisable. Le réveil sera dure !!!
Je ne sais pas exactement à quel graphique vous faites référence, mais pour l’info, le prix de la tonne de CO2 en Allemagne est aujourd’hui en 2022 de 30 Euros et va passer progressivement à 55 euro la tonne en 2025. Donc si il ny a pas de reforme du coté français d’ici là, cette valeur passera au dessus du prix de la tonne de CO2 en France dans seulement 2 ans.
Si. En 2021, le solde annuel exportateur pour l’Allemagne est de 20,4 TWh. Voir PowerPoint-Präsentation (bdew.de) page 39.
C’est tout l’inverse. La France dispose de bien meilleurs résultats que l’Allemagne à tous les niveaux.
Je parlais du prix de la taxe carbone. Ca n’a rien avoir avec une quelconque « performance ». A propos performance…Ah si la France est sur un point sous performante et très en retard sur les buts qu’elle s’est elle-même fixée: suspens et roulement de tambour… le devellopement des renouvellables 😉
Il faudrait plutôt arrêter les centrales à charbon plutôt que les centrales nucléaires, non?
C’est bien ce que fait l’Allemagne. Elle arrête aussi ses centrales au charbon et le nouveau gouvernement a même accéléré le calendrier en programmant la sortie totale du charbon en 2030. Lisez donc aussi les articles dont nous avons mis les liens ….
Mais elle les solicite encore abusivement et l’année n’est pas brillante pour l’Allemagne avec son bilan carbone. L’année prochaine s’annonce encore pire.
« Elle arrête aussi ses centrales au charbon et le nouveau gouvernement a même accéléré le calendrier en programmant la sortie totale du charbon en 2030. »
mais vous n’avez pas le sentiment que c’est les centrales à charbon qui auraient du être arrétées depuis 10 ans, et le nuke en 2030 ? sommes nous les seuls à savoir qu’un réchauffement climatique planétaire est un poil moins grave qu’une centrale qui pète ?
Simultanément, ce vendredi, 3 autres block de centrales à charbon vont aussi être définitivement arreté: Neurath B, Niederaußem C et Weisweiler E.
simultanément, elle a encore installée des centrales à gaz et à charbon en … 2020
Il serait intéressant de connaître le mix énergétique de l’Allemagne aujourd’hui et une fois les 3 dernières centrales arrêtées. Notamment comment elle gère la stabilité de son réseau et avec quelles sources pilotables.
Et à terme, l’Allemagne va-t-elle être capable à court et à moyen terme de remplacer ces 65,3 TWh produits par le parc nucléaire en 2021, par de l’électricité décarbonée issue de productions renouvelables, alors que la demande doit croître rapidement par l’électrification des usages?