Un rapport analyse les causes des deux incendies soudains d’autobus électriques à Paris, survenus en 2022. Les batteries situées en toitures s’étaient brutalement embrasées, sans faire de victime. Suite à ces sinistres que les pompiers avaient eus peine à maîtriser, un bureau d’enquête national publie des recommandations.
Le Bureau d’enquêtes sur les accidents de transports terrestres (BEA-TT) a publié un rapport détaillé sur les incendies de deux bus électriques survenus les 4 et 29 avril 2022 à Paris. Ces incidents, bien que sans conséquences humaines graves, soulèvent d’importantes questions sur la sécurité des véhicules électriques et leur réglementation.
Le contexte des incidents
Les deux incendies ont impliqué des Bluebus 12m-IT3 équipés de batteries lithium-métal-polymère (LMP) de 63 kilowattheures (kWh). Le premier s’est déclenché en pleine circulation à Maubert-Mutualité, dont une des batteries en feu est tombée du toit, tandis que le second s’est produit à l’arrêt bibliothèque François Mitterrand, avec plusieurs explosions. Dans les deux cas, l’embrasement a été d’une surprenante rapidité, atteignant des températures suffisamment élevées pour faire fondre les toits des véhicules et projeter du métal en fusion. Les enquêtes attribuent ces feux à un court-circuit intercellulaire provoquant un emballement thermique au sein des batteries, un défaut lié au processus de fabrication dans une usine canadienne de BlueSolutions.
Les interventions des secours ont mis en évidence, selon les conclusions du rapport, une « difficulté majeure, à savoir qu’il est quasiment impossible d’éteindre rapidement et complètement » les incendies impliquant des batteries à électrolyte solide, et ce, malgré des délais d’intervention rapides. Ces feux, accompagnés d’émanations toxiques et de projections dangereuses, posent des risques considérables pour les passagers, les intervenants et l’environnement.
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Le rapport identifie plusieurs axes d’amélioration et émet des recommandations à l’intention des constructeurs et des autorités :
➡️ Renforcement des alarmes : Bluebus est invité à anticiper l’application des amendements au règlement ONU n° 100 en abaissant les seuils de détection des défaillances dans les systèmes de gestion des batteries.
➡️ Révision des normes internationales : la DGEC doit engager des discussions avec l’ONU pour adapter les essais de résistance au feu à toutes les technologies de batteries.
➡️ Amélioration des matériaux : Bluebus doit renforcer la protection thermique des toits et limiter les projections de métal en fusion pour sécuriser les évacuations.
➡️ Enregistrement des données : les constructeurs sont encouragés à stocker les données des véhicules pour faciliter l’analyse des incidents.
➡️Recherche incendie : la DGSCGC doit coordonner une réflexion nationale pour améliorer les moyens de lutte contre les incendies de véhicules innovants.
L’un des points saillants du rapport est la nécessité d’élargir le règlement européen eCall à toutes les catégories de véhicules motorisés. Ce dispositif, qui informe les secours du type de propulsion en cas d’accident, est jugé essentiel pour une intervention rapide et adaptée.
Alors que les transports en commun se tournent massivement vers des technologies électriques pour réduire leur empreinte carbone, ces incidents soulignent l’importance de ne pas négliger la sécurité. En intégrant ces recommandations, Bluebus et les autorités auront l’opportunité de renforcer la confiance du public dans les nouvelles mobilités.