Il s’agirait d’un des plus grands essais de feu de batteries, d’après Sungrow. Le 23 mai 2024, dans un laboratoire indépendant situé à Puyang, en Chine, un feu a été intentionnellement allumé dans un de ses systèmes « PowerTitan ». L’objectif était de démontrer la sécurité effective de la batterie.

Le PowerTitan est une batterie de 2 752 kWh, intégrée dans un module dont la géométrie est celle d’un conteneur maritime de 20 pieds. Outre les facilités de transport, cette architecture modulaire permet d’assembler des ensembles de bien plus grande capacité, et ce très rapidement – le fabricant annonce une durée de mise en service de l’ordre de 8 heures. Mais cet avantage d’une conception modulaire ne doit pas pour autant augmenter le risque d’une perte totale de la batterie. Et c’est bien ce qui a été testé.

L’essai a en effet été réalisé avec un ensemble de 4 modules, pour une capacité totale de 10 000 kWh. C’est un scénario possible qui a été mis en œuvre : un module a été incendié, sans aucune mesure externe de contrôle de l’incendie, et c’est la résistance des trois modules voisins qui a été vérifiée.

Prévenir les risques de propagation d’un incendie

Les batteries lithium-ion sont sujettes à un phénomène appelé « emballement thermique » (« thermal runaway » en anglais) : du fait d’un accroissement de la température, des réactions chimiques peuvent se produire dans le système. Ces réactions produisent elles-mêmes de la chaleur, ce qui peut conduire, par une réaction en chaîne, à une destruction de l’ensemble de la batterie. Et des batteries voisines si le phénomène se propage, conduisant alors à la destruction de l’ensemble du système modulaire.

C’est un mode de défaillance pour le moins catastrophique, surtout dans un contexte où les grands systèmes de batterie (auxquels sont destinés les dispositifs de la taille du PowerTitan) dépassent aujourd’hui le gigawattheure. Parmi ces gigabatteries, celle de Moss Landing, en Californie, d’une capacité de 3 GWh, avait justement été l’objet d’un accident de surchauffe en septembre 2021, qui avait conduit à l’arrêt d’un bloc de batterie pendant près d’un an, jusqu’en juillet 2022.

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Et c’est une réussite pour l’essai de Sungrow

Au cours de l’essai de Sungrow, les batteries voisines ont bien résisté à l’incendie, d’après le communiqué de presse de Sungrow. L’essai a donc permis de démontrer la robustesse des modules de Sungrow vis-à-vis de ce type de propagation catastrophique. Et cette sécurité passe par un système spécifique : un système de panneaux « anti-explosion » mobiles, qui permettent d’évacuer le feu vers le haut et d’éviter qu’il ne se propage aux équipements adjacents. Aucune image détaillée de la batterie concernée par le test n’a toutefois été dévoilée.

« Trop souvent, les sceptiques des énergies renouvelables soulèvent des problèmes de sécurité incendie, même si les batteries sont majoritairement sûres. Ces critiques ralentissent l’adoption de ces technologies », indique ainsi Bryce Laber, responsable de l’ingénierie des batteries chez Sungrow. « À ce stade, nous sommes le seul fournisseur de systèmes de stockage d’énergie à avoir effectué un test avec une machine complète de 10 MWh et à l’avoir réussi, avec une transparence et des innovations sans précédent dans l’industrie. »

À noter qu’il semble exister une compétition non-officielle entre les fabricants de batteries, à celui qui réalisera le plus grand essai incendie pour démontrer la sécurité de son produit. Difficile de vérifier si l’essai de Sungrow est effectivement le plus grand. Sungrow reste toutefois affirmatif sur le fait qu’il s’agit d’un des plus grands et des plus transparents : l’essai a en effet impliqué une assistance à distance de l’essai, diffusé notamment auprès des experts sécurité de ses clients. Si une compétition amène à une plus grande sécurité, pourquoi pas ?

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