La centrale nucléaire de Zion dans l'Illinois, avant/après / Images : NRC.
Un ambitieux programme de démantèlement d’une centrale nucléaire vient de s’achever aux États-Unis. Les propriétaires des lieux peuvent désormais utiliser le site, entièrement restitué dans son état initial, « sans restrictions ». Nouvelle usine, champs, logements, zone commerciale ? Qu’en feront-ils ?
Lorsqu’une centrale nucléaire arrive en fin de vie, il est essentiel de la démanteler dans les règles de l’art. En France, c’est à l’exploitant que revient cette lourde et coûteuse tâche. La Commission américaine de réglementation nucléaire (NRC) a, quant à elle, validé un autre principe. Les électriciens peuvent confier leurs réacteurs nucléaires à des entreprises qui se sont spécialisées dans le démantèlement de telles installations.
La centrale nucléaire de Zion démantelée par un spécialiste
L’électricien Commonwealth Edison a été le premier à se lancer dans l’aventure. Il opérait les deux réacteurs nucléaires de la centrale de Zion. Des réacteurs à eau pressurisée d’une puissance de 1 040 MWe chacun, implantés sur les rives du lac Michigan (Illinois, États-Unis) depuis 1973. Mais à la fin des années 1990, suite à une importante défaillance technique, Commonwealth Edison a estimé qu’il était devenu plus intéressant, financièrement parlant, de fermer cette centrale et de procéder à son démantèlement. En 2010, il a transféré la tâche à Zion Solutions, une filiale de la société d’élimination de déchets radioactifs Energy Solutions. Objectif : déconstruire le site en 10 ans seulement grâce aux 800 millions de dollars collectés à cet effet auprès des contribuables américains.
Quelques critiques se sont élevées. Des inquiétudes, notamment quant à l’utilisation des fonds de démantèlement. Parce que Energy Solutions a obtenu le droit de ne rendre compte à la Commission américaine de réglementation nucléaire que de l’état du fonds et non de la manière dont l’argent a été dépensé. Tant que le site était déclassé en toute sécurité. Ce qui a été le cas.
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En 2019, le démantèlement était achevé. Restait à procéder au déclassement. C’est au cours de ce processus qu’une contamination radioactive a été découverte sur le site de l’ancienne centrale nucléaire de Zion. Des mesures correctives ont été prises. Et il y a quelques jours finalement, la Commission américaine de réglementation nucléaire a annoncé que Zion Solutions avait fourni une « assurance raisonnable » que la radioactivité résiduelle sur le site répondait aux normes de radioprotection de l’agence. Comprenez que tout rayonnement résiduel y est inférieur aux limites établies par la NRC et qu’il ne nécessite aucun autre contrôle réglementaire.
La NRC a ainsi autorisé « une utilisation sans restriction » de la majeure partie de la zone. Seule une installation de stockage du combustible irradié — environ 2 hectares du site — restera sous licence et sous la surveillance de la NRC. C’est Constellation Energy qui sera le responsable de la sécurité et de la protection de ce combustible usé. Jusqu’à ce qu’une installation de stockage hors site ou un site d’élimination permanent soit disponible.
Reste à savoir ce que Constellation Energy fera du site dont le démantèlement et le déclassement en à peine plus de 10 ans auront finalement coûté un milliard de dollars. En théorie, tout peut être envisagé à cet emplacement : logements, nouveau site industriel, commerces, parc, zone réensauvagée… Il y a quelques semaines, nous nous étions justement posé la question de ce que qui pouvait être construit sur une ancienne centrale nucléaire.
Commentaires
Je propose la construction d'une nouvelle centrale nucléaire, puisque les lignes tht sont déjà là.
@Karim : pour votre information, les américains sont sortis de fait du nucléaire (en terme de nouvelles centrales). Du fait de leur pragmatisme économique, il n'y a en effet plus de projet de centrale classique. Quant au SMR NuScale, il vient de tomber à l'eau du fait du coût prohibitif des SMR, comme prévu.
@nathaliemayer : comme vous le précisez entre les lignes, il ne reste "que" 2ha, qui correspond au stockage des déchets sur place, puisque les américains sont, comme partout dans le monde, sans solution pour ceux-ci (arrêt de l'entreprosage sur le site du Nevada depuis un début d'incendie). Rien ne sert donc d'entretenir le mythe du retour à l'herbe : on pourra dans le meilleur des cas déplacer les éléments problématiques, mais pas mieux. La norme, qui deviendra très probablement celle appliquée en France, est plutôt de s'acheminer vers des brownfields, c'est à dire des zones d'exclusion accueillant les déchets et interdites à la construction sensible (écoles, hôpitaux...), comme par exemple pour la centrale de Maine Yankee, dont le démantèlement a servi de coût de référence pour chiffrer celui de des centrales françaises.
Il est vrai que le nucléaire est cher et que les ricains préfèrent le gaz de schiste.