Illustration : Pixabay, Wikimedia, modifiée par Révolution Énergétique.
La facture d’électricité augmentera bien au 1ᵉʳ février 2024 pour les ménages et les petites entreprises qui ont souscrit un tarif de vente réglementé(TRV), avec une hausse de +8,6 % pour l’option base, et de +9,8 % pour l’option heures pleines/heures creuses. Pour motiver ces augmentations, le ministre de l’Économie Bruno Le Marie a notamment évoqué le conflit en Ukraine, mais est-il vraiment impliqué ?
Le ministre de l’Économie avait bien prévenu, en début d’année, que la hausse des prix de l’électricité ne dépasserait pas 10 % au 1 février 2024, en ajoutant « savoir tenir parole ». Finalement, Bruno Le Maire a consenti à une augmentation légèrement revue à la baisse, de 9,8 % pour l’option heures pleines/heures creuses et 8,6 % pour l’option base (au lieu de 10 %). Une augmentation qu’il considère « difficile, mais nécessaire pour garantir notre capacité d’investissement dans de nouvelles solutions de production électrique ». Le message est clair : la hausse est purement fiscale, par le rétablissement de la TICFE à son taux d’origine, sans rapport avec le marché de l’électricité resté stable en 2023.
Il aurait eu beau rôle de nous expliquer qu’avec les hausses de 2023, les Français ont déjà grandement assuré la sortie du « quoiqu’il en coûte » et du bouclier tarifaire. Surtout que le patron de Bercy s’est voulu rassurant, en spécifiant que pour un ménage en maison individuelle qui se chauffe à l’électricité avec 2 enfants, la hausse sera en moyenne de 18 € par mois. Fin stratège, car cela n’est vrai que si l’on compare le prix entre le 1ᵉʳ aout 2023 et le 1 février 2024. Si l’on étend la comparaison entre le 1 février 2023 et le 1 février 2024, soit un an tout pile, pour une consommation de 10 000 kWh (moyenne d’un pavillon en tout électrique), on passe d’une facture de 1 887 à 2 490 €/an, soit +50 € par mois.
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On aurait pu en rester là. Et pourtant, lors de questions sur les élections européennes et la percée du Rassemblement national dans les sondages, Bruno Le Maire n’a pu s’empêcher d’ajouter un raccourci surprenant sur le prix de l’électricité. « Si les prix de l’électricité ont flambé, c’est parce que Vladimir Poutine, l’ami de Marine Le Pen, a attaqué l’Ukraine ». L’invasion de l’Ukraine en 2022, n’est effectivement pas sans impact sur le prix des énergies, notamment sur les cours du gaz, sur lequel est indexé le prix de l’électricité. C’est toutefois réducteur dans l’analyse, sans tenir compte de la situation catastrophique en France en 2022, lié aux nombreux réacteurs nucléaires à l’arrêt pour maintenance et déboires de corrosion.
Si les prix ont baissé en 2023, c’est que la production nucléaire française a repris des couleurs, associé à des importations de gaz liquéfié (GNL) massives, et un climat extrêmement doux. On a produit davantage en 2023 et les marchés craignent nettement moins les coupures. Pourtant, la guerre en Ukraine se poursuit et l’issue semble tout aussi incertaine. Une phrase bien hasardeuse, qui aura du mal à consoler les Français d’une hausse particulièrement brutale de +39 % sur 2 ans.
Commentaires
« Si les prix de l’électricité ont flambé, c’est parce que Vladimir Poutine, l’ami de Marine Le Pen, a attaqué l’Ukraine »
Quand l'inconséquence des politicards se heurte aux limites de la réalité !
Déjà si on avait prévu de faire du stockage avec les enr, pourrait-on encore affirmer qu'elles sont intermittentes ? Pourrait-on dire aussi qu'elles ont un mauvais rendement ?
https://www.youtube.com/watch?v=cOWjwwKSR78
Quelles qu'en soient les raisons, cette hausse n'est pas très intelligente. Une conséquence pratique est que le coût de la recharge VE, largement opérée à domicile, va nettement augmenter (jusqu'à 24% pour certains clients des heures "creuses" sur qui l'on comptait pour lisser les pics dus à l'électrification). Et alors même que le prix des charges rapides (pour les Tesla) est peu pénalisé. C'est tout benef pour la filière "bornes", mais pour le commun des mortels....Le gouvernement estime que c'est un "retour à la normale". Mais s'agissant du gaz, il n'y a pas eu de suppression de l'accise depuis 2022, mais cela n'a pas empêché de la doubler en début d'année! Alors, qu'est-ce qui est normal? Cela prouve que le gouvernement tient absolument à ses taxes annexes qui alimenteront toujours plus le budget de l’État, et ce d'autant plus que les français feront des économies. Cette pratique d'une énergie chère condamne toutes les filières innovantes (à commencer par l'hydrogène). Accessoirement, il faudrait que l'état cesse aussi de manipuler les prix, puisqu'on réclame aussi des français qu'ils soient assez malins pour négocier leur contrat individuellement, dans un contexte d'opacité et d'asymétrie d'informations qui ne leur permet pas d'en tirer partie. Il ne faut pas s'étonner que les euros perdus par les très nombreux perdants se retrouvent dans les poches de quelques parasites bien informés.
Et au fait Bruno, l'économie russe que tu devais mettre à genou c'en est où ?
Ce ne serait pas plutôt la notre que tu mets à genou ?
Dans le détail, le rapport des douanes note « une hausse inédite » du montant des approvisionnements en gaz, passant de 11 milliards d’euros en 2019 à 52 milliards en 2022.
Pour les petites communes, la hausse de 2022 a été de +100%; à +39% en 2 ans, on n'a pas rattrapé la hausse que l'on aurait du subir, et pour cause la TICFE à laquelle on était soumis n'est pas complètement rétablie.
N'oublions pas que la CSPE (devenu TICFE) a permis au photovoltaïque d'exister dès 2006, alors si ici on veut soutenir les ENR, ce serait bien de ne pas remettre en cause les dispositifs de soutient.
L'Allemagne a dépensé plus de 500 Milliards € dans les ENR et leurs centrales à charbon tournent à plein régime. ils on même rasé un village pour ouvrir de nouvelles mines de charbon.
Ils sont même obligés de pactiser avec Putine pour avoir du gaz.
Quand on voit ça, je ne suis pas vraiment satisfait de payer des taxes pour développer plus d'ENR.
Avant la guerre en Ukraine (2021), nos réacteurs nucléaires tournaient à plein. Et le prix du gaz était abordable. La prix du KWh TTC était 0,193 €.
Pendant le début de la guerre en Ukraine, nous avons coupé plusieurs réacteurs pour réparation et le prix du gaz s'est envolé.
Aujourd'hui, nos réacteurs nucléaires tournent à nouveau (presque) à plein et le prix du gaz vient de retomber à 30€/MWh. Nous sommes à nouveau exportateur net d'électricité.
Or le prix du KWh TTC d'électricité va grimper à 0,296, pour se situer légèrement au-dessus de la moyenne des grands pays européens (0,279).
Donc, pour synthétiser, nous sommes revenus aux conditions structurelles d'il y a 3 ans, mais malgré cela , le prix de notre électricité est environ +53%.
Il y en a qui s'en mettent plein les poches, et notre Ministre de l’Économie est un très gros menteur.
Jadis notre électricité moins chère était un atout compétitif de notre pays face au rouleau compresseur industriel allemand. Désormais, en nous mettant dans la moyenne, nous perdons volontairement cette compétitivité. C'est sans doute ce qu'on peut appeler s'occuper "positivement" de son pays...
Effectivement, y'a un truc que je comprends pas : si on regarde dans ECO2MIX le prix d'echange interpays aujourd'hui, la RFA qui a du gaz et du lignite en quantité pour faire de l'électricité a un prix de transfert inférieur à celui de la France qui brûle zéro charbon et peu de gaz ... donc quand on nous dit que prix du kWh est fortement dépendant de celui du gaz ... on ne comprend pas