Koen Vandewalle et sa famille habitent dans une gigantesque serre totalement autonome en énergie et en eau. A l’intérieur, c’est le printemps toute l’année. Un concept né en Suède, qui se développe dans d’autres pays, aux Pays-Bas, et désormais en Belgique.
Le petit village de Rekkem somnole aux confins de la plaine flamande, à deux pas de la frontière française. C’est là, au milieu des champs, que nous découvrons cette étrange habitation bioclimatique : une serre géante de 360 m² dans laquelle trône une maison à ossature bois.
« Nous avons utilisé uniquement des matériaux de construction bio-écologiques recyclables ou locaux » nous confie Koen Vandewalle. Il s’agit de plaques de bois ou de plâtre et de béton cellulaire. Les escaliers sont en acajou et l’isolation est constituée de cellulose et de laine de bois.
Koen est architecte et a conçu ce projet pour y vivre avec sa compagne Samia et leurs 5 enfants. Cette maison-serre est composée en quelque sorte d’une « double peau ». La serre en verre crée un microclimat autour de l’espace d’habitation dans lequel se trouve aussi les bureaux de Koen et de Samia.
« La spécificité de notre maison c’est qu’elle est autonome en eau et en énergie » se réjouit Koen Vandewalle. « Elle s’inscrit totalement et durablement dans le style de vie que nous souhaitons : nous ne voulons plus dépendre des réseaux d’eau, de gaz et d’électricité ».
Koen et sa famille n’utilisent que l’eau de pluie collectée par le toit de la serre. Elle est filtrée puis stockée dans un puits. Les eaux usées finissent dans une fosse septique, d’où elles sont pompées vers une zone de percolation contenant des roseaux et d’autres plantes qui les purifient. L’eau assainie s’écoule ensuite dans le cours d’eau adjacent.
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Un « effet de serre » bienfaisant
Lorsque les rayons du soleil pénètrent dans la serre, l’air se réchauffe rapidement. Même lorsqu’il gèle dehors, la température, à l’intérieur, peut grimper à 15, voire 20°C. « Chez nous c’est le printemps toute l’année » s’exclame Koen, tout heureux. Il ne faut pas beaucoup d’énergie pour maintenir la maison à bonne température. Celle-ci reste constante grâce aux matériaux délibérément choisis pour la construction. L’électricité produite par les 72 panneaux solaires disposés sur le toit de la serre est principalement utilisée pour la production d’eau chaude sanitaire, l’éclairage et les appareils électriques. « On fait tourner la lessiveuse pendant le temps de midi, c’est à ce moment qu’on a le plus d’énergie solaire » explique Samia. Une petite éolienne située dans le jardin vient quand même en support de l’installation photovoltaïque, principalement pour la nuit. « Au début du projet, nous nous sommes raccordés aux réseaux d’énergie jusqu’à ce que nous ayons une vision suffisamment claire et précise de la consommation électrique de l’habitation. Ensuite nous avons pu calculer correctement la capacité de stockage d’électricité dont nous avions besoin. L’objectif est de se déconnecter progressivement de tous les réseaux », dit encore Koen Vandewalle. Ce stockage est assuré par cinq batteries à « eau salée » comme les appelle Koen. En fait ce sont sans doute des batteries sodium-ion.
Par temps chaud, la température dans la serre reste sous contrôle grâce à un ingénieux système de climatisation naturelle. S’il fait plus de 25°C à l’intérieur, des fenêtres s’ouvrent automatiquement dans le toit. Cela provoque un tirage naturel et permet à l’air frais provenant d’un puits provençal de circuler dans la serre et de rafraîchir l’atmosphère. Il y a aussi quatre grandes portes coulissantes installées aux quatre points cardinaux. Et s’il fait quand même un peu trop chaud dans la maison, cela n’inquiète pas la famille : dans ce cas elle vivra dehors.
Construction durable et bioclimatique
Le toit de la serre, en verre feuilleté, ne craint ni la pluie, ni la grêle ; il est aussi costaud que le parebrise d’une voiture. A l’intérieur de la maison, un escalier descend à trois mètres sous terre. C’est là que se trouvent les six chambres de l’habitation. Pourquoi les enterrer ainsi ? Tout simplement parce qu’en été le sous-sol est plus frais que l’air ambiant et qu’en hiver c’est l’inverse. Dans ces chambres règne une température constante de 19°C, c’est le principe des habitations bioclimatiques.
Du vaste séjour on accède par un escalier aux bureaux situés à l’étage. Des fenêtres percent les murs ouest et nord et ouvrent la vue vers les champs alentours. Notre architecte s’est évidemment gardé d’abattre les arbres majestueux qu’on aperçoit aux alentours de la serre : en été ils lui procurent de l’ombre, et en hiver, ils servent de coupe-vent.
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A l’intérieur de la serre, tout autour de la maison, un jardin potager de 120 m² offre à la famille la joie de s’adonner à la culture des légumes, des fruits et des plantes aromatiques. Et dans quelques temps des chèvres et moutons devraient paisiblement brouter dans la partie sud du jardin extérieur.
Un concept né en Suède
L’idée de la maison serre aurait germé pour la première fois dans le cerveau de l’architecte suédois Bengt Warne. C’était dans les années 1980. Mais, probablement trop avant-gardiste et coûteux, le concept est, à l’époque, resté à l’état de projet. Ce n’est que depuis quelques années qu’il a été mis en pratique et que des maisons serres se sont construites dans les banlieues de Stockholm et de Göteborg. On pourrait aussi en voir quelques-unes aux Pays-Bas, et désormais, donc, en Belgique. A notre connaissance, il n’y en a pas encore en France.
Si cette conception d’un habitat écologique vous intéresse, sachez que, selon Koen Vandewalle, son coût est de 30 à 35 % plus élevé qu’une maison classique. Mais, « en dix ou douze ans, on s’y retrouve grâce aux économies d’énergie et d’eau ». Le souci, ce sont les épisodes de sécheresse, plus longs qu’avant et qui pourraient se multiplier. Un problème pour l’approvisionnement en eau de pluie de la famille et auquel elle n’a pas encore trouvé de solution satisfaisante.
Alors vivre dans une telle maison, cela vous tente ? N’hésitez pas à nous donner votre avis dans les commentaires ci-dessous ou sur notre forum.
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Commentaires
Je la trouve fabuleuse ! Merci pour votre article
Bonjour, je suis intéressée pour votre maison serre. Serait-il possible d’en Faire construire une au Canada?
Bien sûr !
Bonjour, je suis intéressée à avoir plus d'informations est-ce possible de communiquer ensemble ...
merci
Très beau projet, évidemment élitiste car représentant un coût du m² habitable très élevé avec une emprise foncière abondante. Pas du tout une solution pour zones "urbaines" ou pauvres. On peut en faire des choses écolo lorsqu'on habite à la campagne. Mais il faut des moyens financiers. Moyens dont disposent le plus souvent les urbains!
Autant récupérer l'eau de pluie est une idée intéressante, autant produire de l'électricité PV et éolienne me paraît naturel, autant il me paraît stupide et antiécolo (oui oui) de vouloir se déconnecter du réseau électrique (lorsqu'il préexiste à proximité ce qui est le cas ici) pour des raisons "idéologiques". La mutualisation des demandes et offres d'énergie est la base d'un réseau stable et à coût raisonnable. Vouloir être autonome lorsqu'on n'habite pas sur la lune implique des besoins en ressources supplémentaires (batteries, chargeurs) dont on peut se passer en réinjectant simplement dans le réseau, lequel constitue une sorte d'énorme "batterie" virtuelle.
Tout dépend si la collectivité développe une société d'économie mixte pour un écohabitat partagé intergénérationnel. C'est écologique, car plus dépendant d'un réseau totalitaire et donc projet de partage et égalitaire.
évidemment, c'est une première, il y aura toujours des risques
Probablement super pendant les 3 saisons "froides".
Je serais par contre intéressé de savoir comme ça se passe dans une serre quand il fait plein soleil et 40° dehors. Naturellement, il doit y faire 70 ou 80° ??? Même si le puits provençal peut aider, on doit inévitablement être plus chaud que dehors, le puits ne pouvant compenser la puissance du soleil à mon avis.
Il doit pouvoir ouvrir en grand le toit de la serre et sans doute des panneaux latéraux. Ainsi la serre serait tellement ouverte qu"elle n'en est plus une!
Ce projet très coûteux n'a de sens que dans une région où l'eau et l'électricité sont chères, mais où l'on dispose de pluies abondantes à récupérer ainsi que de soleil et de vent assez souvent pour ne pas trop se ruiner dans la taille de la batterie. Faut aussi voir l'énergie grise de la batterie vs. un raccordement réseau à flux bidirectionnel.