Illustration : Révolution Énergétique.
La France peut compter sur un réseau électrique de qualité. Avec ses 1,43 million de kilomètres de lignes exploitées, il s’agit d’un des plus grands réseaux d’Europe. Mais de quels moyens de production dispose réellement le pays et dans quelles proportions ? Sur quoi l’essentiel de notre capacité électrique nationale repose-t-elle ? On fait le point sur le mix électrique en France.
La puissance installée du parc de production électrique en France
Du nucléaire aux énergies fossiles en passant par les énergies renouvelables, la France peut compter sur une grande variété de moyens de production sur son territoire. Selon RTE, le gestionnaire du réseau haute tension national (hors Corse et DROM-COM, qui possèdent leurs propres réseaux électriques), au 31/12/2021, la puissance installée sur le territoire était de 139,1 GW (+2 % par rapport à 2020). Elle était répartie de la façon suivante :
• Nucléaire : 61,4 GW
• Hydroélectricité : 25,7 GW
• Éolien : 18,8 GW
• Photovoltaïque : 13,1 GW
• Thermique renouvelable et déchets : 2,2 GW
• Thermique fossile : 17,9 GW (dont gaz : 12,8 GW, fioul : 3,3 GW et charbon : 1,8 GW pour le charbon).
Les énergies renouvelables (hydraulique, éolien, solaire, thermique renouvelable et déchets) représentent à elles seules 59,8 GW. Cela reste tout de même inférieur au parc nucléaire installé qui prédomine très largement dans notre mix électrique national. C’est d’ailleurs une caractéristique unique au monde. Aucun autre État n’a autant misé sur le nucléaire comme nous l’avons fait.
Toutefois, il s’agit ici de la puissance installée du parc : cette notion désigne uniquement la puissance maximale que peut générer une filière si elle fonctionne à plein régime. La puissance installée ne témoignage pas de la production, qui varie en fonction d’un grand nombre de paramètres comme l’intensité du vent pour l’éolien, l’ensoleillement pour le photovoltaïque, les précipitations pour l’hydroélectricité, le prix des énergies, les opérations de maintenance et besoins du réseau pour toutes les filières.
Évolution de la puissance installée de l’éolien et du solaire en France.
La production et la consommation d’électricité en France
Selon le bilan annuel publié par RTE, la production totale d’électricité a été de 522,9 TWh en 2021. Cette production a été répartie comme suit entre les différentes filières :
• Centrales nucléaires : 360,7 TWh (en augmentation de +7,5 % par rapport à 2020).
• Centrales hydroélectriques : 62,5 TWh (-4,6 % par rapport à 2020).
• Centrales thermiques fossiles : 38,6 TWh (+2,7 % par rapport à 2020), dont gaz : 32,9 TWh, charbon : 3,8 TWh et fioul : 1,9 TWh.
• Éoliennes : 36,8 TWh (- 7,3 % par rapport à 2020).
• Photovoltaïque : 14,3 TWh (+12,6 % par rapport à 2020).
• Centrales thermiques renouvelables et déchets : 10 TWh (+3,1 % par rapport à 2020).
Origine de la production électrique et répartition de la consommation d’électricité par secteurs, en France en 2021.
Si la production éolienne était en baisse en 2021, on voit que le développement des énergies renouvelables est porté par le solaire qui a fait un bon de 12,6 % de sa production en un an. Toutefois, le mix électrique français reste grandement dominé par le nucléaire, qui représente 69,5 % de la production totale.
La consommation d’électricité s’est élevée à 468 TWh sur l’année, après correction des effets climatiques et calendaires (472 TWh bruts). Elle est en hausse de +1,7 % par rapport à l’année 2020, ce qui n’est pas étonnant au vu de la crise sanitaire qui s’est déroulée en 2020. La consommation en 2021 est d’ailleurs en baisse par rapport à son niveau d’avant-crise (-1,8 % par rapport à 2019).
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Dans son bilan électrique pour 2021, RTE évoque également les pertes électriques du réseau. « Les pertes électriques sont principalement dues à l’énergie dissipée, sous forme de chaleur, par effet Joule lors du transport de l’électricité à travers les câbles aériens et les liaisons souterraines » explique le gestionnaire. Une part importante de l’électrique produite par nos centrales est donc fatalement perdue.
En 2021, le taux de pertes sur le réseau de transport était de 2,28%, soit 11,2 TWh. Il est équivalent à celui observé l’année précédente (2,31%). Sur le réseau de distribution final (Enedis), il s’élevait à 6 %. Ces pertes inéluctables doivent être compensées par l’achat d’électricité en quantité équivalente.
L’intensité carbone de l’électricité en France
L’intensité carbone de la production électrique française s’est élevée à 36 g CO2/kWh en 2021 (contre 34 g/kWh en 2020) selon RTE. Attention toutefois, le gestionnaire du réseau considère que les filières nucléaires et renouvelables (éolien, solaire, hydraulique et biomasse) n’émettent pas le moindre gramme de CO2. En effet, il comptabilise uniquement les émissions à l’utilisation et non celles sur l’ensemble du cycle de vie (ACV). Seuls les rejets « à la cheminée » des filières thermiques fossiles et déchets ménagers influent donc cette valeur.
Il s’agit malgré tout d’un excellent résultat sur la scène européenne et même mondiale, en comparaison, par exemple, des 216 g CO2/kWh de l’Allemagne. Cela s’explique par la forte présence du nucléaire dans le mix électrique national, qui est un moyen de production bas-carbone.
S’agissant de la consommation, des évolutions sont indispensables pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. D’abord, cela passe par une baisse de 40% de la consommation finale d’énergie d’ici cette date. Pour cela, l’efficacité énergétique sera un outil incontournable. Ensuite, un mouvement en faveur de l’électrification de plusieurs secteurs (industrie, transports, bâtiments) devrait également permettre d’atteindre la neutralité carbone.
Évolution et origine des émissions de CO2e de la production électrique française.
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Le réseau électrique français faisant partie du vaste réseau européen, les interconnexions sont aussi cruciales que les moyens de production. En effet, de nombreuses lignes électriques relient la France à ses voisins, afin d’échanger de l’électricité en fonction des besoins, mieux intégrer les énergies renouvelables, augmenter la sécurité et stabilité d’approvisionnement aussi bien à l’échelle nationale que continentale.
Ainsi, la France est reliée à l’Angleterre, la Suisse, la Belgique, l’Allemagne, le Luxembourg, l’Italie et l’Espagne. Des projets de nouvelles interconnexions sont en cours, avec l’Irlande et l’Espagne notamment, le but étant de passer d’environ 15 GW actuellement à 30 GW en 2035. S’agissant des flux échangés entre les pays, le solde reste largement exportateur pour la France en 2021. 87,1 TWh ont été exportés vers des pays tiers sur l’année, et 44 TWh ont été importés.
La répartition par pays des imports et exports d’électricité en France en 2021.
D’ailleurs, en 2021, la France a été le pays qui a le plus exporté en Europe. En effet, la France peut se prévaloir d’une énergie à faible coût, principalement issue de ses centrales nucléaires. À l’inverse, nombreux sont ses voisins très dépendants du gaz dans leur mix électrique. Ils ont donc été obligés d’importer de l’électricité au regard de la flambée du prix du gaz.
Toutefois, même si le bilan des échanges est plutôt positif pour la France sur l’année, il est important de regarder en détail ce qu’il s’est passé au dernier trimestre 2021. En effet, la France a malgré tout eu un solde journalier importateur pendant 78 jours, ce qui est 35 jours de plus qu’en 2020.
C’est la première fois depuis l’hiver 2016/2017 que le solde a été importateur en novembre et décembre (avec respectivement 23 et 25 jours d’importation). Il faudra donc être attentif à l’avenir pour voir si cette tendance se confirme.
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En pleine transition énergétique, la question du futur mix électrique français se pose. En effet, l’hexagone peut compter sur son parc nucléaire pour produire une électricité décarbonée. Mais ce parc est vieillissant et la puissance nucléaire installée devra inéluctablement diminuer ces prochaines décennies, selon RTE.
Son renouvellement complet n’ayant pas été anticipé, d’autres moyens de production devront compenser la réduction de la part de l’atome dans notre mix, tout en évitant l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre et l’accroissement de la demande en électricité due à la décarbonation.
À lire aussi Où seront situés les six nouveaux réacteurs nucléaires en France ?À ce titre, le Président de la république a donné la direction que la France prendra dans les années à venir, au cours de son discours de Belfort prononcé en février 2022. Il s’agira d’abord de redynamiser la filière du nucléaire, en envisageant la possibilité de prolonger la durée de vie des réacteurs en place. Il est également question de construire six nouveaux EPR2 et d’étudier la possibilité d’en fabriquer huit autres.
En même temps, il s’agira de soutenir le développement des énergies renouvelables telles que le solaire et l’éolien. Les moyens de stockage de grande ampleur restent, pour le moment, les grands oubliés de la transition énergétique.
Commentaires
"En même temps, il s’agira de soutenir le développement des énergies renouvelables telles que le solaire et l’éolien. Les moyens de stockage de grande ampleur restent, pour le moment, les grands oubliés de la transition énergétique."
C'est pourtant pas faute de répéter qu'il est possible de stocker rapidement n'importe quelle quantité d'énergie électrique, pourvu qu'on y mette les moyens !
Ce qui permettrait à terme de faire des économies en supprimant le gaz, le pétrole et le charbon, qu'on achète, et donc qui pèsent dans notre balance commerciale.
N'y a-t-il pas une contradiction, "s'agissant de la consommation", à viser "une baisse de 40% de la consommation finale d’énergie d’ici cette date"[2050] (même avec "l’efficacité énergétique [qui] sera un outil incontournable") et "un mouvement en faveur de l’électrification de plusieurs secteurs"? dont "les transports" (les voitures électriques notamment). Celle-ci peut être en bonne partie résolue par l'utilisation de l'hydrogène, déjà le bleu et bientôt le blanc ( le vert :?), d'autant qu'il permet le stockage,justement rappelé à la fin de l'article.
« Les énergies renouvelables (hydraulique, éolien, solaire, thermique renouvelable et déchets) représentent à elles seules 59,8 GW. Cela reste tout de même inférieur au parc nucléaire installé qui prédomine très largement dans notre mix électrique national. »
La France pourrait faire beaucoup mieux en stockant éolien et photovoltaïque ! Ce qui éviterait leurs dépendances aux événements météo. De plus en stockant ces énergies on pourrait se passer du charbon et du fuel sans se passer d’énergie et on serait moins dépendant des approvisionnements de nos « partenaires » qui ne manqueront pas d’augmenter leur prix pour réduire la concurrence.
« Une part importante de l’électrique produite par nos centrales est donc fatalement perdue. »
La perte est d’autant plus grande qu’on s’éloigne des points de production. Ce qui devrait inciter nos dirigeants à privilégier la production locale.
« Attention toutefois, le gestionnaire du réseau considère que les filières nucléaires et renouvelables (éolien, solaire, hydraulique et biomasse) n’émettent pas le moindre gramme de CO2. «
A qui fera t’on croire que le nucléaire malgré tout ses besoins n’émet pas le moindre gramme de co2 ? (recherches, accords, extraction ,transports enrichissement, conditionnement, livraisons, constructions, dépôts, eau, rejets, vapeur ,enfouissement )
« Les moyens de stockage de grande ampleur restent, pour le moment, les grands oubliés de la transition énergétique. »
Bah non ? Le nucléaire c’est du stockage ! De même que le pétrole , le charbon, le gaz ,le bois, ou les déchets.
Evidemment ce qui manque c’est des moyens pour stocker les renouvelables ? C’est ce que je prétends pouvoir faire ! Mais ça n'intéresse pas grand monde ?
Macron a même laissé la volonté au placard afin de modifier le mix et le bas carbone. Après tout il ne sera pas candidat en 2027 il lui reste 5 ans pour faire des coups d'éclat et amuser la galerie. Son logiciel intellectuel n'a pas prévu l'humilité et la remise en question pour comprendre la crise climatique. 44 ans effroyable.