Vous n’en n’avez peut-être pas encore entendu parler, mais un nouveau carburant est désormais disponible en France. Déjà commercialisé dans plusieurs pays d’Europe, y compris en Allemagne, le XTL pourrait permettre de concilier moteurs diesel et objectifs de réduction des émissions de CO2. 

Pas la peine de vous ruer dans la station la plus proche pour tester ce tout nouveau diesel synthétique répondant au doux-nom de XTL. Autorisé à la vente aux particuliers depuis quelques semaines seulement en France, ce nouveau carburant n’est pas encore déployé dans l’hexagone. D’autant que son prix est particulièrement élevé : 2,47 euros le litre en moyenne chez nos voisins belges, qui le commercialisent déjà. Néanmoins, son mode de fabrication, qui n’est pas dépendant des matières pétrolières, pourrait permettre aux moteurs diesel de perdurer même après 2035, grâce à une réduction drastique des émissions de CO2.

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Un carburant aux origines diverses

XTL, nom de cet agrocarburant paraffinique de synthèse, signifie X-To-Liquid, le X indiquant qu’il peut être issu de différentes matières premières. Il est possible d’en produire à partir de différentes ressources comme la biomasse (il est alors appelé BTL pour Biomass-To-Liquid) ou grâce à l’hydrogénation d’huiles végétales. Dans ce cas, il est appelé HVO, pour Hydrogenated Vegetable Oil.

Si l’utilisation d’huiles alimentaires, ou de ressources comme le bois ou les cultures végétales permettent d’envisager le XTL comme une énergie renouvelable, l’utilisation d’autres matières premières remet cette considération en question. En effet, le XTL peut être produit à partir de gaz naturel (il est alors appelé GTL pour Gas-To-Liquid), ou à partir de plastiques (Plastic-To-Liquid). Malgré cela, de manière générale, le XTL permet de réduire les émissions de CO2 d’un moteur diesel, parfois jusqu’à 90 %, et est porteur d’espoirs pour l’avenir des moteurs à combustion dans un monde moins carboné.

Pour l’heure, la production européenne s’élève à 7 millions de mètres cubes par an. Sur ces 7 millions de mètres cube, 3,5 millions de mètres cubes sont fabriqués grâce au recyclage des graisses animales obtenues dans les abattoirs et les centres d’équarrissage. Les huiles alimentaires, collectées auprès des restaurateurs, représentent 1,1 million de mètre cube par an. Si on est encore loin des 34 millions de mètres cubes de gazole consommés en Europe chaque année, la mise en place de nouvelles filières de recyclage permettrait d’accroître cette production, notamment grâce à d’autres matières résiduelles comme le bois. Le XTL pourrait même être obtenu grâce à la captation de CO2 dans l’atmosphère.

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Quels avantages pour le XTL ?

Si le XTL possède un pouvoir calorifique équivalent au gazole B7, il affiche un niveau de cétane supérieur, ce qui signifie qu’il a une plus grande capacité à s’enflammer. Le niveau de cétane du gazole B7 est de  51 sur une échelle de 0 à 100 tandis que celui du XTL est de 70. Cette particularité facilite notamment les démarrages à froid. Ce n’est pas tout. Sa composition permet une baisse des émissions de CO2 lors de la combustion de l’ordre de 5 %. D’une pureté supérieure au B7, le XTL ne contient quasiment pas de soufre, ou d’autres polluants présents dans les dérivés du pétrole. De ce fait, les émissions nocives d’un moteur fonctionnant au XTL sont inférieures. Il rendrait également les moteurs plus silencieux.

Le XTL est-il compatible avec mon véhicule ?

Malgré une compatibilité importante, le carburant de synthèse ne peut être utilisé pour n’importe quel moteur. À titre d’exemple, tous les véhicules BMW à partir de l’année 2000 sont compatibles, mais pour Mercedes ou les voitures du groupe Stellantis, elles doivent être équipées d’un sticker sur la trappe à carburant confirmant sa compatibilité. Du côté de Renault et Dacia, tous les véhicules répondant aux normes Euro 6 sont compatibles. À l’inverse, aucune voiture Volvo n’est approuvée pour le carburant XTL.

Un carburant pour l’avenir

Si le XTL offre la perspective de maintenir des motorisations diesel sans émission au-delà de 2035, il constitue difficilement une solution immédiate. À l’heure actuelle, seules quelques rares stations services qui avaient anticipé la parution du décret proposent déjà le XTL. En outre, pour vendre ce carburant, les stations services doivent réaliser des investissements conséquents puisque le XTL doit être stocké dans sa propre cuve, et la station service doit nécessairement proposer du gazole B7 en complément. Ces investissements devraient avoir un impact sur le prix du carburant. S’il est déjà disponible dans d’autres pays européens, il se révèle, pour le moment, nettement plus cher que le gazole B7. En Belgique, il est affiché au tarif de 2,47 €/L, contre 1,83 €/L. En 2022, il avait même atteint 3,58 €/L alors que le gazole n’était monté qu’à 1,99 €/L. En revanche, le développement de la filière devrait permettre de faire baisser le prix de ce carburant de synthèse par économie d’échelle.