Elle était attendue pour 2025. La première production de plasma dans le réacteur de fusion nucléaire ITER situé à Cadarache dans le sud-est de la France, n’aura finalement pas lieu avant 2033. Des malfaçons sont à l’origine de ce nouveau retard.
Le projet ITER, pour International Thermonuclear Experimental Reactor (réacteur thermonucléaire expérimental en français), c’est sans doute l’un des projets scientifiques les plus ambitieux du XXIe siècle. Son objectif : démontrer que l’humanité est capable de reproduire ce que font naturellement les étoiles, utiliser la fusion nucléaire pour produire de l’énergie. C’est, en quelque sorte, la promesse d’une énergie à la fois propre, sans déchets radioactifs gênants, ni émissions de CO2, et infinie. Le projet a été lancé en 2001 avec un budget initial de 10 milliards d’euros et autour de pas moins de 35 pays. Les opérations devaient commencer en 2016. Mais dès 2008, le calendrier a été repoussé et le budget revu à la hausse.
Depuis le lancement du chantier, les retards sur ITER s’accumulent
Le chantier a bien démarré en 2010. La première production de plasma — ce gaz chauffé à 150 millions de degrés nécessaire au démarrage de la fusion nucléaire — était prévue pour 2025. Mais les difficultés se sont multipliées du côté de Saint-Paul-Lez-Durance (Bouches-du-Rhône). La crise sanitaire d’abord. La guerre en Ukraine ensuite. Et puis, des défauts de soudure sur des composants clés de l’installation. Un peu comme cela a été le cas pour l’EPR de Flamanville. Enfin, bon nombre de malfaçons. Résultat, de nouveaux retards et autant de débordements de budgets. L’organisation ITER a donc annoncé le 3 juillet une augmentation des coûts de 5 milliards d’euros.
Le coût total du projet est désormais estimé autour de 25 milliards d’euros, un montant variable à la hausse selon que l’on considère ou non les contributions en nature des différentes parties prenantes. Et pour le premier plasma, il n’est plus attendu avant 2033, soit 8 ans de retard. Le fonctionnement de manière stable et à pleine puissance du réacteur est, quant à lui, planifié pour 2036. Soit finalement avec un retard de seulement 3 ans sur la date précédemment avancée, notent les responsables.
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Malgré les retards à répétition, tous les pays membres partenaires — la Chine, la Corée du Sud, les États-Unis, l’Inde, le Japon, l’Union européenne et la Russie — se sont engagés dans la poursuite du projet. En fin d’année, un conseil devrait toutefois se réunir à nouveau pour décider d’une éventuelle rallonge budgétaire demandée par l’équipe d’ITER.
Dans ces conditions, pourrons-nous compter sur la fusion nucléaire pour réussir notre transition énergétique ? Pietro Barabaschi, le directeur général d’ITER lui-même, prévient aujourd’hui. « Nous faisons ce qu’il faut pour atteindre notre objectif avec plus d’attention aux risques et en minimisant les délais. À un moment, la fusion pourra jouer un rôle important, mais en attendant, il est crucial de trouver des sources d’énergie alternatives. Car ce nouveau retard ne va pas dans le bon sens. »