Depuis quelques mois les vents violents se succèdent au large des côtes de Bretagne et de Loire Atlantique. Après Miguel, Ciara et Denis, la tempête Alex à soufflé anormalement fort en ce début d’octobre : une rafale de 186 km/h a été enregistrée à Belle-Ile-en-Mer et une autre de 157 km/h à Groix. Installée à une vingtaine de kilomètres au large du Croisic et mise à rude épreuve, Floatgen l’unique éolienne flottante française a pourtant bien résisté malgré des vagues de 5 à 9 m.
Dotée d’une turbine de 2 MW, Floatgen a été assemblée dans le port de Saint-Nazaire avant d’être remorquée sur le site d’essai SEM-REV à 22 km au large des côtes. Ce premier prototype d’une fondation flottante brevetée par Idéol, construite en béton par Bouygues et entrée en service en septembre 2018, donne à l’industrie éolienne française, l’espoir d’un déploiement en série d’éoliennes offshore de nouvelle génération. Avec l’ambition secrète de devenir le leader mondial de l’éolien flottant.
Mais Floatgen allait-elle répondre aux espérances ? « Les premiers résultats d’exploitation sont tout à fait conformes et même supérieurs aux attentes. Ils permettent de valider pleinement notre technologie » annonçait un communiqué d’Idéol en juillet 2019. Ainsi, lors de la tempête Miguel du 7 juin 2019, la startup a enregistré des houles de 4,4 mètres de hauteur avec des vagues allant jusqu’à 8,5 mètres et des vents de 22 m/s avec des rafales allant jusqu’à 103 km/h. « Des mesures réalisées en continu par plus d’un millier de capteurs installés sur l’ensemble des composants de la turbine et du flotteur ont démontré la conformité du comportement de Floatgen aux simulations réalisées par nos ingénieurs » précisait Ideol qui a pu ainsi valider son concept pour des conditions météo extrêmes.
Floatgen résiste à la tempête Alex
Tout au long du dernier hiver, l’éolienne flottante est restée en service avec une disponibilité supérieure à 94,6 % ce qui lui a permis d’injecter pendant l’année 2019 un total « supérieur aux attentes » de 6 GWh sur le réseau français.
Mais Floatgen allait-elle aussi résister à la tempête Alex qui après Miguel, Ciara et Denis a frappé violemment la façade atlantique française dans la nuit du 2 octobre ? « Pendant le passage d’Alex, nous avons mesuré une vitesse maximale de vent à 42 m/s. Pour le pic de hauteur de houle, nous avons enregistré une hauteur significative de vague de 5m, ce qui correspond à une vague maximale de 9m de haut » nous précise Juliette Bise, chargée de communication chez Idéol. « Mais nous n’avons constaté aucun dégât sur Floatgen » nous rassure-t-elle. « Tout cela confirme l’excellente tenue à la mer de notre technologie ».
>>> Lire aussi : Décollage de l’éolien flottant : son potentiel est énorme
Commentaires
Et qu en est il du photovoltaique flottant en mer ? Personnellement je n y crois pas beaucoup précisément à cause de la résistance aux aléas climatiques. Le matériel aura du mal à rester fonctionnel de nombreuses années.
Nous avons écris un article sur le photovoltaïque flottant en mer : https://www.revolution-energetique.com/le-photovoltaique-gagne-le-large/
Depuis lors des media néerlandais signale que la plateforme "Zon op zee" a résisté au tempêtes, notamment la tempête Ciara.
Première partie d'article relativement bien fouillée et documentée. Merci Monsieur Deboyer.
Par contre dommage que la seconde partie vienne en dégrader la qualité avec ce qui ressemble plus à du matériel marketing qu'autre chose...
Tout d'abord, les données relevées par la bouée de mesure sur site (le SEMREV) à cette date ne sont pas celles annoncée : Hauteur significative (Hs) de 4.3m et non 5.0m et Hauteur Max de 6.9m au lieu des 9.0 annoncés ici... comme l'énergie de la houle varie avec le carré de la hauteur cela fait un facteur 2 entre ce qui est annoncé et ce qui s'est vraiment passé en terme de hauteur max!
Il faut aussi relativiser le caractère extrême de ces conditions: avec la tempête 10 ans le Hs est de 8.3m et la tempête 50 ans (c’est un critère imposé pour la conception de tels systèmes) est de 9.5m… presque 5 fois plus violent qu'Alex donc.
Et puis il est important de ne pas faire un amalgame entre la "tenue en mer", comment tout cela bouge au quotidien dans des conditions "normales" et la résistance aux évènement "extrêmes" comme ici avec la tempête. C'est un peu comme si vous compariez le comportement d'un fil de fer (tenez un cintre ou un fil électrique par exemple) en le pliant quelques grand coups: ça c'est la tempête, avec ce qui se passe lorsque vous le pliez plein de petites fois (et oui c'est cela ça va casser!) et c'est la tenue "fatigue", au quotidien sur le long terme.
Qu'en est-il alors de la "tenue en mer" ? Et bien les principes d'architecture navale (flotteur "compact" :
grande surface de flottaison et faible tirant d'eau, etc...) prédisent une tenue à la mer médiocre comparée à toute autres architectures (semi-submersible, Spar, TLP) , en d’autres termes cette architecture bouge beaucoup plus dans les vagues que les autres… c'est scientifiquement prouvé, et c'est pour cela qu'elles ont prospéré dans l'offshore pétrolier depuis 50ans et que ce type d’architecture non.
La conséquence? et bien c’est qu’il faut bien comprendre l’impact que ces mouvements vont avoir en dessous sur l’ancrage et au-dessus sur l’éolienne et ce, pour 25 ans…ca va casser ? au bout de combien de temps? combien cela va couter?
C'est ce qu’il faudra éclaircir avant d’espérer devenir un acteur mondial.
Merci pour votre commentaire. Les chiffres cités dans l'article sont ceux que m'a communiqué Idéol. N'étant pas un expert en éolien flottant je n'ai aucun moyen de les vérifier. Vous semblez bien informé et je suppose donc que vous êtes actif dans le secteur ou peut-être même un concurrent d'Idéol. Si vous avez d'autres expériences ou d'autres technologies à faire connaître n'hésitez pas à nous les communiquer ou me contacter via le formulaire de contact du site : https://www.revolution-energetique.com/contact/
Bonjour Monsieur Deboyser,
Je vous contacte via le formulaire.
Je suis en effet actif dans le secteur du renouvelable en mer -notamment sur l'éolien flottant- depuis près de 15ans. J'ai également travaillé pour des concurrents d'Ideol: ce n'est pas le cas actuellement, ce qui me permet d'intervenir sans être suspecté de conflit d'intérêt (je n'ai par ailleurs pas d'actions ou tenu par une quelconque forme d'intéressement avec d'autres développeurs de technologies).
A noter que je fais extrêmement attention à ne m'en tenir qu’aux faits et ne partage que des informations publiques -même si bien souvent cela ne représente que la partie visible de l’iceberg-, il en va de ma crédibilité et mon avenir professionnel.
Mes interventions sont motivées par une volonté sincère de soutenir la filière en informant et éduquant ; cela consiste parfois à pointer du doigt certaines affirmations erronées, sans fondement ou tout simplement formatées -volontairement ou non- de telle manière qu’elles mènent à de mauvaises conclusions.
Une filière en pleine maturation comme le flottant ne peut se permettre de créer des attentes auxquelles elle sera à terme incapable de répondre : de sérieux investissements sont en cours, un acteur qui sous-performe ou déçoit d’une quelconque manière et c’est l’ensemble des acteurs qui en souffre surtout si l'acteur en question parle au nom de la filière. Les investisseurs publiques ou privés, les décideurs, parties prenantes locales comme les Régions sont globalement assez mal conseillés et si des erreurs sont commises elle vont -au sens propre- se payer cher et cela freinera tout le secteur.
C’est ce qui s’est passé dans le houlomoteur et dans l’hydrolien et j'aimerais que cela ne se propage pas à l'éolien flottant.
Celle-ci a bien résisté, mais elle affiche un facteur de charge peu au-dessus de la moyenne : 34,2 %
Bien sûr, il s'agit d'une éolienne qui ne fait que 2 MW. Les éoliennes projetées font le triple !
C'est quand même beaucoup mieux pour une nouvelle machine que le facteur de charge de l'EPR de Flamanville 3 dont la construction a commencé 10 ans plus tôt ...
Certes, mais il faudra moins de 4h à cet EPR pour produire 6 GWh... qu'il y ait du vent ou pas :-)
On ne peut pas comparer un démonstrateur (un prototype ici) et un outil de production à l'échelle industrielle... que ce soit en terme de production ou de cout au MWh.
Mais Là où je vous rejoins c'est la comparaison de 2 outils de production d'électricité à faible émissions de carbone ... car dès qu'il faut rendre la production pilotable / adresser l'intermittence les choses se compliquent pour l'éolien , avec l'impact du stockage...
même si pour l'éolien flottant, les facteurs de charge sont autour de 50% sur l'année pour les bonnes technologies au bon endroit...
Il n'y a rien de moins pilotable qu'un réacteur nucléaire..... vous rêvez et c'est pour cela que sur les quelques 430 réacteurs nucléaires en service dans le monde plus de 400 ne fonctionnent qu'en mode de base. Et la plupart de ceux qui sont capables d'assurer un suivi de charge, mais avec de grandes difficultés et un manque de souplesse remarquable, 10 fois moins qu'une centrale à gaz, sont français et allemands.
Pilotables est un mot qui ne correspond pas à ce que vous croyez ! faire du suivi de charge ! Le pilotage des réacteurs nucléaires n'est pas un avantage mais une charge que n'ont pas les autres moyens de production d'électricité et consiste à maintenir un "coefficient K" voisin de 1 afin que la réaction en chaine ne s'emballe pas ni ne s'étouffe. Le suivi de charge c'est autre chose de bien plus compliqué, surtout avec un réacteur nucléaire, et précisément par ce que ce K n'a qu'une faible tolérance de sortie de la fenêtre. C'est un problème que ne connaissent ni les autres centrales à vapeur (gaz, pétrole....) ou hydro. Et même malgré que nous possédions dans notre parc quelques réacteurs qui soient capables d'assurer un suivi de charge, ce sont les autres possibilité (hydro et gaz) qui sont réellement déployés, les petites variations erratiques que l'on peut voir sur la large bande de la production nucléaire sur le graphique temps réel de RTE ne sont que les promenades de tous les réacteurs en fonctionnement autour de leur K respectif K+x et K-x..... des peccadilles sans commune mesure avec les autres sources d'adaptation au besoin dont les amplitudes passent souvent du simple au double.
Pas sûr que la techno de flotagen ai coûte près de 20 milliards non plus 😅
Alors là, ce n'est pas sûr du tout qu'il entrera un jour en service ...