Face à des sécheresses toujours plus longues et récurrentes, la gestion de l’eau stockée dans les barrages hydroélectriques pose question. Des services de l’État préconisent de construire 3 nouvelles STEP dans le sud-ouest de la France afin de contrer les effet du changement climatique sur la production d’électricité.
Arroser les cultures ou produire de l’électricité ? Pour éviter ce dilemme, il faut construire de nouvelles stations de transfert d’énergie par pompage-turbinage (STEP). Voici la recommandation du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) et du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER). Dans un rapport publié le 15 septembre, les deux services de l’État ont analysé la capacité des installations hydroélectriques du bassin Adour-Garonne à soutenir l’étiage (voir en pied d’article) à l’horizon 2050.
Leur constat est assez alarmant : 20 à 30 % de l’eau aujourd’hui utilisée pour générer de l’électricité devra être dirigée vers l’agriculture. « L’évolution du climat va entraîner des baisses annuelles de débits de toutes les grandes rivières du sud-ouest, comprises entre 20 et 40 %, pouvant atteindre – 50 % en période estivale » assurent-ils. En conséquence, les centrales hydroélectriques qui y sont installées devraient perdre entre 300 et 500 MW de puissance et 300 GWh de production annuelle à terme.
Plus de 2 milliards d’euros d’investissements nécessaires
Ce déficit pourrait être comblé par la construction de 3 nouvelles STEP, expliquent les organismes. Des stations idéalement situées dans le Lot et la Dordogne, au sein de vallées « moins touchées par le soutien d’étiage ». La première est en projet depuis plus de 10 ans. Il s’agit du complexe de la Truyère, qui doit être réaménagé pour associer un barrage de 500 MW à une STEP de même puissance.
La seconde serait une STEP d’environ 500 MW sur la Dordogne, « sans que cela ne soit nécessairement l’ouvrage de Redenat » (lire notre article) précisent les services de l’État. Enfin, le massif des Pyrénées pourrait accueillir une troisième STEP, bien plus modeste, de 100 MW et dotée d’un bassin « allant de quelques centaines à 5 millions de m³ ». Leur réalisation nécessiterait un investissement d’environ 1 milliard d’euros pour le projet de la Truyère et entre 0,5 et 1 milliard d’euros pour l’ouvrage sur la Dordogne.
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Des montants qui paraissent élevés, mais restent raisonnables face aux autres systèmes de stockage d’électricité. Estimé à 1 milliard d’euros, le projet de STEP à Redenat pourra accumuler environ 20 GWh, soit un coût de 50 000 €/MWh. C’est nettement moins que les quelque 330 000 €/MWh de la giga-batterie de Manatee aux États-Unis (0,9 GWh / 350 M$), actuellement en construction.
La France, qui compte 6 STEP en activité, dispose d’un potentiel largement sous-exploité. Elle utilise seulement 184 des 4 000 GWh de stockage réalisables, selon un rapport de la Commission européenne publié en 2013. « L’eau est, pour le moment, la seule forme de stockage flexible à grande échelle d’électricité, que ce soit à travers les stations de transfert d’énergie par pompage ou les grands lacs de réservoirs » rappellent le CGEDD et le CGAAER.
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L’étiage désigne la période où le niveau d’un cours d’eau est au plus bas. Il est généralement atteint en été. Le soutien d’étiage est l’action d’augmenter le débit d’un fleuve ou d’une rivière en y déversant l’eau stockée dans les barrages et réservoirs. Cela permet d’assurer la continuité de l’alimentation des réseaux d’eau potable et d’irrigation, des industries mais aussi de maintenir un niveau acceptable pour la faune et la navigation.
En matière de stockage pour peu qu’on sache avec quoi et comment faire ,on peut faire beaucoup mieux que les STEP tout en faisant d’énormes économies. Et ceci n’importe ou dans le monde, donc sans contrainte de sites adaptés. Parce que stocker de grandes masses d’eau en montagne, du fait de l’inertie thermique de l’eau revient à réchauffer le climat montagnard. Ce qui se traduira par moins de chutes de neige et donc moins de surfaces froides pour réguler le climat lorsqu’il fait chaud. Donc moins de pluie quand l’air chaud ne peut plus se condenser suffisamment faute de froid.… Lire plus »
Pourquoi diable n’a-t-il pas été noté dans l’article que les 4 000 GWh de stockage réalisables seraient créés essentiellement en utilisant les barrages existants?
Cette étude du JRC, qui date de 2013, et qui permettrait de couper court au problème de la variabilité des renouvelables, n’est jamais évoquée par les politiques et ne passe jamais dans les grands médias.
En 2018, j’ai péniblement réussi à passer une tribune sur Reporterre, et depuis toujours rien.
https://s.42l.fr/StepRep
J’imagine que les « 184 GWh » de stockage correspondent au turbinage et non pas au pompage qui doit alors être d’environ 240 GWh.
Encore ce week-end, alors que la production éolienne était forte, et la demande faible, seul le tiers de la capacité de pompage a été utilisé. La France a préféré baissé la production nucléaire plutôt que de stocker davantage d’électricité, et la semaine prochaine, elle fera sans doute tourner ses centrales à gaz,
Il semble que la politique soit différente en Espagne, qui ne baisse que rarement sa puissance nucléaire, et utilise bien davantage ses STEP.
Si l’on confronte l’article de Science et Vie, juillet 2020 p 74, « L’évaporation serait une source colossale d’énergie » avec celui du Monde du 13 mai 2012 « Ces grands barrages hydroélectriques controversés » on peut s’interroger sur les véritables causes du réchauffement climatique ? En effet si les seuls barrages Américains représentent le potentiel énergétique de 325 réacteurs nucléaires qu’en est-il des 799 675 autres ? Sachant que ces ouvrages, essentiellement construit en montagne, peuvent transformer le climat local en faisant pleuvoir lorsqu’il devrait neiger ? Donc influer sur la couche de neige et par conséquence sur l’épaisseur… Lire plus »
Encore du pognon foutu en l’air pour rien.
Déjà revoir l’usage de l’eau ( piscine , arrosage de culture en pleine journée estival…)
Revoir et développer les zone humide pour garantir cette effet d’eponge…
Et surtout arrêter de voir le milieu naturel comme une marchandise
Le développement de step ne réglera en rien le problèm de l’eau. Replanter des haies et autres bosquet, revoir les cultures consommatrices d’eau et l’usage de celle ci
https://wikiagri.fr/articles/la-marchandisation-de-leau-ou-comment-mettre-en-place-une-arnaque/21525
En lisant ce petit texte vous comprendrez à qui profite le crime et quels sont les solutions.
Belle balade.
Pierrick
https://wikiagri.fr/articles/leau-la-pluie-les-secheresses-les-inondations/20965
Il ne manque et il ne manquera pas d’eau. Par contre, l’accès à l’eau sera LE PROBLÈME. Mais il y a des solutions…. Le debut est de restaurer le cycle de la pluie.
Bonne lecture.
Pierrick.
Je voulais juste notifier une petite coquille dans la phrase :
« C’est nettement moins que les quelque 330 000 €/MWh de la giga-batterie de Manatee aux États-Unis (0,9 GWh / 350 M$), actuellement en construction. »
Au cours actuel (assez stable) 1€ = 1,16 usd, donc le coût évoqué pour le project de Manatee serait plutot de 272K€/MWh. Ca ne change pas le sens global de l’article, mais ça réduit quand même significativement le ratio entre les deux solutions.
Le débat entre besoins agricoles et STEPS peut être réglé facilement : par la réalisation partout en forêts et ailleurs de retenues d’eau en terrasses étroites bordées de talus arborés, d’agroforesterie exploitable enfin proprement (retenue d’eau, d’humus, de lisier;;;, au lieu de LAISSER FILER L’EAU PROPRE EN rivières, perdue en mer !§!). Terrasses généralisées qui peuvent même faire coupe-feux en cas de grande sécheresses si inondées à partir de ces STEPS (elles aussi possible d’être généralisées et miniaturisées en étangs successifs, avec turbines à vis d’Archimède pour faire de l’électricité propre locale. Etangs qu’on peut généraliser partout, tel qu’il y… Lire plus »
Le problème dont on ne parle jamais: les barrages c’est fragile. Il suffit d’un attentat ou d’un tremblement de terre et vous avez 10000 morts.
Les retenues d’eau en surface c’est de la mer-e! Nous savons que ça av se réchauffer ! Et nous allons mettre des grandes étendues d’eaux sous le soleil et les chaleurs de plomb ?! Ça va s’evaporer fissa ! Voir la côte ouest des états unis. Voir les étendues d’eau de certains pays, déjà trop chaud, qui ont disparues. Ou quasiment disparus. Pareil avec les barrages. Nous avons ruiné les cycles de l’eau. Partout. Ridicule. A la limite, créer des bassins souterrain…mais même ça, en ressources, hydrocarbures pour les faire. En béton. Acier. Etc etc. Plus l’eau douce utilisé dans… Lire plus »
Autant tous caner direct, c’est ca?
Pour limiter l’évaporation, si cela est nécessaire, il est possible de couvrir les surfaces des lacs par des panneaux PV posés sur des flotteurs, ce qui mettrait les lacs à l’ombre. Il est également possible de creuser des lacs assez profonds pour limiter ce problème.
On creuse pas les lacs, hein…
On met juste des barrages en travers de vallées !
Sinon, oui le PV flottant sur les lacs de retenue c’est une très bonne idée, réduction de l’évaporation, raccordement électrique déjà en place, pas de consommation de terre et en plus on profite de la température réduite grâce au lac…
Seb: « On creuse pas les lacs, hein… »
Ben si, il n’y a qu’à regarder la photo.
Enfin, de mon point de vue, ce n’est pas un problème significatif.
Et la STEP du Lac Noir dans les Vosges? Tout est en place, il faut juste reconstruire le bâtiment. qu’attend EdF pour la remettre en service? C’est pas parce qu’elle est de taille modeste qu’il faut la mépriser!
EDF est dans un bras de fer avec l’état sur la question des concessions hydrauliques. EDF considère qu’elle devrait en conserver l’exploitation (idéalement, gratos…) alors que l’Europe impose qu’on les remette en concurrence. Aujourd’hui EDF refuse d’investir a cause de ça… A titre personnel je pense que l’état devrait reprendre les grands barrages historiques en gestion directe quand les concessions arrivent à échéance. Ce sont des machines à Cash, et dans un contexte où la plupart des moyens de production seraient de l’éolien et du PV, le propriétaire de la majorité des barrages pourrait faire sa loi sur les marchés… Lire plus »
EDF n’est elle pas une société à la base publics?
« Elle utilise seulement 184 des 4 000 GWh de stockage réalisables » Cette phrase me paraît ambigüe. On a 4000 à dispo mais on n’utilise que 184? Ou alors les STEP existantes représentent 184 et il existe « du terrain disponible » pour plus tard en construire d’autres afin d’atteindre 4000?
Je pencherais pour la seconde interprétation. Sauf que construire une STEP nécessite toujours l’abatage de quelques arbres, le dérangement de quelques oiseaux etc… Si bien qu’il y aura une opposition systématique des anti-tout prenant cette fois un prétexte écolo pour saborder un projet.
4 000 Gh n’a aucun sens.
Probablement un chiffre théorique si l’on noyait toutes les vallées.
Les Allemands ont dû arrêter leur programme de STEP. Il fallait creuser des réservoirs, et les résistances locales étaient trop fortes.
Certains développements ont tout de même lieu au Portugal, en Suisse et en Autriche.
Ensuite, tant qu’il est sera moins cher de brûler du gaz ou du charbon plutôt que de faire du PV+STEP, les choses continueront ainsi.
Ben aujourd’hui avec un gaz à 70€ / MWh (edit : 82 €/MWh aujourd’hui) en spot, une centrale à cycle combiné avec un rendement de 55% (très bon), ça donne ~130 € de gaz / MWh élec produit, auquel il faut ajouter 20 € de quotas CO2 (à 60€/tonne). Ça veut dire qu’aujourd’hui une centrale gaz qui se fourni sur le marché a un cout marginal de 150€/MWh. A ce tarif on n’a pas payé l’amortissement de la centrale ni les salaires et les taxes… Aujourd’hui du PV plus STEP doit revenir nettement moins cher que ça, d’autant qu’on a… Lire plus »
Regardez une journée comme hier: le nucléaire était réduit de 2 GW durant la nuit, au lieu d’utiliser les 2 GW supplémentaires de STEPs puisqu’il y a 4 GW de capacités de pompage et que seuls 2 GW étaient utilisés. Et les centrales à gaz qui tournent pendant la journée…
Généralement, le pompage-turbinage me semble utilisé à moins de la moitié de ses capacités. Je ne sais pas encore pour quelles raisons tordues. Et je ne sais toujours pas combien il coûte environ au MWh.
Avec des prix de gros qui vont devenir de plus en plus souvent négatifs lors des pics de production solaire et éolienne, et des combustibles fossiles qui devraient devenir structurellement chers, les STEP devraient, à l’avenir, tout de même, tirer leur épingle du jeu, comme c’était le cas avec les premières centrales nucléaires qui ne pouvaient pas évoluer en suivi de charge.
Les moyens de compensation, et notamment de stockage sont indissociables du PV et de l’éolien.
Faire du suivi de charge c’est faire des stocks. Sans les stocks c’est la nature qui commande. Et quand la nature commande elle ne se soucie pas de l’usure des investissements quand ils fonctionnent sans être utiles .Faire mieux que les STEP en matière de stockage , c’est tout à fait possible, à un prix bien moindre et ceci sans contrainte de site adapté partout dans le monde.
Merci quand même pour votre réponse sur ce sujet des STEP, la plupart des autres commentateurs étant occupés à se « bagarrer » éternellement entre anti-nucléaire et anti-éolien. Des prix de gros à 150-200 € en moyenne le MWh confirment vos estimations d’ordre de coût pour l’électricité produite à partir du gaz fossile.
Il est possible de stocker l’énergie à un coût bien moindre que les STEP et ceci partout dans le monde, pour peu qu’on sache avec quoi et comment faire !
Combien coûte le pompage-turbinage au kWh ?
hors coût d’achat de l’électricité
quels coûts pour l’utilisation du réseau ?
Le prix moyen, en France, pour une grande installation de PV est d’environ 50 euros le MWh.
Quel serait un ordre de grandeur du coût pour une production en continu, de mars à septembre, d’un parc PV associé à une STEP?
Certainement moindre que les coûts additionnés d’une STEP et d’une centrales nucléaire !
Une piste serait aussi de réduire le besoin en arrosage de notre agriculture. Les initiatives d’agrivoltaisme semble intéressante. Elles permettent de réduire le besoin d’arrosage tout en rendant possible l’installation de panneaux sans consommer de foncier supplémentaire.
L’agrivoltaïsme semble intéressant pour des cultures « immobiles » telles que la vigne, les arbres fruitiers. Pas trop possible pour les cultures « à raser » telles que le maïs ou le blé, car les structures porteuses des PPV empêchent le passage des immenses moissonneuses batteuses. Et ce sont ces cultures-là qui demandent le plus d’irrigation.
J’espère qu’on arrivera à adapter les culture pour les rendre compatible avec l’agrivoltaisme. Si l’alternative est la disparition des culture par manque d’eau, le choix ne me semble pas compliqué même si mon point de vue est trop simpliste j’imagine.
Il est possible de mettre des moutons, tout simplement, qui broutent l’herbe autour des panneaux PV.
Je suis peut-être naïf, mais le soleil s’il est capté n’empêche-t-il pas la croissance des dites plantes ?
Dans les installations documentées les panneaux sont orientables et permettent de doser l’ensoleillement des cultures en dessous. Cela réduit probablement le rendement des panneaux mais permet d’optimiser l’ensemble panneaux + cultures. En effet trop de soleil induit une consommation accrue d’eau
L’élevage bovin, avec tout le maïs que cela demande pour nourrir les vaches, est une calamité pour le climat. Je ne dis pas qu’il faille le supprimer, mais le réduire, certainement. Il émet beaucoup de gaz carbonique et de méthane, il occupe un espace immense qui pourrait être en grande partie consacré aux cultures énergétiques et à la reforestation. Quant aux STEPs, elles sont très largement sous-utilisées en France, mais le besoin va très fortement augmenter avec la montée en puissance du photovoltaïque et dans une moindre mesure, de l’éolien, avec des prix de gros de plus en plus souvent… Lire plus »
le steack avec cellules cultiveesen usine est en route. Encore 5 ans, et un steack industriel coutera moins cher que le steack produit a partir d une vache
Bon appétit!
Ce qu’il faut réduire, d’aborder et avant tout, c’est la population humaine. Le reste suivra !!!!!!
Oui c est aussi simple que cela et cela va se produire qu on le veuille ou non. Mais le sujet est tabou
Je rêve quand j’entends dire que l’élevage serait une calamité alors qu’on réintroduit des bisons en Sibérie pour réduire le réchauffement et alors même qu’on nourrit environ 400 000 000 de chats dans le monde essentiellement avec la viande des animaux d’élevage ? Evidemment je fais une différence entre l’élevage des animaux qui broutent l’herbe dans les champs et les usines à viande dont on ne comprend pas que des gouvernements qui se disent humanistes aient pu encourager cette pratique, en organisant la mise concurrence de ce type d’élevage, avec les systèmes d’élevage classiques ? Mais c’est vraie qu’on peut… Lire plus »