Illustration : Révolution Énergétique.
Au cours de la dernière semaine de juin, le marché européen de l’électricité a été marqué par des fluctuations de prix extrêmes. Ces variations ont été provoquées par une erreur technique, entraînant un impressionnant découplage des marchés.
Le 26 juin dernier, un événement inhabituel a perturbé Epex Spot, la bourse européenne où se négocient les prix de l’électricité. Les prix affichés pour différents pays étaient extrêmement divergents : en France, le prix pour une livraison d’électricité le lendemain s’élevait à seulement 2,96 euros le mégawattheure (MWh), tandis qu’en Allemagne, il atteignait 492 euros/MWh. Pourtant, en temps normal, ces prix auraient dû se situer autour d’une centaine d’euros pour les deux pays. Que s’est-il donc passé pour expliquer une telle anomalie ?
À la source du problème : une erreur technique survenue chez Epex Spot
Pour mieux comprendre le fonctionnement du marché de l’électricité, il est essentiel de connaître le concept de « couplage ». Ce mécanisme vise à optimiser l’échange d’électricité entre différents pays. Pendant le processus de couplage, les producteurs d’électricité indiquent la quantité disponible pour les interconnexions et le prix auquel ils souhaitent vendre, tandis que les consommateurs et les fournisseurs spécifient la quantité désirée et le prix qu’ils sont prêts à payer. Le système, basé sur un mécanisme d’enchères, détermine ainsi un prix unique du marché qui équilibre offre et demande, ajustant les prix en temps réel selon les variations du marché.
L’incident concernant Epex Spot aurait été causé par un bug informatique ayant entraîné un « découplage du marché ». Cela a contraint la bourse d’organiser des enchères au niveau local, traitant chaque pays comme s’il n’était pas interconnecté aux autres. Les prix ont ainsi été établis sans tenir compte des interconnexions, une anomalie qui aurait persisté plusieurs heures.
À lire aussi Prix négatifs de l’électricité : la France contrainte d’arrêter cinq réacteurs nucléairesDes variations extrêmes
Le dysfonctionnement technique sur Epex Spot a entraîné d’importantes fluctuations des prix sur le marché de l’électricité, avec des écarts considérables entre les pays. En France, le prix de l’électricité pour une livraison le lendemain avait chuté en dessous de 3 euros/MWh, principalement à cause d’une surproduction qui n’a pas été considérée en raison du découplage. Normalement, dans un marché correctement couplé, le prix aurait dû avoisiner les 113,2 €/MWh ce jour-là. À l’opposé, l’Allemagne, confrontée à un déficit de production, a vu ses prix bondir à 492 euros/MWh, un montant 160 fois supérieur à celui enregistré en France et le plus élevé depuis septembre 2022. Toutefois, cette situation ne reflète pas nécessairement les conséquences d’une absence totale d’interconnexion entre ces deux pays. Si la France et l’Allemagne n’avaient effectivement aucune interconnexion, chaque pays aurait eu la possibilité d’ajuster indépendamment sa production ou sa consommation pour mieux répondre à ses propres besoins.
Outre les prix pour une livraison le lendemain, les prix horaires ont également connu des variations spectaculaires. Par exemple, en Allemagne, le coût du mégawattheure a atteint plus de 2 325 euros à 7 heures du matin. En revanche, à des moments de forte production solaire, les prix sont devenus négatifs, tombant jusqu’à -0,06 euro. De plus, l’incident technique n’a pas seulement touché les marchés allemand et français. D’autres marchés, comme celui de l’Autriche, ont aussi ressenti les effets du bug, avec des prix montant jusqu’à 236,28 euros/MWh.
Epex Spot a réagi rapidement, affirmant avoir corrigé le problème le jour même et annonçant le lancement d’une enquête interne. Par ailleurs, dès le 27 juin, le processus de couplage des marchés s’est déroulé sans encombre. La bourse prévoit aussi d’examiner les carnets d’ordres pour s’assurer qu’aucune entreprise n’ait profité indûment de la situation ou enfreint les règles du marché et les législations en vigueur.
Commentaires
Cette fixation au jour le jour voire a l'heure est une absurdité de l'ultralibéralisme de l'UE... dont la seule victime est le consommateur final...
Le principe de merit oder, day ahead et intraday etc... bref le marché européen de l’électricité (lorsqu'il marche et n'est pas perturbé par un incident technique) permet au contraire de baisser les coûts globaux et d'optimiser automatiquement vers le prix le plus bas, pour le consommateur aussi. Si il n'y avait pas ce système en place, le nombre d'heures où des moyens de production plus cher produiraient de l'électricité serait beaucoup plus important, avec comme conséquence un prix moyen de l'électricité lui aussi plus important.
Il faut se rappeler que si la France n'avait pas été couplé avec le marché européen lorsqu'elle était en situation de pénurie due à sa production nucléaire déficiente, les prix auraient encore bien plus explosé pendant de nombreux mois.
C'est en effet important de parler de prix moyen, au niveau européen.
J'avais entendu que en moyenne les prix en France avait augmenté mais que pour la plupart des autres pays, les prix on plutôt tendance à diminuer (pour atteindre finalement une moyenne globale plus basse).
Je ne dis pas que c'est une raison valable pour se couper du réseau europeen car cela apporte tout de même d'autres avantages.
Dans les autres pays européens, les prix pour les particuliers ont beaucoup plus augmenté qu'en France avant de redescendre fortement. Mais la moyenne globale est revenue à un niveau plus haut qu'avant la guerre en Ukraine. En France, l'augmentation à été bien plus faible parce qu'EDF n'a pas été autorisé à augmenter ses prix pour s'aligner sur les prix de gros, qui eux par contre ont comme partout explosé. C'est la raison pour laquelle le déficit d'EDF à été abyssal et le gouvernement n'a plus eu d'autre choix que de nationaliser EDF ensuite. L'augmentation actuelle en France n'est donc qu'un rattrapage pour essayer de réaligner les prix clients avec les coûts réels de production.
Il faut faire la différence entre le prix de gros et le prix pour les particuliers: pour le prix de gros, l'évolution à été plus où moins similaire dans les différents pays européen (à l'exception de l'Espagne, qui à décroché du système tarifaire européen de manière exceptionnelle) Vous pouvez aller voir ça sur rte-france qui à de beaux graphiques pour tous les pays européens.
Pour les ménages, l'évolution des prix à suivit avec un peu de décalage la courbe du prix de gros dans tous les pays européens... à l'exception de la France, où les prix on beaucoup moins augmentés que dans les autres pays pendant la période de la crise du gaz.
Ce que l'on voit maintenant en France est juste un effet de rattrapage alors que dans les autres pays les prix sont en baisse.
On peut très bien le voir sur le graphique suivant:
https://www.hellowatt.fr/contrat-electricite/prix-europe
Il faut dire aussi qu'edf avait choisi d'appliquer le principe de précaution. En réalité les pièces touchées par la fameuse corrosion pouvaient très bien être remplacées lors des arrêts de maintenance de routine. Si edf s'est offert le luxe de mettre à l'arrêt tous ces réacteurs en même temps c'est parce qu'il savait que les interconnexions permettaient de compenser. Autrement dit si ces interconnexions n'avaiaient pas existé edf n'aurait pas arrêté la priduction et les prix n'auraient pas bougé.
Ça, c'est la version bisounous. EDF aurait souhaité le faire dans le cadre normal des révisions mais la réalité, c'est que l'Autorité de sûreté nucléaire lui à imposé de faire plus rapidement. De plus il y avait le retard pris dans les révisions dû au covid et aux grèves, ce qui à entraîner la mise à l'arrêt d'un grand nombre de centrales en même temps.
Je ne vois aucune trace de cela sur Eco2mix. Tout paraît normal sur les prix du 26 juin 2024 Bizarre.
Un autre point intéressant à noter: on nous dit partout (sauf pour une fois dans cet article) que le marché choisit la centrale au coût marginal le plus faible en premier. En pratique, il me semble bien que chaque producteur propose son électricité au prix qu’il a envie. S’il a envie de faire tourner ses centrales, le producteur propose un prix bas voir négatif, s’il n’a pas envie, il propose un prix très élevé. On est très loin du concept de coût marginal... par exemple, si on vendait au vrai coût marginal, on viderait immédiatement tous les barrages qui ont un coût marginal nul. (L’eau qui tombe du ciel ne coûtant rien). Or ça n’est pas le cas. On garde l’eau des barrages pour les périodes d’hiver à prix élevés, du coût marginal nul qui vaut la peau des fesses sur le marché, hé hé...
Bonjour,
Dès lors qu'on a un réservoir pour stocker de l'eau (un barrage), on peut décider de produire au meilleur moment, en attribuant une valeur à l'eau stockée, qui joue le rôle de coût marginal pour ce barrage. On calcule régulièrement cette valeur de l'eau en se projetant sur les 12 mois à venir, en tenant compte des apports hydrauliques passés et potentiels à venir, et des prévisions de l'équilibre offre-demande. Cela est fait pour chaque barrage de tête de vallée. Cela permet d'optimiser l'utilisation de l'eau stockée, en la réservant par exemple plutôt pour les heures de pointe des périodes hivernales.