Stocker de l’hydrogène nécessite de robustes et volumineux réservoirs. Ces bouteilles doivent être sûres : la molécule s’échappe facilement, est extrêmement inflammable et plus explosive que le gaz naturel. Comment l’accumuler massivement pour répondre à la transition énergétique tout en répondant à ces impératifs ? La solution pourrait être de le stocker dans les sous-sols. Une filiale d’Engie va l’expérimenter en France.
L’enthousiasme mondial pour l’hydrogène imposera-t-il de construire de vastes parcs de réservoirs, comme ceux exploités aujourd’hui pour stocker les hydrocarbures en surface ? Ce n’est pas certain, si le projet « Hypster » de stockage souterrain développé par Storengy s’avère efficace et peu coûteux. La filiale de l’énergéticien français Engie va en effet tester en France l’injection d’hydrogène dans des cavités salines. Dans le monde, seuls quatre sites de stockage souterrain d’hydrogène sont recensés, trois aux États-Unis et un quatrième au Royaume-Uni.
Des mines de sel creusées par injection d’eau
Une vieille technique déjà employée pour l’entreposage de grandes quantités de gaz naturel, diesel, essence et pétrole brut. Le creusement s’effectue par simple injection d’eau, qui transforme le sel en saumure et laisse des alvéoles béantes une fois évacuée.
Les réserves stratégiques françaises de carburants sont d’ailleurs conservées de cette façon, dans les gigantesques poches de Géosel à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence).
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Sur son site d’Etrez (Ain), construit à la surface d’un gisement de sel gemme, Storengy accumule aujourd’hui 8 TWh de méthane. Une des cavités souterraines sera bientôt exploitée pour y stocker de l’hydrogène décarboné. De gabarit modeste pour l’expérience (8 000 m³ au lieu de 300 000 m³ en moyenne), elle pourra accueillir jusqu’à 44 tonnes d’hydrogène au maximum. La molécule sera produite par un électrolyseur d’une puissance d’1 MW alimenté en électricité renouvelable à un débit quotidien de 400 kg.
Un projet subventionné par l’Europe
La poche souterraine stockera 2 à 3 tonnes d’hydrogène à ses débuts. Entièrement remplie, elle en contiendra suffisamment pour faire le plein de 1760 autobus. Une aubaine pour les localités voisines de Bourg-en-Bresse et Mâcon, qui envisagent de convertir leur flotte de bennes à ordures et transports publics à l’hydrogène. Storengy annonce avoir commencé les études pour un lancement des travaux en 2022 et une mise en service prévue dès 2023. Le projet est financé à hauteur de 5 millions d’euros par l’Union européenne, pour un coût total de 13 millions.
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Il n’y a pas que les cavités salines: on peut utiliser les poches d’anciens gisements de gaz naturel épuisés, comme par exemple celui de Lacq (voir la mention sur sepra81).S’l s’avérait que ce ne soit pas parfaitement imperméable, on peut toujours stocker indirectement l’hydrogène par réaction de méthanation avec le CO2, (et lutter ainsi contre le réchauffement climatique).Une molécule de méthane par vaporeformage amène à la production de 4 molécules d’hydrogène avce production de CO2, mais celui-ci peut être séquestré ou , mieux, piégé pour donner des produits de grande valeur, notamment des engrais chimiques.Comme indiqué aussi la semaine dernière… Lire plus »