Les développeurs de projets éoliens offshore et les pêcheurs sont sur le point d’enterrer la hache de guerre, tout du moins en mer Méditerranée. Une coopérative de pêcheurs vient, en effet, d’être créée pour apporter des services commerciaux auprès des développeurs de parcs éoliens. Une nouvelle qui va dans le sens d’une meilleure entente entre les deux camps. 

On pressentait déjà un semblant de réconciliation entre la filière de la pêche en mer et celle de l’éolien en mer, autour du parc Provence Grand Large. À l’époque, les pêcheurs locaux et les porteurs du projet pilote avaient réussi à trouver un terrain d’entente. Désormais, en Méditerranée, cette entente pourrait aller plus loin, puisqu’une nouvelle coopérative portée par des pêcheurs vient d’être créée. Appelée Pêcheurs Méditerranée Services (PMS), elle devrait permettre à ces derniers de réaliser des prestations commerciales pour le compte des parcs éoliens, leur apportant ainsi un complément de revenu.

Dans un premier temps, l’objectif de la coopérative est de mettre à disposition des parcs des CTV (Crew Transfer Vessel), ces navires de transports permettant au personnel des parcs d’accéder aux éoliennes. Par la suite, la société pourrait proposer des services de tourisme industriel, de surveillance maritime ou de prêt de navires. Pour l’heure, les fondateurs de cette coopérative ont rencontré les candidats à l’appel d’offre AO6 qui porte sur la mise en œuvre de deux parcs éoliens de 250 MW en Méditerranée.

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Éolien, pêche artisanale et pêche industrielle : une équation complexe

Si cette nouvelle témoigne d’une entente possible entre éolien offshore et acteurs de la pêche en mer, la situation est souvent plus complexe. De manière générale, le positionnement des parcs éoliens offshore suscite régulièrement des conflits en condamnant des zones de pêche. À l’occasion de la dernière consultation nationale sur la planification maritime, les comités des pêches de la façade NAMO (Nord Atlantique Manche Ouest) ont affiché une position claire : ils refuseront toute implantation d’éoliennes offshore dans des secteurs qui impacteraient les activités de pêche. C’est d’ailleurs sur ce sujet que se concentrent les principales requêtes des pêcheurs français, même si des inquiétudes surviennent généralement concernant les potentielles atteintes à l’environnement marin durant les phases de travaux. Cette phase a notamment inquiété les pêcheurs de la baie de Saint-Brieuc, qui craignent, encore aujourd’hui, une baisse de production des Saint-Jacques à cause des nuisances provoquées par l’installation des éoliennes du parc Ailes Marines.

Si une partie de la taxe éolienne, fixée à un tarif de 19 890 euros par an et par MW installé, est censée venir compenser les potentiels désagréments causés aux pêcheurs travaillant à proximité des parcs, elle a fait l’objet de vives critiques, notamment de la part de l’association Bloom. Dans un récent rapport, celle-ci dénonce une répartition inégale de la taxe, au détriment des pêcheurs artisans. Outre l’aspect pécuniaire, les pêcheurs militent pour qu’un équilibre soit systématiquement trouvé afin de permettre le déploiement de l’éolien offshore sans compromettre une filière pêche compétitive.

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Éloigner les parcs éoliens des côtes

L’une des solutions consisterait à éloigner les parcs éoliens des côtes françaises, ce qui permettrait de limiter l’impact de ces derniers sur les activités maritimes, et en particulier sur la pêche. C’est notamment ce qui a permis aux développeurs du PGL de trouver un accord avec les pêcheurs locaux. Si, dans d’autres pays européens comme l’Allemagne, les Pays-Bas ou encore le Royaume-Uni, l’implantation des parcs à tendance à s’éloigner des côtes à mesure que les technologies évoluent, les projets actuellement en développement en France restent souvent à moins de 30 kilomètres de la côte. Dernier projet retenu, le parc Bretagne Sud doit être implanté, au plus près, à moins de 20 kilomètres des côtes de Belle-Île-en-Mer.