La pollution des mers et des océans ne se limite pas aux déchets et substances chimiques qui y sont rejetés. Il y existe une autre forme de pollution, invisible, mais tout aussi dévastatrice : les nuisances sonores sous-marines. Les bruits émis par les activités humaines dans les milieux sous-marins représentent une agression sévère pour les espèces aquatiques, pouvant aller jusqu’à causer leur mort. Afin de limiter ces dégâts, une startup française propose une solution technologique qui serait efficace à plus de 90 %.
Loin d’être un milieu calme où règne le grand silence, le monde sous-marin est animé de bruits d’origines différentes. Alors que certains proviennent de sources naturelles (chants de baleine, vagues, houle…), d’autres sont issus des activités humaines. Ces bruits « artificiels » sont souvent extrêmement puissants. En effet, certains travaux maritimes peuvent générer des bruits allant jusqu’à 260 décibels (dB), bien au-delà du seuil de danger fixé à 90 dB pour l’oreille humaine, par exemple. La faune marine ne sort pas toujours indemne de ces opérations, qui se multiplient pourtant, notamment avec l’essor de l’éolien en mer.
Dans le but de réduire ces nuisances sonores dans les océans, l’entreprise nantaise Greenov a développé une solution baptisée SubSea Quieter (SSQ). Résultant de six ans de recherches et de développement, la technologie a été initialement conçue par Naval Group, un acteur majeur de l’industrie de défense maritime, dans le but de masquer le bruit des sous-marins dans un contexte militaire. Greenov l’a ensuite rachetée et adaptée pour un usage industriel, pour minimiser l’impact environnemental des travaux maritimes sur la vie sous-marine.
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Le SSQ est une membrane acoustique au sein de laquelle une couche d’air peut être introduite. Le gonflage du système peut être piloté à distance. L’insertion d’air dans cette membrane, lorsqu’elle est immergée, altère la propagation du son en raison de la différence des propriétés acoustiques entre l’air et l’eau. Ce phénomène crée un environnement moins propice à la transmission des ondes sonores.
Le principe de fonctionnement de la technologie s’appuie sur divers mécanismes physiques. L’un d’eux est la capacité de la membrane à se déformer sous l’impact du bruit, ce qui lui permet d’absorber une part de l’énergie sonore émise. De plus, cette technologie se distingue par sa structure composée de près de vingt mille fils par mètre carré, créant une structure qui contribue à la réduction des bruits. D’après Greenov, le SSQ parviendrait à neutraliser jusqu’à 99,9 % du bruit pour les fréquences au-dessus de 1 kilohertz. Pour les basses fréquences, celles qui se propagent sur de longues distances sous l’eau, le système assurerait une réduction du bruit d’environ 94 %.
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L’entreprise Greenov a déployé deux variantes de son système, chacune répondant à des besoins spécifiques. La première, nommée « SubSea Quieter Blue Shield », est conçue comme un rideau sous-marin et est particulièrement adaptée aux opérations réalisées dans les zones portuaires. Ce dispositif a été testé en conditions réelles dans le bassin de La-Seyne-sur-Mer, dans le département du Var, durant l’automne dernier.
La seconde variante, le « SubSea Quieter Pile Driving », a récemment fait l’objet d’un test à Saint-Nazaire. Conçue pour prendre la forme d’un cylindre une fois déployée, elle sert à encercler un pieu pendant le processus de battage, confinant ainsi le bruit émis durant l’opération. Les résultats des tests sont prévus pour être présentés au salon Seanergy, un événement dédié aux énergies marines, qui se tiendra à Nantes en juin.
Vers une version plus adaptée aux éoliennes ?
Le système testé à Saint-Nazaire n’est encore qu’un prototype convenant aux pieux de 2,5 mètres de diamètre. Cependant, Greenov travaille sur une version beaucoup plus grande, qui répond mieux aux besoins spécifiques de l’industrie éolienne en mer. Celle-ci est destinée à être utilisée sur des fondations monopieux ayant jusqu’à 12 mètres de diamètre et plus de 60 mètres de hauteur. Avec l’augmentation du nombre de projets de construction de parcs éoliens en mer, la demande pour des solutions efficaces et écologiques pour installer ces structures sans nuire à la vie marine est en hausse. Ce nouveau modèle encore en phase de développement sera testé à La-Seyne-sur-Mer. À terme, le système SSQ Pile Driving sera commercialisé au prix de 5 millions d’euros.