Envolée des prix du photovoltaïque : quelle en est la raison ?
Alors que les prix des modules solaires se sont effondrés depuis une vingtaine d’années, divisant par dix, voire davantage, le coût des installations, ils ont subitement rebondi depuis quelques semaines. Les délais de livraison sont également rallongés et peuvent atteindre trois mois. En cause, les perturbations du commerce international liées à la pandémie, mais aussi la forte augmentation du nombre de projets et de leur ampleur, partout dans le monde.
Les fournisseurs de panneaux évoquent des augmentations de 10 à 20 % depuis janvier. Les prix des composants en cuivre, en aluminium ou en inox, ont également commencé à grimper il y a déjà plusieurs mois, leur hausse atteignant les 30%. Selon les experts que nous avons consultés, les onduleurs vont suivre la même tendance.
Hausse des matières premières
Plusieurs paramètres expliquent cette tendance. Tout d’abord la hausse des matières premières qui affecte de nombreux secteurs industriels. Celui des semi-conducteurs et des composants électroniques est particulièrement touché. Il provoque par exemple des pénuries et l’arrêt de certaines chaînes de montage chez les constructeurs automobiles.
En réalité, la fièvre inflationniste bouleverse toute l’industrie du high-tech. Car les petites puces se retrouvent dans des milliers d’appareils électroniques
Mais, des panneaux d’aggloméré à la colle, de l’acier et du nickel aux mousses plastiques, de très nombreux matériaux, permettant de fabriquer des meubles, des ordinateurs, des smartphones ou des consoles, ont vu leur prix flamber en six mois.
Le constat est clair : la plupart des matières premières sont touchées et c’est inédit depuis la crise financière de 1929.
Lors du premier confinement, de nombreux fournisseurs, en Asie mais aussi en Amérique et en Europe ont fermé leurs usines, et il a fallu du temps pour les relancer alors que la demande était très forte. La répétition de périodes de stop & go a fini par désorganiser les chaînes logistiques et les lignes de production. Les stocks tampons, prévus pour faire face, ont été vidés en peu de temps, et bien que la production ait repris partout, les usines ne peuvent pas suivre la demande.
Hausse du transport
Pour ce qui concerne plus particulièrement les modules photovoltaïques, l’arrivée au pouvoir de Joe Biden aux Etats-Unis, la révision à la hausse des objectifs climatiques à travers le monde et la taille de plus en plus importante des projets alimentent une demande forte un peu partout.
En outre, la hausse des prix du transport s’ajoute à celle des matières et des composants. Si, fin 2019, il fallait débourser 2.500 € pour acheminer un container vers l’Europe, ce prix se situe aujourd’hui entre 11.000 et 12.000 €.
Or, fin 2018, l’Union européenne a supprimé les taxes à l’importation sur les panneaux solaires chinois. Une décision qui a assommé la production européenne, aujourd’hui toujours balbutiante, si bien que le marché européen reste fort dépendant des livraisons en provenance d’Asie, où la demande en panneaux solaires est également soutenue.
Le solaire reste rentable
La question est de savoir si ces hausses sans précédent et d’une ampleur mondiale vont durer où si le phénomène est conjoncturel et passager. « Nous ne sommes pas dans un cycle où les capacités de production ont été détruites et les fabricants n’ont pas intérêt à maintenir les prix trop hauts au risque de limiter la demande », estiment nos interlocuteurs.
Si certains installateurs ont commencé à répercuter en partie le renchérissement de leurs coûts sur leurs tarifs, d’autres ne les ont pas encore adaptés. Chez Engie, les prix des installations n’ont pas bougé depuis le début de l’année.
« Même avec des prix en augmentation, les installations photovoltaïques restent rentables » précisent les différents professionnels que nous avons contactés. D’autant que la tendance va probablement être compensée par les prix de vente de l’électricité sur le marché européen : tous les experts prédisent en effet une hausse du kilowattheure injecté sur les réseaux au cours des prochaines années.
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Commentaires
Je pense que la raison profonde de cette pénurie est la même que pour n'importe quel produit manufacturé puisqu'ils sont tous fait en Chine et que l'ensemble du circuit entre fournisseurs et client a été arrêté à plusieurs reprises depuis presque deux ans à cause du Covid-19.
Ce circuit est une somme de multiples intervenants, sous-traitants, fournisseurs de sous-ensembles, fournisseurs de matières premières, tous intercalant l'industrie du transport entre chaque étage d'intervenant, et tous quelle que soit leur rôle, affecté à un moment où à un autre et pas forcément en même temps par le Covid-19 et certains travaillant en flux tendu sont plus touchés que ceux qui géraient des stocke en aval et en amont. Rétablir la chaine, depuis la fourniture minière jusqu'au client final demande du temps, d'autant que la crise-Covid a été fatale à certains intervenants mineurs incapable de survivre sans une rentrée financière permanente, mais néanmoins indispensables dans la chaine. Ce n'est que cela que l'on constate, un réarrangement du désordre.
L’Europe est un fiasco pour l'industrie solaire. On est bon pour construire des grosses voitures et des avions soutenus à bout de bras (pas de taxes sur le kérosène, subvention aux compagnies low cost), qui bousillent le climat, mais on n'a plus d'industrie solaire...
Les pouvoirs publics européens mettent le paquet sur l'hydrogène alors qu'il s'agit de la dernière chose à développer, car de loin la plus coûteuse. Comment peut-on tolérer de ne pas avoir d'industrie solaire ?
En effet, le pire c'est que quand la politique (était-ce lors du quinquennat de Sarkozy ?) était à fond dans le vert avec des aides à l'installation du matériel elles n'ont pas été conditionnées à la provenance du matériel.
L'effet a été une importation massive de panneaux depuis la Chine alors qu'il existait des fabricants dans l'hexagone.
La construction de panneaux photovoltaïque est possible localement.
Comment peut-on prétendre mener sérieusement une transition énergétique sans (presque) fabriquer de PV ?
L'Europe a mis 7 milliards dans l'hydrogène alors que l'on ne produit quasiment pas de PV ni de batteries...
Qui commande dans cette Europe, quel est le niveau de compétence de ces gens ?
Rien n'est changé depuis des décennies on a transférer le manufacturé là où c'était produit pour le moins cher, c'est tout !
La boussole dirigeante ce n'est que "le moins disant", ils n'ont aucune autre compétence. Ce ne sont tous que des banquiers à la mentalité d'épiciers.
Je ne sais point.
J'ai toujours eu l'impression qu'ils mettaient en place des idées directrices sans s'assurer des détails, dont des possibilités de détourner les financements.
Par exemple il y a rarement des contreparties strictes.
Peut-être d'anciens banquiers, à la tête de la Commission Européenne, à la doctrine mondialiste et ultra-libérale. Cela aboutit à une Europe qui voudrait réaliser une transition énergétique, mais qui ne produit presque aucun PV... C'est pourtant un des premiers produits dont on aurait besoin, après l'eau et l'alimentation !
Certains disent que Merkel a aussi sacrifié l'industrie solaire pour pouvoir vendre des grosses voitures aux Chinois !