Énergie : ces dossiers brûlants qui attendent le nouveau gouvernement


Énergie : ces dossiers brûlants qui attendent le nouveau gouvernement

Illustration : RE.

Agnès Pannier-Runacher, nouvelle ministre de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques, devra aborder rapidement plusieurs dossiers.

Après plusieurs mois de blocage à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale, le nouveau gouvernement Barnier va devoir reprendre en main les dossiers énergétiques toujours urgents. Parmi ces derniers, la question des finances publiques sera déterminante. L’automne parlementaire abordera les discussions sur le budget, avec en toile de fond le débat autour d’une éventuelle taxe sur la production électrique. En somme, soutirer 3 milliards d’euros notamment à EDF pour réduire la dette publique, et ce, grâce à une contribution sur la rente inframarginale de la production d’électricité (CRIM), comme Bruno Le Maire l’avait annoncé avant son départ en Suisse.

Publicité

C’est bien davantage qu’une précédente contribution, qui dépendait des niveaux de prix atteints sur le marché de gros. Ses recettes avaient été de l’ordre de 400 millions d’euros en 2022 et 300 millions en 2023. Du côté de la nouvelle ministre, Agnès Pannier-Runacher juge cette mesure « absurde », tout comme Antoine Armand, à présent ministre de l’Économie.

À lire aussi En pleine crise politique, le gouvernement reporte l’augmentation des tarifs d’utilisation du réseau

Accélérer dans l’énergie et l’adaptation au réchauffement climatique

En parallèle des arbitrages budgétaires, des négociations pressantes attendent le gouvernement, notamment avec EDF. Le PDG Luc Rémont réclame des discussions rapides sur le financement de nouveaux réacteurs nucléaires. Ces investissements sont vitaux pour garantir l’avenir du parc nucléaire français, pilier de la stratégie énergétique nationale. Le débat public avance localement sur les futurs EPR2, comme à Penly où il a terminé depuis 2 ans et à Gravelines où il vient de commencer.

D’autres dossiers majeurs comme la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), stratégie hydrogène restent en suspens depuis plusieurs mois. Ces stratégies visent à orienter la France vers une consommation d’énergie plus propre, avec l’ambition d’atteindre 41 % d’énergie renouvelable d’ici 2030. Une manière de clore le contentieux avec la Commission européenne. L’élaboration de ces plans nécessitera des arbitrages politiques décisifs dans les prochains mois. Le plan national d’adaptation au changement climatique, amorcé par Christophe Béchu alors ministre de l’Écologie, est de nouveau sur la table. Adapter la France à un réchauffement de 4 degrés d’ici la fin du siècle semble plus urgent que jamais.

L’accélération des projets d’énergies renouvelables est également une priorité. Les discussions sur l’éolien en mer avancent, mais la question des concessions des installations hydroélectriques, objet de tension avec la Commission européenne, reste un dossier délicat à résoudre. Une proposition de loi rédigée par le RN sera bientôt examinée en commission des affaires économiques. Quel régime attribuer et à qui confier les concessions hydroélectriques ? Certains sont déjà échus, empêchant tout investissement.

À lire aussi Où est donc passé le ministère de la Transition énergétique ?

Des préoccupations industrielles urgentes

La ministre cinquantenaire devra s’immiscer dans le plan social à General Electric dans l’éolien en mer. Elle devrait veiller sur Carbon, la startup qui n’a pas encore une ligne de production de panneau solaire et qui vient de racheter Photowatt. En parallèle, la structure tarifaire des réseaux électriques (Turpe 7) devra être ajustée, avec des décisions attendues avant août prochain pour garantir des tarifs pour les distributeurs/transporteurs et les consommateurs.

Autant de chantiers cruciaux qui imposeront au gouvernement de prendre des décisions rapides et stratégiques. La question de la régulation du marché de l’électricité, en particulier, devra être tranchée d’ici 2025, car le mécanisme actuel de l’Arenh (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique) arrive à son terme. Les industriels et fournisseurs alternatifs poussent pour une plus grande régulation des prix, alors que les négociations avec EDF peinent à aboutir. Seules quelques lettres d’intention ont été signées.

La ministre aime les situations d’urgence. C’était l’objet de sa nomination à l’énergie, entre 2022 et 2024, puis à l’agriculture. Son profil technique et dynamique ravit une partie de la filière. Maintenant, l’heure est venue de boucler ces dossiers.

Publicité

Sur le même sujet

Copyright © 2024 Révolution Energétique - Tous droits réservés Mentions légales Site édité par Saabre