Dans un pays qui se classe au 3e rang des producteurs de charbon, la décision prise par l’énergéticien Origin de fermer avec 7 ans d’avance sa centrale au charbon d’Eraring, la plus grande du pays, est une excellente nouvelle. L’installation n’est plus viable compte tenu du faible coût des énergies renouvelables, annonce son opérateur.
Neutralité carbone en 2050
Située sur les rives du Lac Macquarie, à environ 120 km au nord de Sydney, et 40 km au sud de Newcastle, la centrale électrique Origin d’Eraring compte aujourd’hui 4 générateurs au charbon de 720 MW chacun. Soit une capacité de production de 2 880 MW, si on ne prend pas en compte le groupe diesel de 42 MW.
Pleinement opérationnel depuis 1984, le site était la propriété de l’Etat de Nouvelles-Galle du Sud jusqu’en 2013 lorsqu’il a été acquis par Origin Energy. Fournissant de l’ordre de 25 % des besoins en électricité du territoire, c’est la seule centrale électrique au charbon du parc opéré par le producteur d’énergie australien.
Politique de décarbonation
L’Australie n’est pas un modèle du genre en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Pourtant son territoire est de plus en plus touché par des incendies particulièrement violents.
Les dirigeants d’Origin Energy n’hésitent pas à se démarquer de la politique environnementale du gouvernement conservateur de Scott Morrison. Ils poursuivent leur propre feuille de route qu’ils rattachent toujours aux objectifs de l’Accord de Paris.
Se voulant engagés « pour un avenir énergétique plus propre et plus intelligent », ils s’activent à réduire les émissions de carbone de l’activité de l’entreprise, tout en développant la part des énergies renouvelables et en augmentant la capacité de stockage. La fermeture prématurée de la centrale d’Eraring entre parfaitement dans ce scénario, déjà en faisant chuter de façon importante l’empreinte carbone de la société.
À lire aussi Les 5 changements de comportement qui réduisent le plus votre impact carboneUne fermeture prévue au départ pour 2032
Au départ, la fermeture de la centrale d’Eraring était programmée en 2032. C’est donc avec 7 ans d’avance qu’elle devrait être mise à la retraite. C’est en tout cas ce qu’Origin Energy a notifié en ce mois de février 2022 à l’opérateur australien du marché de l’énergie, en fixant août 2025 comme nouvelle échéance. Cette procédure déclenche un délai de préavis d’une durée de trois ans et demi.
« Nous reconnaissons que cette nouvelle sonnera comme un défi pour nombre de nos collaborateurs, de nos fournisseurs et de la communauté locale. Ce n’est que le début du processus, et nous nous engageons à consulter nos employés et à les soutenir, à travers toute fermeture potentielle », a assuré Franck Calabria, PDG d’Origin.
Des conditions difficiles à soutenir
De façon générale, les dirigeants d’Origin Energy estiment que la centrale d’Eraring est de plus en plus en décalage par rapport à l’évolution rapide des conditions imposées sur le marché australien de l’électricité. « L’économie des centrales électriques au charbon est soumise à une pression croissante et insoutenable par une production plus propre et à moindre coût, notamment l’énergie solaire, l’énergie éolienne et les batteries », plaide Franck Calabria.
L’entreprise devait notamment trouver des moyens de recycler de façon plus importante ses cendres de charbon. Origin Energy a passé un accord en juillet 2021 pour la fourniture de 900 000 tonnes de ces résidus à Glencore. Il s’agit ainsi de réhabiliter la digue du site minier de Teralba. L’engagement porte sur une durée de 2 ans, obligeant l’énergéticien à trouver ensuite une autre solution pour écouler ses déchets.
Batterie 700 MW/2 800 MWh
Soulignant en conséquence un risque d’augmentation du coût de production de l’électricité, le gouvernement australien semble ne pas apprécier la démarche d’Origin Energy. L’entreprise assure cependant qu’avec de bonnes capacités de stockage associées, les énergies renouvelables sont dès à présents plus compétitives face au charbon.
Et justement, l’idée de l’énergéticien est d’implanter sur le site d’Eraring une unité de stockage par batterie de très haute capacité : 2 800 MWh. Ses 700 MW de puissance permettront de répondre aux besoins énergétiques d’environ 150 000 foyers pendant 4 heures.
Une première tranche serait opérationnelle rapidement afin de faire face à l’arrêt d’une turbine diesel à la centrale de Liddell. Le site devrait être mis entièrement en service à horizon 2026. Du fait du point d’injection déjà présent sur place, la batterie bénéficierait de structures déjà existantes pour sa connexion au réseau électrique.
Une enveloppe de 152,6 millions d’euro
Origin Energy avait déjà chiffré à 240 millions de dollars australiens (152,6 millions d’euros) l’enveloppe à consacrer à la fermeture de la centrale d’Eraring. Le changement d’échéance ne devrait pas avoir des conséquences importantes sur ce budget. Même si l’entreprise se réserve la possibilité de le réévaluer en fonction des investissements à réaliser, et des opérations en cours comme la livraison des cendres à Glencore.
En attendant 2025, l’énergéticien a prévu de développer sa production d’électricité de sources renouvelables de telle sorte qu’elle fasse plus que compenser la chute provoquée par la fermeture de la centrale d’Eraring. Par exemple en augmentant le potentiel de l’unité hydroélectrique de Shoalhaven.
Les dirigeants d’Origin Energy comptent sur les départs en retraite anticipée, les reconversions dans de nouveaux rôles sur place ou ailleurs, et d’autres mesures de soutien pour emporter l’adhésion du personnel.
Eh oui, c’est bien joli de produire de l’énergie en fonction des caprices du temps mais ça ne permet pas de produire à la demande . Pourtant c’est tout à fait possible à l’image de ce qu’on fait avec toutes les énergies pilotables qui demandent de créer des stocks, préalablement à leurs distributions. Le pétrole , le gaz, le charbon , le bois ,le nucléaire sans la matière première qu’il faut extraire du sol, puis transporter, pour ensuite la purifier, puis leurs construire des moteurs adaptés ne seraient pas plus pilotables que les Enr sans ce travail préalable. Avec cette… Lire plus »