Élections législatives : qu’est-ce qui pourrait changer pour EDF ?


Élections législatives : qu’est-ce qui pourrait changer pour EDF ?

Image : RE

L’issue du scrutin législatif français pourrait impacter les activités nucléaires du groupe EDF. Les syndicats s’inquiètent face à cette incertitude alors que des lignes claires sont indispensables pour envisager sereinement l’avenir de la filière.

Jusqu’au 9 juin 2024, le nucléaire français avait de beaux jours devant lui. Dans son discours de Belfort de février 2022, le Président de la République avait notamment annoncé la relance du nucléaire avec la construction de 6 nouveaux EPR2 ainsi qu’une étude portant sur la possibilité d’en construire 8 supplémentaires. EDF s’était donc mise en ordre de bataille pour relever le défi. Pour cela, le groupe a été renationalisé en juin 2023, conformément à une annonce de l’exécutif. Et les sites des 6 premiers EPR2 ont été définis, il s’agira de centrales déjà existantes.

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Un changement de gouvernement menace l’avenir du nucléaire français

Mais les élections européennes du 9 juin sont arrivées, plaçant le parti d’extrême droite du Rassemblement National (RN) en tête, avec 31,37 % des suffrages. Le jour même, le Président de la République prenait la décision de dissoudre l’Assemblée nationale, provoquant de nouvelles élections législatives qui se tiendront les 30 juin et 7 juillet 2024. Quel est le rapport avec l’énergie et en particulier la filière nucléaire française ? D’abord, le Président de la République s’est voulu rassurant en réaffirmant la nécessité de construire 14 nouveaux EPR2. L’idée d’en construire 6 puis d’évaluer la possibilité d’en construire 8 autres est donc abandonnée pour le lancement direct de 14 EPR2.

L’issue du scrutin laisse quand même planer un doute sur l’avenir de l’atome en France puisque le prochain gouvernement ne sera peut-être pas mené par le parti présidentiel. Les syndicats s’en inquiètent notamment parce que les décisions prises par Emmanuel Macron n’ont pas encore été intégrées par la loi. Fin 2023, le gouvernement avait soumis à consultation publique un document qui présentait les grandes orientations de la politique énergétique du pays. Ensuite, un projet de volet programmatique de la loi sur la production d’énergie devait voir le jour (il a finalement été abandonné début 2024). Un projet de décret fixant la programmation pluriannuelle de l’énergie doit également être pris cette année, tout comme un projet de stratégie nationale bas carbone (SNBC) à horizon 2030. Quelle sera la teneur de ces textes si l’exécutif se retrouve en cohabitation en juillet ? La sortie des énergies fossiles par la relance du nucléaire et le développement des énergies renouvelables sera-t-elle toujours à l’ordre du jour ?

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Les chantiers nucléaires risqueraient d’être à l’arrêt jusqu’en 2027

Lancer de nouveaux chantiers nucléaires requiert énormément de temps et d’argent. La secrétaire nationale de la CFE-CGC, Amélie Henri, expliquait ainsi à l’AFP que « ce serait absolument dévastateur pour l’entreprise que de refaire machine arrière ». En effet, les frais déjà engagés l’auront été en pure perte si finalement, les chantiers ne sont pas menés à leur terme.

Faut-il vraiment s’inquiéter de l’issue du scrutin législatif pour l’avenir du nucléaire ? Si le Rassemblement National remportait la majorité des sièges et se trouvait en position de proposer un Premier ministre, cela ne devrait pas perturber les plans déjà arrêtés pour la filière. En effet, le RN est pro-nucléaire, et s’oppose au contraire au développement des énergies renouvelables (ENR). C’est donc plutôt du côté des ENR qu’il faudrait s’inquiéter. Du côté du Nouveau Front populaire qui rassemble plusieurs partis, la France Insoumise s’est déclarée anti-nucléaire. Lors d’un grand oral devant les grands patrons jeudi dernier, Eric Coquerel (LFI) et Boris Vallaud (PS) ont affirmé que le Nouveau Front populaire ne toucherait pas au parc actuel, au moins jusqu’aux élections présidentielles de 2027. Les décisions pour l’avenir de la filière seront donc reportées.

Cette déclaration risque de ne rassurer qu’à moitié les acteurs du nucléaire. D’un côté, le parc existant devrait être préservé et aucune fermeture de centrale ne devrait intervenir dans l’immédiat. D’un autre côté, est-ce que cela signifie que les projets de construction de nouveaux EPR2 seraient à l’arrêt jusqu’en 2027, alors même qu’ils ont déjà été préparés ? Verdict dans quelques semaines.

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