Illustration : Révolution Énergétique.
Un sèche-linge électrique conventionnel consomme énormément d’énergie. Son impact sur la facture d’électricité peut être significatif, selon les habitudes de l’utilisateur. Mais depuis quelques années, certains modèles intègrent une pompe à chaleur particulièrement économe. Grâce à cette technologie, il est possible de réduire considérablement sa consommation sans perdre en performances de séchage. Nous avons testé un modèle à bas coût en conditions réelles.
Il n’y a rien de plus économe que le séchage du linge à l’air libre. Encore faut-il avoir suffisamment de temps et d’espace pour l’étendre. Ainsi, environ 30 % des foyers sont équipés d’un sèche-linge en France, selon l’ADEME. Il s’agit majoritairement de sèche-linges conventionnels, abusivement appelés « à condensation », dont le principe de fonctionnement est très simple : une résistance produit de la chaleur, qui est propulsée dans le tambour au moyen d’un ventilateur. Basique, efficace, mais… très gourmand en énergie. Il n’existait aucune alternative plus économe, outre le bon vieil étendoir, avant la commercialisation du premier sèche-linge à pompe à chaleur à la fin des années 2000.
Qu’est-ce qu’un sèche-linge à pompe à chaleur ?
Le sèche-linge à pompe à chaleur est, lui aussi, « à condensation », mais n’est injustement pas appelé comme tel sur les catalogues commerciaux. Comme le sèche-linge conventionnel, il produit de la chaleur qui est insufflée dans le tambour, puis extrait l’humidité contenue dans l’air chaud par condensation. La grande différence réside dans le moyen de production de la chaleur : il troque la résistance pour une pompe à chaleur. Une machine dont le principe de fonctionnement est strictement identique à nos climatiseurs réversibles, réfrigérateurs-congélateurs et ballons d’eau chaude thermodynamiques.
Dans une pompe à chaleur, la chaleur de l’air ambiant est « pompée » par un gaz caloporteur soumis successivement à des phases de détente et compression. Ainsi, beaucoup moins d’électricité est nécessaire pour produire la chaleur, comparé à une résistance. Cette technologie a été rendue suffisamment compacte pour être intégrée dans un simple sèche-linge.
Jadis très coûteux, les sèche-linge pompe à chaleur sont désormais compétitifs face aux modèles conventionnels. S’ils sont toujours légèrement plus chers (comptez 60 à 100 € de plus à performances égales), l’augmentation du prix de l’électricité les a rendus nettement plus rentables qu’auparavant. L’amortissement lié au surcoût à l’achat est a priori raccourci. Qu’en est-il réellement ?
Sèche-linge pompe à chaleur vs conventionnel : le comparatif
Nous avons acheté le sèche-linge à pompe à chaleur le moins cher du marché à ce jour en France, vendu par une célèbre enseigne d’électroménager à bas prix. Il a remplacé notre précédent sèche-linge conventionnel vieux de 7 ans. Les deux machines revendiquent une capacité de 8 kg pour une puissance électrique de 800 et 2 700 W respectivement.
Pour comparer leurs consommations, nous avons d’abord lavé un lot de vêtements de 5,6 kg, essoré à 1 000 tours/minute. Les conditions de lavage et essorage ont été strictement identiques pour les 2 tests et le lot de vêtements était inchangé (mélange de chemises, t-shirts, pantalons et sous-vêtements). Nous avons utilisé le cycle classique « prêt-à-ranger » de chaque sèche-linge, dont l’usage est recommandé au quotidien dans leur manuel respectif. Dans les deux appareils, le lot de linge est sorti parfaitement sec au toucher. Les puissances et consommations d’électricité ont été enregistrées par le même wattmètre Voltcraft SEM-5000. Voici les résultats que nous avons obtenus :
Sèche-linge pompe à chaleur |
Sèche-linge à condensation |
|
Capacité chargement |
8 kg |
8 kg |
Volume du tambour |
102 L |
112 L |
Puissance nominale |
800 W |
2 700 W |
Classe énergétique |
A++ |
B |
Consommation du cycle standard à pleine charge selon le fabricant |
1,9 kWh |
4,49 kWh |
Consommation du cycle standard mesurée par Révolution Énergétique |
0,99 kWh |
3,12 kWh |
Durée du cycle standard mesurée par Révolution Énergétique |
1h59 |
2h15 |
Prix de vente (année de l’achat) |
350 € (2023) |
352 € (2017) |
Le résultat est tout simplement bluffant. À service rendu égal, la consommation d’électricité du sèche-linge à pompe à chaleur est 3 fois moins élevée que son homologue conventionnel. Une grande sobriété bienvenue, dans un contexte de prix élevés de l’électricité. Par ailleurs, nous avons constaté un autre avantage : la faible puissance électrique en pic. Alors que notre sèche-linge conventionnel appelait jusqu’à 2 700 W, le modèle à pompe à chaleur n’a pas dépassé 600 W (pour une puissance installée de 800 W). Cela nous permet de lancer plusieurs appareils électriques très consommateurs durant les heures creuses sans risquer de dépasser la puissance souscrite de notre abonnement (9 kVA). En hiver, il nous arrivait fréquemment de disjoncter en pleine nuit, lorsque le sèche-linge conventionnel démarrait simultanément au ballon d’eau chaude, lave-linge, lave-vaisselle et convecteurs.
Courbe de puissance d’un sèche-linge à pompe à chaleur
Rentabilité d’un sèche-linge à pompe à chaleur
En se fiant aux performances que nous avons relevées, nous pouvons estimer à un peu moins de 7 ans la durée d’amortissement du surcoût lié à l’achat d’un sèche-linge à pompe à chaleur plutôt qu’un modèle équivalent conventionnel dit « à condensation ».
À l’année, cela représente une économie de près de 51 € sur la facture d’électricité. Si ce n’est pas suffisant pour justifier le renouvellement d’un sèche-linge à condensation encore fonctionnel par une version pompe à chaleur, c’est un bon motif pour choisir cette technologie dans le cadre d’un premier achat ou d’un remplacement de sèche-linge en panne. Ainsi, acquérir un sèche-linge conventionnel neuf semble aujourd’hui ne présenter aucun avantage, au-delà de la légère économie réalisée immédiatement à l’achat. Pourtant, en Europe, le sèche-linge à pompe à chaleur reste minoritaire, avec 47 % des ventes, selon un document de l’ADEME publié en 2017.
Sèche-linge pompe à chaleur | Sèche-linge à condensation | |
Consommation sur 1 an (pour 104 cycles standards, soit une moyenne de 2 cycles/semaine) | 102,96 kWh | 324,48 kWh |
Coût sur 1 an (au tarif du kWh TRV base en 12/2023) | 23,68 | 74,63 € |
Économies réalisées sur 1 an |
50,95 € (221,52 kWh) |
– |
Durée d’amortissement au tarif actuel de l’électricité pour un sèche-linge PAC acheté 350 € | 6 ans 10 mois | – |
Calculs effectués sur la base de nos relevés, pour une charge de 5,6 kg essorée à 1 000 t/m. Durée d’amortissement dans le cas d’un remplacement d’un sèche-linge à condensation toujours fonctionnel.
Notons que, dans le manuel de notre sèche-linge à pompe à chaleur, le fabricant indique que les performances de séchage sont fortement réduites lorsque la température ambiante atteint 0 °C. Enfin, un conseil pour rendre votre sèche-linge particulièrement sobre, qu’il soit conventionnel ou à pompe à chaleur : essorez les vêtements à la plus grande vitesse de rotation proposée par votre lave-linge. Moins humides, ils nécessiteront nettement moins d’énergie pour être séchés par votre sèche-linge.
Sèche-linge à pompe à chaleur : les avantages et inconvénients
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Commentaires
Intéressant, bien sûr. Deux remarques toutefois. Vous comparez, apparemment, deux appareils de même prix (350 euros). Dès lors, la question de l'amortissement d'un éventuel surcoût (c'est bien le surcoût qu'il convient d'amortir et pas le coût total) ne se pose pas: cela devient rentable dès la première année. N'est-ce pas trop beau? Et justement, que peut-on dire de la durée de vie du compresseur (dont on sait que c'est un point faible des pompes à chaleur). même si en matière de durée de vie de tous ces équipements, on n'a aucune information fiable face à un black-out largement entretenu par les constructeurs. Ceux-ci disent que les durées de vie des sèche-linge (PAC et condensation) sont comparables. Est-ce bien sûr?
"Car ce modèle absorbe la chaleur de l’air ambiant." Sic,Je n’en suis pas si sûr...
"Placé dans une pièce de vie, il va « pomper » l’énergie dépensée par vos radiateurs électriques, si vous en disposez." Doublement non...
Un sêche linge à pompe à chaleur fonctionne en circuit fermé, il ne pompe pas la chaleur de l’air ambiant.
Et même s’il le faisait, vu qu’il est entièrement contenu dans la pièce, cela ne changerait rien au bilan.
Ce serait comme éteindre une ampoule dans une pièce chauffée par radiateur électrique. Le bilan est nul, 0 économie, ce qui est économisé dans l’ampoule est perdu dans le radiateur qui compense. ;-)
Bref un sêche linge à pompe à chaleur n’est pas équivalent à une PAC parce que les 2 unités chaude et froide sont contenues dans la même enceinte qui n’a pas d’échange ni avec l’extérieur, ni même en dehors de son enceinte. Dans le bilan total un peu d’électricité rentre, donc le seche ligne chauffe un peu la pièce. Et donc en hiver il est bénéfique qu’il soit dans une pièce chauffée.
Je peut me tromper mais voici ma théorie:
Point de vue bilan énergétique vous avez parfaitement raison, mais en pratique si vous chauffez une piece automatiquement avec un thermostat cela peut changer la donne. Un thermostat ne mesure pas le bilan énergétique mais la temperature de votre piece, donc si pendant 2 heure votre appareil déplace de l'energie de la piece a son intérieur le thermostat vas allumer le chauffage ( chose qu'il n'aurais peut être pas fait sans sèche linge..). Très intéressants ces problèmes de physique ;-)
C'est justement lorsqu'on chauffe une pièce avec un thermostat / radiateur électrique que cela ne change rien au bilan. Supposons un sèche linge qui absorberait de la chaleur dans la pièce (1er non, puisque les séches linge à pompe à chaleur fonctionnent en circuit fermé donc ne prennent pas de chaleur dans la pièce, mais admettons) Pendant 2h effectivement le radiateur marcherait plus souvent pour maintenir la température. Puis lorsqu'on ouvre le sèche linge, la chaleur accumulée retourne dans la pièce. Le radiateur fonctionne moins parce qu'il a un thermostat. On a des pertes constante de la pièce vers dehors, parce que la température extérieure à la pièce est constante, ce qui est grosso-mode vrai sur 2-3h, et la température intérieure stable, obtenue grace au thermostat. Cela explique ma remarque "doublement non" à l'article depuis corrigé. Au final, l'électricité consommé par le sèche-linge sera exactement celle non-consommée dans le radiateur. Avec un radiateur électrique à thermostat; en hiver, qu'on allume ou pas une ampoule électrique, à filament, néon ou led, et/ou qu'on allume ou pas le sèche linge, cela ne change strictement rien à la consommation électrique. Dans la pièce, la consommation électrique totale reste identique, qu'elle soit dissipée dans le radiateur, l'ampoule ou tout autre appareil, tant qu'on ne dépasse pas le besoin réel en chauffage pour maintenir la température stable. Pour maintenir la température stable les apports, peu importe d'où ils viennent doivent être identiques aux pertes qui ne dépendent que de la différence de température intérieure/extérieure. Si on utilise une PAC pour chauffer, avec un rendement supérieur à 1, ce n'est plus vrai évidemment, et dans ce cas il vaut mieux limiter ses consommations pour maximiser le chauffage par la PAC.
Bonjour! Merci réponse très claire :-) Un dernier point. Je ne sais pas si le cas avec ce sèche linge décrit dans l'article, mais moi par ex avec le mien j'ai l'habitude de jeter l'eau chaude crée dans le lavabo. Est-ce que cette habitude ne ferai pas sortir de l'energie du système "appartement" et obliger une plus grande dépense énergétique pour la récupérer?
Bonne journée à tous
Merci beaucoup pour votre article. Il y’a quelques erreurs. Le sèche linge à pompe à chaleur a une consommation 3,15 fois moi élevé que la version conventionnelle et non 2,4 fois. Selon vos relevés.
L'emplacement du sèche linge à pompe à chaleur importe peux. Il ne va pas retirer de la chaleur de la maison il va en rajouter. Le système est en boucle fermé il crée du chaud pour évaporer l’humidité du linge et du froid pour condenser la vapeur. Le résultat est donc un apport de chaleur dans la pièce, correspondant à sa consommation électrique. Si il a consommé 1kwh il a apporté ce même 1 Kwh dans la pièce.
Plus précisément, la PAC consomme 1 kWh électrique mais n’en dissipe dans la pièce que ses pertes (~10% soit 0,1 kWh? ) qui « réchauffent » la pièce (un moteur de X kW qui aurait des pertes nulles ne chaufferait pas la pièce). Mais pour générer de l’air chaud dans la machine, la PAC a prélevé l’énergie dans la pièce (de l’air plus froid sort de la PAC). il ne reste donc que les pertes de la PAC - energie de condensation (prélevée dans la pièce) pour chauffer la pièce. Ça ne doit pas être énorme . C’est un peu comme si on mettait l’unité extérieure d’une PAC de chauffage dans la maison. On ne chaufferait pas grand chose et on aurait beaucoup de condensation …
Le sèche linge à pompe à chaleur fonctionne en circuit fermé, il ne prélève ni ne rejette d’air dans la pièce, l’eau est sous forme liquide dans les vêtements, évaporée par l’air chaud sec qui les traversent, cet air chaud et maintenant humide passe dans le condenseur (côté froid de la PAC) la vapeur est condensée puis l’eau liquide part dans un bac (ici faut pas que ça gèle...) l’air froid sec passe ensuite sur le radiateur côté chaud de la PAC ce qui en fait de l’air chaud et sec, et le cycle est bouclé. Au final, rien n’a été échangé avec l’exterieur sauf l’électricité qui est rentré, l’eau liquide s’est déplacé des vêtements vers le bac de récupération et est toujours liquide. Globalement le sèche à chauffé comme un tout petit radiateur à accumulation de 500W (masse non négligeable).
Pas tout à fait... Imaginons une grande pièce (~ 50 m3) avec une boite métallique de 1m3. Température pièce = T2 et température boite = T1 et T1>T2. Le t-shirt dans la boite va sécher. L'évaporation de l'eau va prélever une Energie Eo à l'air de la boîte. T1 va diminuer. Puisque les parois de la boite sont froides (T2<T1), la vapeur d'eau va se condenser sur les parois et être évacuée par un tuyau. C'est un sèche- linge à condensation. Si il ya beaucoup de linge ã sécher, TI va trop baisser et l'évaporation va ralentir puis s'arrêter. Pour la pièce le bilan est quasi nul, car les énergies d’évaporation et condensation sont équivalentes.
1) on ajoute une résistance électrique qui maintient TI élevé moyennant une dépense d’énergie électrique. Tout le linge peut sécher.
2) on ajoute une PAC qui déplace de la chaleur de la pièce dans la boite moyennant aussi une dépense d’énergie électrique, mais environ trois fois moindre que avec la résistance: T1reste élevé et T2 reste bas. Double effet. L’effet principal reste le maintien de T1 haut, car le volume de la pièce est beaucoup plus grand que celui de la boîte.
il y a donc bien un échange d’énergie entre la pièce et le sèche-linge à condensation. En première approximation, on peut considérer que c’est la pièce qui est en circuit fermé. À condition qu’elle soit suffisamment grande par rapport au sèche-linge.
Desolé, merci de supprimer la réponse « Globalement d’accord… », il y a une erreur.
Globalement d’accord a un bémol près: la machine restitue à la pièce 1 kWh - énergie de condensation des x l d’eau condensée, énergie prise dans l’air ambiant. Car la PAC ne fait que remplacer la résistance de chauffage, la condensation se faisant toujours de la même façon, sauf erreur de ma part.
Effectivement, vous faites une erreur.
L'énergie demandée pour faire passer l'eau du linge en phase vapeur est récupérée par l'évaporateur de la PAC puis restituée au condenseur pour réchauffer l'air qui circule en boucle.
Donc, comme expliqué plus haut, la seule énergie produite dans la maison est celle consommée par le moteur du compresseur (énergie de transvasement) et elle n'est qu'une fraction de celle qu'il aurait fallu pour faire évaporer l'eau au moyen d'une résistance chauffante.
Merci, c'est corrigé.