Se lancer dans un projet de centrale solaire suppose de s’interroger au préalable sur la manière dont on souhaite utiliser sa production d’électricité. Il est possible de la revendre en totalité au réseau, ou de l’autoconsommer en vendant ou non ses excédents de production au réseau. Enfin, une troisième voie consiste à autoconsommer la totalité de sa production. Dans ce cas, il est primordial d’adopter de bonnes pratiques pour éviter de se retrouver avec des panneaux solaires sous-exploités. La rentabilité de votre installation en dépend. Voici 5 astuces pour valoriser au mieux votre production solaire.

1 – Bien dimensionner sa centrale solaire

Afin d’être en mesure de consommer la totalité de sa production, il est indispensable de bien concevoir son installation photovoltaïque avant achat. Une centrale solaire surdimensionnée compliquera la consommation de la totalité de l’énergie produite, surtout en plein été, lorsque la production est abondante et la consommation plus faible qu’en hiver.

Si vous installez vos panneaux vous-mêmes, vous devrez donc minutieusement déterminer le nombre de panneaux dont vous avez besoin. Pour cela, il est possible de recourir aux multiples simulateurs en ligne, souvent proposés par les vendeurs, qui permettent de connaître les caractéristiques de l’installation solaire dont vous avez besoin en fonction de plusieurs critères : votre consommation, l’orientation de votre installation et votre localisation. Si vous passez par un professionnel, il vous aidera à configurer votre parc solaire en fonction de vos usages. Sachez toutefois qu’une installation de 3 kWc convient à une majorité de particuliers, cette puissance correspondant au fonctionnement simultané d’un lave-linge et d’un lave-vaisselle à pleine charge.

Avec une installation calculée au plus juste des besoins du foyer, il sera plus simple de parvenir à autoconsommer toute la production. Il est également possible de sous-dimensionner légèrement son parc solaire, afin d’être certain de ne pas avoir de perte de production. Cette solution est toutefois risquée si vous souhaitez être en autonomie énergétique, c’est-à-dire ne pas dépendre du réseau, comme dans le cas d’un site isolé notamment.

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2 – Adapter ses usages à la production solaire en temps réel

Avoir une installation solaire nécessite de revoir sa manière de consommer. En effet, pour utiliser au maximum l’électricité des panneaux, il faut décaler ses usages au moment du pic de production. C’est donc généralement entre 10 h et 16 h qu’il faut faire tourner son lave-linge, lave-vaisselle ou sèche-linge, recharge de voiture électrique, pompe de piscine, voire son ballon d’eau chaude sanitaire et pompe à chaleur (climatiseur). Ceux qui sont absents de leur domicile pendant la journée, en semaine particulièrement, peuvent programmer leurs appareils électroménagers pour qu’ils se mettent en marche à la mi-journée. Il existe également des appareils spécifiquement conçus pour démarrer en fonction de la production solaire et des délesteurs, qui allument automatiquement le ballon d’eau chaude lorsqu’il y a un excédent solaire.

Selon l’ADEME, l’eau chaude sanitaire représente jusqu’à 20 % de la consommation d’énergie d’un ménage, ce qui n’est pas négligeable. Il est donc intéressant d’activer cet appareil pendant le pic de production du parc solaire. Enfin, si vous devez changer votre appareil de production d’eau chaude, il peut être intéressant d’étudier la possibilité d’investir dans un chauffe-eau thermodynamique bien plus économe en énergie.

3 – Installer un gestionnaire d’énergie solaire pour piloter ses panneaux photovoltaïques

Pour se faciliter la vie au quotidien tout en se rapprochant de l’autoconsommation de la totalité de sa production, le gestionnaire d’énergie solaire peut jouer un rôle crucial. Son rôle est de piloter l’installation solaire pour gérer l’électricité produite afin de maximiser le taux d’autoconsommation. Ainsi, en fonction du niveau de production, le gestionnaire d’énergie va flécher l’électricité vers les appareils électriques de la maison. En cas de surplus de production solaire, il pourra le diriger vers des batteries de stockage ou vers le ballon d’eau chaude, voire le chauffage ou la climatisation.

Le gestionnaire d’énergie solaire constitue un outil de monitoring indispensable pour les utilisateurs qui souhaitent maximiser leur taux d’autoconsommation sans y consacrer trop de temps. En effet, rester vigilant chaque jour pour décaler ses usages et maximiser son taux d’autoconsommation peut devenir fastidieux à la longue. L’investissement dans un tel équipement n’est toutefois pas anodin. Le prix dépend des fonctionnalités désirées et de la taille du parc solaire. Il faut compter 200 euros minimum pour les modèles les moins chers.

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4 – Investir dans des batteries pour stocker son surplus photovoltaïque

À quelques exceptions près, atteindre 100 % d’autoconsommation solaire sans moyen de stockage est très complexe. En effet, il existe de grandes variations de production d’un jour à l’autre, en fonction des conditions d’ensoleillement. Même en programmant ses appareils pour qu’ils fonctionnent en milieu de journée, il est difficile d’utiliser la totalité de la production, lorsque l’installation tourne à plein régime, en été. Car les lave-linge et lave-vaisselle, entre autres, ont une puissance fluctuante lors de leurs cycles. Lorsque l’appareil est en phase de chauffage de l’eau, la puissance est très élevée et la totalité de la production solaire peut être consommée. Puis, la puissance chute brutalement quand l’appareil est en simple phase de lavage. La production solaire devient alors excédentaire.

Pour ne pas perdre ce surplus de production qui serait alors redistribué gratuitement au réseau public, il est possible d’investir dans une batterie. Son rôle sera de stocker l’excédent de production pour pouvoir l’utiliser à la demande, en fonction des besoins. Toutefois, il faut savoir que les batteries représentent un coût non négligeable qui alourdit la facture totale de l’installation solaire. Mais elles restent indispensables pour les sites isolés qui ne sont pas raccordés au réseau et pour les usagers qui veulent atteindre 100 % d’autoconsommation. En pratique, trois types de batteries existent. Les batteries au plomb sont peu coûteuses, mais durent moins longtemps qu’une batterie au nickel, laquelle souffre toutefois de niveaux d’autodécharge très élevés. La meilleure option reste la batterie lithium-ion en raison de sa longévité et de son efficacité. Toutefois, elle reste onéreuse.

Il existe aussi la possibilité de miser sur les batteries virtuelles. Il ne s’agit pas de batteries au sens propre, mais d’un contrat passé avec un énergéticien qui permet de faire basculer vers le réseau public le surplus de sa production photovoltaïque. On dit qu’elle est stockée virtuellement, mais en réalité, elle est juste comptabilisée. L’usager peut ensuite utiliser le même volume de consommation, quand il en a besoin. Cette solution n’est évidemment pas gratuite et nécessite de signer un contrat avec un fournisseur. L’usager devra s’acquitter du coût d’acheminement et des taxes et contributions lorsqu’il fera appel à l’électricité stockée virtuellement sur le réseau. De plus, la batterie virtuelle ne permet pas de bénéficier de la prime à l’autoconsommation ni du tarif de rachat prévu en cas de revente du surplus de production. Enfin, elle suppose de faire appel au réseau pour « stocker » son surplus photovoltaïque, ce qui peut représenter un frein pour certains usagers qui préfèrent s’en passer, soit par principe, soit parce qu’ils n’y sont pas raccordés.

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5 – Recharger sa voiture électrique en pleine journée pour utiliser toute sa production solaire

Enfin, une dernière option pour envisager d’atteindre l’autoconsommation totale de sa production solaire requiert la présence d’un véhicule électrique. Recharger la batterie d’une voiture électrique peut en effet servir à emmagasiner le surplus de production, grâce à sa grande batterie. Cette solution présente un inconvénient puisqu’elle suppose que la voiture est présente sur place pendant la journée. Or, la plupart des gens travaillent à l’extérieur de leur domicile et rechargent leur véhicule électrique la nuit.

Utiliser la batterie de son véhicule électrique pour absorber son surplus de production n’est donc réservé qu’aux personnes travaillant depuis leur domicile ou se rendant au travail autrement qu’en voiture. Lorsque cela est possible, c’est une solution intéressante qui peut permettre de consommer toute sa production solaire. À l’avenir, il devrait même être possible d’utiliser la batterie de son véhicule électrique comme moyen de stockage pour réutiliser l’électricité dans la maison, grâce à l’installation d’une borne bidirectionnelle. On appelle ce système V2H (vehicle to home). Pour l’instant, la solution n’est pas très développée en France, mais cela pourrait changer puisque les constructeurs travaillent à développer ce genre de projets.

Pour conclure, il faut être conscient au moment de se lancer dans un projet solaire qu’il est difficile d’utiliser la totalité de sa production. Les quelques conseils précités permettent de s’en rapprocher, mais dans les calculs de départ, il vaut mieux garder en tête que l’autoconsommation de toute sa production n’est pas évidente. Finalement, le taux d’autoconsommation dépendra des pratiques mises en place dans la maison pour tirer le meilleur parti de l’installation solaire.