Les énergies renouvelables sont régulièrement critiquées pour leur intermittence, ce qui représenterait un risque de déséquilibre du réseau électrique. Qu’en est-il précisément s’agissant des hydroliennes ? Leur production est en réalité plus prévisible qu’il n’y paraît.

La production d’électricité en France est principalement décarbonée. Après le nucléaire qui en assure la majeure partie avec près de 65 % de la production (chiffre RTE 2023), vient l’hydraulique avec environ 12 % et l’éolien pour plus de 10 %. Le solaire atteint 4,4 % du mix électrique. Hormis le nucléaire qui est une source de production décarbonée, mais pilotable, les autres relèvent de la catégorie des énergies renouvelables. Leur particularité est de fonctionner grâce à des éléments naturels : l’eau, le soleil et le vent.

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Qu’est-ce que l’intermittence des énergies renouvelables ?

Or, ces ressources naturelles ne sont pas constantes dans le temps. Le soleil brille de façon variable et uniquement en journée, le vent n’a pas la même force partout et tout le temps et l’eau peut subir des sècheresses à certaines périodes. On entend souvent à ce titre que les énergies renouvelables sont intermittentes. En réalité, le terme est mal choisi puisqu’il laisse supposer que la production renouvelable s’arrête subitement puis redémarre sans prévenir. En fait, les météorologues peuvent prévoir la force des vents et la météo qu’il fera plusieurs jours à l’avance. Mais il est clair qu’on ne peut pas anticiper précisément la production renouvelable puisque dans une journée, il peut y avoir par exemple plus ou moins de nuages qui vont avoir un impact sur la production des centrales photovoltaïques ou des rafales de vent plus ou moins fortes qui vont avoir un effet sur les parcs éoliens.

C’est la raison pour laquelle il est indispensable que le mix électrique composé d’énergies renouvelables contienne également des moyens de production pilotables. C’est le cas du nucléaire par exemple ou des centrales au gaz, au charbon ou celles qui fonctionnent grâce à la biomasse. Ces sources de production pilotables permettent d’ajuster l’offre à la demande et de maintenir l’équilibre du réseau. Elles sont donc complémentaires aux sources de production issues des énergies renouvelables.

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L’hydrolien : une intermittence relative

Une des énergies renouvelables dont on entend peu parler est l’hydrolien. Il s’agit d’une technologie qui utilise les courants marins ou fluviaux pour produire de l’électricité. Des turbines installées sous l’eau sont mises en mouvement grâce aux courants aquatiques, ce qui permet de produire de l’énergie. Contrairement à l’éolien en mer, l’hydrolien présente l’avantage d’être invisible depuis le littoral puisque les turbines sont immergées. Il n’y a donc pas d’impact visuel sur le paysage, contrairement aux autres énergies renouvelables qui sont souvent critiquées à ce niveau. En outre, l’hydrolien présente un fort potentiel de production, dès lors qu’elle est placée dans les courants marins réputés les plus forts, comme en France, au niveau du raz Blanchard, dans une zone située au sud-ouest du Cotentin.

Mais peut-on considérer que l’hydrolien est intermittent ? Les hydroliennes dépendent des marées pour produire de l’électricité, on pourrait donc en déduire qu’elles sont intermittentes. Toutefois, on a vu précédemment que le terme n’était pas le plus adapté aux énergies renouvelables et il en va de même pour l’hydrolien. En effet, la production hydrolienne est beaucoup plus prévisible et stable que l’éolien ou le solaire par exemple puisque les marées sont un phénomène stable qui intervient deux fois par jour de façon immuable même si la force des courants n’est pas toujours la même. L’hydrolien est finalement une source de production qui est beaucoup plus prévisible que d’autres énergies renouvelables.

Enfin, si la filière de l’hydrolien n’est pas très développée dans le monde, c’est parce qu’elle fait face à des défis techniques et économiques. Toutefois, la situation pourrait évoluer et des projets sont en cours, notamment en France, avec le projet Flowatt qui sera installé au large de la Normandie. Le chantier de construction, soutenu par l’État, devrait débuter l’an prochain et le site devrait atteindre une puissance de 17,5 mégawatts (MW).