Les coûts du réseau deviendront l’un des principaux facteurs de hausse des factures d’électricité, prévient le régulateur européen, l’Acer.
De grands défis attendent les transporteurs et distributeur d’électricité. Avec la croissance effrénée des énergies renouvelables, « contenir la hausse [des coûts du réseau] est essentiel pour la compétitivité » de l’électricité, prévient l’Acer. Détail des coûts, planification, innovation, elle détaille ses préconisations.
Des besoins croissants en capacité
D’ici 2030, l’Union européenne devra ajouter 66 gigawatts (GW) de capacité transfrontalière, selon le rapport de l’Acer, pour répondre à l’augmentation prévue de la production éolienne et solaire. Par exemple, la capacité éolienne installée devrait doubler pour atteindre plus de 420 GW d’ici 2030, tandis que la capacité solaire devrait presque tripler, passant de 260 GW à 700 GW. Par ailleurs, l’électrification du chauffage augmentera de 50 % et les véhicules électriques, dont le nombre devrait être multiplié par dix, atteindront 30 millions d’unités en circulation.
D’ici 2040, les besoins en capacité transfrontalière devraient croître de 24 GW supplémentaires, portant le total à 90 GW. Cependant, à ce jour, environ 32 GW nécessaires d’ici 2030 et 37 GW d’ici 2040 ne sont couverts par aucun projet planifié. À l’inverse, 26 GW de projets prévus ne répondent pas à des besoins identifiés, soulignant la nécessité d’une planification plus ciblée.
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La durée moyenne de réalisation des projets de transmission électrique est actuellement de 14 ans. Les étapes de planification et d’approbation, qui incluent les études de faisabilité et les consultations publiques, représentent environ 5,6 ans, tandis que le processus de permis s’étend sur 5 années supplémentaires. La construction proprement dite, elle, dure en moyenne 5,7 ans. Aujourd’hui, 60 % des projets européens voient leur calendrier initial décalé, principalement en raison des procédures d’autorisation.
En termes financiers, les investissements dans les infrastructures électriques devront doubler, atteignant entre 75 et 100 milliards d’euros par an jusqu’en 2050. Ces investissements pourraient entraîner une augmentation des coûts des réseaux pour les consommateurs, estimée entre 50 % et 100 % par rapport aux niveaux actuels. D’après les projections, les consommateurs connectés aux réseaux de distribution devraient supporter environ deux tiers de ces coûts à l’horizon 2050.
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Pour répondre à ces défis, l’ACER propose plusieurs leviers. Une planification intégrée des réseaux électriques, gaziers et hydrogène permettrait de mieux prioriser les projets tout en optimisant les ressources. Par ailleurs, l’adoption de technologies innovantes, comme les technologies d’amélioration des réseaux (GETs), pourrait augmenter la capacité sans nécessiter de nouvelles infrastructures majeures.
L’Union européenne a déjà montré sa capacité à coordonner des efforts d’envergure, notamment via le cadre TEN-E et les projets d’intérêt commun (PIC). Parmi les 105 projets suivis par l’ACER, 39 % ont respecté ou avancé leurs échéances, une dynamique encourageante pour la suite.