Filière encore confidentielle, la gazéification hydrothermale est une technique qui permet d’extraire du gaz renouvelable de déchets liquides tels que le purin, les boues d’épuration ou certains effluents organiques industriels. Un groupe de travail piloté par GRTgaz s’est constitué pour favoriser l’émergence de projets démonstrateurs et préparer l’industrialisation de la technologie. Prenant exemple sur le modèle hollandais, Leroux & Lotz Technologies ainsi que VINCI Environnement sont les 2 premières sociétés françaises à se lancer dans l’aventure, soit dans le développement direct du procédé, soit dans une collaboration avec un développeur.
L’invasion de l’Ukraine souligne l’importance pour l’Europe de gagner en indépendance énergétique, notamment pour l’approvisionnement en gaz. L’Union Européenne souhaite doubler ses objectifs de production de gaz renouvelables en le portant à 35 milliards Nm3 par an. Pour y parvenir, une nouvelle technologie prometteuse, la gazéification hydrothermale, pourrait apporter sa pierre à l’édifice.
À lire aussi Guerre en Ukraine : la France et l’Europe prennent des mesures pour favoriser le biométhaneConvertir en gaz les déchets organiques liquides
Il s’agit d’un procédé thermochimique à haute pression (250 à 300 bar) et à haute température (entre 400 à 700°C) qui consiste à traiter et convertir en un gaz renouvelable des déchets organiques liquides contenant peu de matière sèche (entre 5 et 25%).
Une étude menée par GRTgaz, l’un des deux gestionnaires du réseau de transport de gaz en France, a identifié quatre gisements d’intrants particulièrement pertinents pour la gazéification hydrothermale : les boues de stations d’épuration des eaux usées, les digestats issus des installations de biométhanisation, les effluents organiques humides d’activités industrielles ou agricoles comme par exemple le lisier et le fumier d’élevage.
À lire aussi Riothermie : à Bruxelles un procédé innovant utilise les eaux usées pour climatiser des bâtimentsUn gaz riche en méthane et hydrogène
Le procédé permet de produire un gaz de synthèse riche en méthane, hydrogène et gaz carbonique, dont les proportions varient en fonction des caractéristiques de la biomasse traitée et des conditions opératoires (température, pression, débit, etc.).
Le transporteur estime qu’il existe un gisement potentiel de 400 millions de tonnes annuelles de biomasses humides qui, par ce procédé, pourrait permettre de produire plus de 50 TWh de gaz à l’horizon 2050, équivalent à 15 % de la consommation de gaz de l’Hexagone à cette date.
Table ronde
Afin de valoriser les avancées des acteurs de la gazéification hydrothermale en France et d’avoir un regard croisé avec des représentants des filières hollandaise et suisse, une table ronde sera organisée ce mercredi 30 mars. Elle traitera des facteurs de réussite de l’industrialisation de la filière française et accueillera notamment la société néerlandaise SCW Systems. Avec son pilote à l’échelle industrielle, cette entreprise a démontré en 2019 sa capacité à maîtriser l’ensemble du processus de gazéification et d’injection dans le réseau de gaz à haute pression. SCW Systems, travaille actuellement à la mise en service de son premier projet de démonstrateur industriel de 20 MW aux Pays-Bas. La trajectoire « gazéification hydrothermale » de ce pays est très ambitieuse, son objectif étant de produire, d’ici 2030, 11 TWh par an, soit 57% de la consommation totale de gaz renouvelables des Pays-Bas.
À lire aussi Première mondiale : Gaya transforme des déchets solides en gaz vert À lire aussi La France prépare la révolution du gaz vert
Fantastique, mais les produits cités contiennent de l’azote organique, un fertilisant de grande valeur qui sera détruit dans le process. Et par ailleurs on va dépenser des fortunes en énergie à synthétiser des engrais chimiques.
Travaillons à améliorer la valorisation de ces engrais (ce qui se fait déjà)