Juin 2019 : une fuite dans une station d'hydrogène en Norvège provoque une explosion
C’est une petite bombe que lancent certains scientifiques et climatologues du GIEC. Selon eux les fuites d’hydrogène dans l’atmosphère contribuent de façon non négligeable à l’effet de serre. Leur impact est si puissant qu’elles pourraient saper l’avantage de l’utilisation de cette énergie dans la transition énergétique.
L’hydrogène vert sera-t-il la recette miracle qui sauvera notre climat ? L’Europe et dans son sillage plusieurs gouvernements, semblent y croire. L’un après l’autre, ils élaborent des plans pour développer la filière à coups de milliards d’euros d’aides publiques. «L’hydrogène a le vent en poupe et la Commission européenne est déterminée à le faire avancer davantage », a par exemple déclaré récemment Sarah Nelen, chef de cabinet de Frans Timmermans, le vice-président de la Commission, en charge du Green Deal européen. Quant à Emmanuel Macron, il ambitionne tout simplement dans son plan «France 2030», de faire du pays « le leader de l’hydrogène vert ».
200 fois plus néfaste que le CO2
« Pas si vite » préviennent certains scientifiques. Steven Hamburg est un ancien professeur de sciences environnementales qui a été l’un des principaux auteurs des rapports du GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Il est à présent scientifique en chef de l’Environmental Defense Fund (EDF), une organisation à but non lucratif basée aux États-Unis.
« L’hydrogène est un puissant gaz à effet de serre lorsqu’il fuite dans l’atmosphère » a-t-il déclaré à Euractiv. « Il a une courte durée de vie mais, à masse égale, il est 200 fois plus néfaste que le dioxyde de carbone (CO2) ».
En réalité, l’impact de l’hydrogène est indirect : il prolonge la durée de vie dans l’atmosphère du méthane, dont on sait que le potentiel de réchauffement global[1] est élevé. En outre, les réactions de l’hydrogène dans la troposphère avec les autres gaz qui la composent, participent à la formation d’ozone et de vapeur d’eau, et ces molécules accroissent aussi l’effet de serre.
La contribution indirecte des fuites d’hydrogène dans l’atmosphère au réchauffement global est si importante qu’elle « pourrait saper les avantages climatiques des efforts de décarbonation », a prévenu Ilisa Ocko, une climatologue senior de l’EDF qui s’est exprimée lors d’un événement organisé par Euractiv fin septembre.
Fuites d’hydrogène : insuffisamment étudiées et sous-déclarées
Les scientifiques de l’EDF ne sont pas les seuls à s’inquiéter. Ceux de l’institut CICERO à Oslo étudient également les impacts climatiques de l’hydrogène. Un document de recherche préliminaire, publié sur leur site web, indique : « les émissions d’hydrogène dans l’atmosphère peuvent très probablement provoquer un réchauffement climatique par le biais d’effets indirects ». « La question est probablement insuffisamment étudiée et définitivement sous-déclarée », précise quant-à-lui Falko Ueckerdt, scientifique principal à l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact climatique, un organisme financé par le gouvernement allemand.
Les chercheurs qui se sont penchés sur la question ont établi des parallèles entre l’hydrogène et le méthane, affirmant que les deux gaz ont des tendances similaires à s’échapper des réservoirs, tuyauteries et autres équipements, a déclaré Mike Fowler, directeur de la recherche sur les technologies énergétiques avancées à la Clean Air Task Force (CATF), une organisation environnementale américaine. Selon un article récent de M. Ueckerdt, les fuites de méthane se situent généralement entre 0,5 et 3 %.
Les risques de fuites sont importants
Mais comme l’hydrogène est la plus petite des molécules gazeuses, les risques de fuites sont plus importants qu’avec n’importe quel autre gaz. Il est en effet difficile de rendre complètement étanche les réservoirs et tuyauteries contenant de l’hydrogène, surtout lorsque celui-ci est comprimé à très haute pression : il peut s’échapper par des ouvertures microscopiques. Ainsi, mêmes les meilleurs réservoirs ne sont jamais complètement étanches : ceux des voitures à hydrogène, par exemple, peuvent se vider en quelques semaines, même quand le véhicule est à l’arrêt.
Selon les estimations des scientifiques, la production et l’utilisation d’une tonne d’hydrogène pourrait laisser s’échapper entre 5 et 30 kg de ce gaz. Cette fourchette aurait le même impact sur le climat que 1 à 6 tonnes de CO2.
L’autre risque lié aux fuites d’hydrogène est dû à la grande inflammabilité de ce gaz, comme l’ont démontré des accidents survenus dans des stations de distribution d’hydrogène. Mais « l’hydrogène est plus cher que le gaz naturel » explique Gniewomir Flis, un expert du groupe de réflexion allemand Agora Energiewende. Pour ces raisons, il estime, de son côté, que les industriels seront incités à prévenir les fuites dans les infrastructures.
________________________________
[1] Le potentiel de réchauffement global ou PRG est un facteur de conversion qui permet de comparer l’influence de différents gaz à effet de serre sur le réchauffement climatique.
Commentaires
hydrogène toujours le même problème des scientifique qui travail dans une entreprise qui a d'autre Energie a défendre éolien pale non recyclable pile pour voiture polluent lithium qui di la vérité
Bonjour,
L'article me laisse extrêmement perplexe car il faudra m'expliquer par quelle réaction dans la chimie de l'atmosphère, l'hydrogène moléculaire permet de ralonger le temps de résidence du méthane d'une part et d'autre part, par quelle puissant miracle ce gaz qui possède la plus faible masse molaire (2g/mole) n'échappe pas à l'attraction terrestre pour se perdre dans l'espace...
On n'a pas peur des fuites pour le nucléaire mais on a peur des fuites pour l'hydrogène, c'est ça ? Enfin voyons pourquoi voulez-vous qu'il-y-ait des fuites si c'est sécurisé. Ok l'erreur est humaine mais on court plus de risques avec des fuites radioactives qu'avec des fuites à l'hydrogène me semble t-il... Alors revoyez bien la balance bénéfice-risques SVP. Pour rappel, la fusée Ariane fonctionne à l'hydrogène.
Bonjour
Pouvez vous svp partager le lien vers le document préliminaire de CICERO? Je ne l'ai pas trouvé sur le site. Sinon ce texte qui parle de résultat à l'été 2022. https://cicero.oslo.no/en/posts/projects/cicero-to-study-the-climate-impacts-of-hydrogen-emissions
Merci
" Leur impact [des fuites]est si puissant qu’elles pourraient saper l’avantage de l’utilisation de cette énergie dans la transition énergétique". Effectivement si l'impact réel est avéré, d'autant que l'hydrogène (le bleu) présente l'avantage crucial ( cf. le dernier rapport du GIEC) par apport aux autres alternatives d'être utilisé très rapidement.Certes il s'agira d'utiliser des hydrocarbures en grande majorité fossiles mais ceci sera temporaire, jusqu’à la maturité des autres alternatives, dont l'hydrogène vert ( cf. la question des éoliennes terrestres et sur le plateau continental). A noter que la combustion de l'hydrogène produit sans doute des oxydes d'azote ( d'où la nécessité pour les voitures en ville d' un pot catalytique), qui eux-mêmes auraient un effet bénéfique en détruisant du méthane qui participe sensiblement au réchauffement climatique.