Parmi les défauts esthétiques des panneaux photovoltaïques : leur forme, mais surtout leur couleur foncée qui les rend incompatibles avec la plupart des sites historiques. Mais certains fabricants proposent aujourd’hui des solutions innovantes pour rendre le solaire parfaitement invisible. Comme cette toiture solaire installée au cœur de Pompéi en Italie.
Poser des panneaux solaires sur sa toiture n’est pas systématiquement autorisé. Pour une maison située dans le périmètre de protection d’un bâtiment inscrit au titre des Monuments historiques, par exemple. Parce que les architectes des Bâtiments de France, qui délivrent les autorisations de modification de l’apparence d’un site, peuvent en refuser l’installation. Principalement pour leur couleur sombre, qui dénaturerait l’harmonie du paysage.
Des panneaux solaires en terre cuite pour Pompéi
Certains ont peut-être trouvé la parade. Comme l’entreprise italienne Ahlux Italia qui conçoit et commercialise des panneaux solaires « invisibles ». Plus exactement, des panneaux photovoltaïques dont l’apparence imite au mieux celle des matériaux traditionnels. La direction du parc archéologique de Pompéi (Italie) a fait le choix de poser ce type de panneaux qui ressemblent à s’y méprendre aux tuiles en terre cuite utilisées par les Romains sur la Maison de Cerere, sur un thermopolium et sur la Maison des Vettii. Objectif : produire l’électricité dont le site archéologique classé au patrimoine mondial de l’Unesco a besoin pour éclairer ses 3,5 millions de touristiques annuels. Une manière de réduire sa facture énergétique tout en protégeant le paysage.
Pour Gabriel Zuchtriegel, le directeur du site de Pompéi, l’initiative n’est pas seulement symbolique. « À travers les millions de touristes qui nous visitent chaque année, nous voulons envoyer un message au monde : le patrimoine culturel peut être géré différemment et de manière plus durable. » D’autres sites s’intéressent déjà à la technologie. En Italie, mais aussi les villes d’Évora au Portugal ou encore de Split en Croatie.
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En France, la société ariégeoise Quatiris fabrique, elle aussi, des panneaux solaires invisibles couleur rouge tuile. Des panneaux qui peuvent ainsi prendre place sur la toiture d’une maison située, par exemple, au cœur d’un centre-ville historique. Le secret : un filtre qui réfléchit les couleurs de manière sélective. De quoi obtenir des tuiles pas seulement rouges, mais au besoin aussi vertes, bleues ou même blanches.
Deux inconvénients, tout de même, à ces panneaux solaires invisibles. Vous vous en doutez, ils sont plus chers que les panneaux photovoltaïques classiques. Deux à trois fois plus. Ce n’est pas rien. D’autant qu’ils sont aussi moins efficaces. Parce que le noir est la couleur qui absorbe le mieux la lumière. Ainsi, sur le site de Pompéi, on évoque une surface de 9 m2 pour l’installation d’un kilowatt-crête (kWc), soit un ratio de 111 Wc/m², là où les grands panneaux photovoltaïques traditionnels dépassent les 220 Wc/m². Et du côté de Quatiris, on reconnaît volontiers une productivité diminuée de 10 % pour des panneaux solaires rouge tuile et même de 45 % pour des panneaux solaires blancs. Même remarque concernant le prix de l’installation, qui atteindrait 6 000 euros pour seulement 1 kWc, soit près de trois fois plus cher qu’une centrale solaire classique de même puissance.