Poser des panneaux solaires photovoltaïques sur des étendues d’eau pourrait aider à trouver de nouveaux espaces pour la production d’électricité renouvelable. Mais choisir pour cela des lacs de saumure constitue un véritable défi technologique. À Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), un projet ambitionne de recouvrir deux grands lacs fortement salés, afin de produire de l’hydrogène vert.
Le solaire photovoltaïque est toujours en quête d’espaces. Des toitures industrielles ou des parcelles agricoles. Ou pourquoi pas, des plans d’eau. C’est l’idée développée par le solaire flottant. Poser des panneaux photovoltaïques sur des flotteurs pour produire de l’électricité depuis un bassin de traitement des eaux usées ou un réservoir.
Un projet solaire et hydrogène sur des lacs de saumure
Avec le projet HyVence — pour « Hydrogène de Provence » —, la société Géosel ambitionne d’exploiter ainsi la surface de deux étangs près de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). Les étendues de Lavalduc et d’Engrenier, d’une superficie respective de 3,5 et 1,2 km², pourraient être recouvertes à 80 % de 500 hectares de panneaux solaires photovoltaïques. Objectif : produire une électricité renouvelable qui servirait notamment à alimenter une usine de production d’hydrogène vert implantée juste à côté.
La particularité de ces étangs, c’est qu’il s’agit de lacs de saumure. Ils sont exploités par Géosel depuis 1969. Car la spécialité de ladite société est le stockage souterrain d’hydrocarbures. Cela fait à 55 ans que Géosel injecte du pétrole brut, du diesel, de l’essence, du fuel domestique ou encore du naphta dans des cavités salines situées à 80 km de là, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Des hydrocarbures qui prennent la place d’eaux saumurées alors renvoyées via des canalisations vers les lacs de Lavalduc et d’Engrenier.
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Ce dont il est donc question ici, ce n’est pas seulement d’installer des panneaux solaires photovoltaïques sur un plan d’eau. Les ingénieurs savent désormais le faire. La vraie difficulté sera d’assurer la durabilité du système dans un environnement extrêmement salé. Quelque 340 g de sel par litre d’eau, selon Géosel. Soit environ huit fois plus que la mer Méditerranée. Or les panneaux photovoltaïques et les flotteurs sur lesquels ils doivent être posés sont classiquement très sensibles à la corrosion due au sel. Les spécialistes le savent. Poser du solaire flottant en mer est déjà difficile. Une centrale photovoltaïque déployée au large de Brouwersdam (Pays-Bas) par Oceans of Energy en 2019 en a fait l’amère expérience. Alors, comment imaginer un projet photovoltaïque sur un lac de saumure ?
Parce que des progrès ont été réalisés en la matière. Géosel teste déjà des panneaux solaires et des flotteurs qui pourraient mieux résister à cette corrosion. Pour leur éviter de faire baisser trop leur durée de vie et de multiplier de manière exponentielle les besoins en maintenance. Ces panneaux et leurs flotteurs devront aussi être adaptés aux conditions de courant et de vent qui règnent sur les sites, de même qu’au risque de cristallisation et accumulation du sel sur les surfaces.
De l’électricité solaire dès 2029 pour produire de l’hydrogène vert
L’objectif est de mobiliser près de 400 emplois pour commencer à installer dès 2026 quelque 1,5 million de panneaux photovoltaïques sur les lacs de Lavalduc et d’Engrenier. Le tout pour produire 800 GWh d’électricité par an à partir de 2029. Soit l’équivalent de la consommation d’une ville de 400 000 habitants. Et suffisamment pour produire, par électrolyse, 15 000 tonnes d’hydrogène vert. Finalement, seulement 15 % de la consommation actuelle d’hydrogène issu d’hydrocarbures sur le bassin de Fos-sur-Mer. L’investissement total s’élèverait à 700 millions d’euros et une trentaine d’emplois serait toujours nécessaire pour la phase d’exploitation.
Une concertation publique préalable au lancement du projet doit débuter ce mercredi 27 mars et se poursuivre jusqu’au lundi 20 mai. Et un collectif se mobilise pour s’y opposer. Arguant qu’une faune et une flore spécifiques qui se sont développées autour des étangs pourraient être menacées et que l’usine de production d’hydrogène rattachée serait située dans un espace Natura 2000 entre des lacs où les populations se promènent. Le tout alors que des friches industrielles seraient disponibles non loin de là pour mener à bien le projet. Les premières analyses semblent quant à elles montrer que la biodiversité ne goutte déjà que très peu du long passé industriel du site combiné à la salinité importante des lacs. Les impacts, après application de mesures d’évitement et de réduction, seraient extrêmement faibles.
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