Définitivement mise à l’arrêt en 2016, la centrale au fioul d’Aramon dans le Gard est le théâtre d’un vaste chantier de déconstruction qui ne devrait s’achever qu’en 2032, avant d’accueillir de nouvelles industries dédiées à la transition énergétique. C’est l’une des centrales symbole de la fin des centrales au fioul en France, une phase quasiment achevée.
Après presque 40 ans d’exploitation, la centrale thermique au fioul d’Aramon (Gard) a été officiellement arrêtée en avril 2016. Cette centrale, construite sur la rive droite du Rhône en 1977, développait une puissance de 1 400 MW électriques, grâce à ses deux unités de production. Très rapide à démarrer, elle était principalement destinée à sécuriser l’approvisionnement électrique français et n’était que très peu utilisée, avec environ 90 heures de fonctionnement annuelles les dernières années.
EDF s’attaque désormais au long et coûteux démantèlement puis réhabilitation du site. 50 millions d’euros seront investis sur 15 ans de travaux. La durée de ce chantier de déconstruction s’explique d’abord par la complexité de l’opération, mais également par la nécessité d’apporter un soin particulier à la dépollution du site ainsi qu’au recyclage des matériaux.
La quasi-totalité des matériaux recyclés
Suite à l’arrêt définitif du site, EDF a d’abord dû procéder à une purge, un nettoyage en profondeur et une mise en sécurité de l’ensemble des installations de la centrale. A suivi une phase de préparation du chantier de déconstruction, nécessitant des travaux de recherche importants pour rassembler quelque 20 000 plans et documents de construction d’origine. L’ensemble de ces documents a permis d’optimiser les différentes étapes de déconstruction pour assurer un taux de recyclage élevé.
EDF espère en effet pouvoir valoriser 96 % des déchets issus de la déconstruction, et ainsi récupérer une dizaine de millions d’euros. La majorité du béton démoli sera réutilisé sur site après avoir été concassé, tandis que l’acier sera envoyé vers une fonderie voisine pour être valorisé. Enfin, la laine de verre sera expédiée vers une recyclerie spécialisée située à Orange. Elle y sera traitée puis réutilisée dans le bâtiment.
Après la déconstruction des 4 immenses cuves qui stockaient un total de 265 000 m³ de fioul, et de divers bâtiments annexes, ce sont les voies ferrées du site qui devraient être déposées d’ici à 2024. En parallèle, la cheminée, pendant un temps plus haute de France avec ses 250 mètres, devrait être dynamitée dans le courant du mois de juin 2023. Cela permettra ensuite le démantèlement de l’usine attenante, une étape qui devrait durer jusqu’en 2029.
À l’issue de ces opérations de démolition, les sols devront être réhabilités avant de pouvoir être réexploités. Cette partie du chantier devrait durer 2 ans, de 2030 à 2032. La durée du chantier de déconstruction du site d’Aramon n’a rien d’exceptionnel. En ce moment même, plusieurs chantiers similaires ont lieu en France, comme le démantèlement de la centrale thermique au charbon de la Maxe qui devrait durer 15 ans, ou encore celui de la centrale de Blénod, arrêtée en 2014 et dont le site sera de nouveau réutilisable en 2034.
À lire aussi La centrale au charbon de Cordemais enfin reconvertie à la biomasse ?Quel avenir après le fioul ?
Propriété d’EDF, le site d’Aramon devrait néanmoins retrouver une activité industrielle à l’issue du chantier. Le producteur d’électricité souhaite dédier ce site aux énergies « du futur ». Caroline Cosson, directrice adjointe du Centre de post-exploitation (CPE) d’EDF, indiquait ainsi à nos confrères de l’Écho du Mardi que « les sites EDF resteront à EDF et notre objectif est de refaire de l’industriel sur de l’industriel ».
EDF n’a d’ailleurs pas attendu la fin de la réhabilitation du site pour entamer cette transition. Dès 2019, l’électricien a inauguré une centrale photovoltaïque de 5 MWc et d’une superficie de 6,5 hectares sur le site. Cette installation devrait être étendue quand les travaux de démolition auront suffisamment avancé. De plus, dans le cadre de son programme Cleantech-Vallée, EDF héberge, sur le site d’Aramon, le Cleantech Booster, un incubateur d’entreprises dédié à la décarbonation et à la transition énergétique. Celui-ci accueille actuellement une trentaine d’entreprises. À l’heure où l’on écrit ces lignes, rien n’a encore été décidé quant à l’avenir du site, mais la production d’hydrogène serait l’une des pistes envisagées.
À lire aussi Les centrales à charbon peuvent-elles encore servir ?