L’hydrogène est l’élément le plus abondant de l’univers. Mais pas sur notre Terre. Pour l’exploiter, l’humanité le sépare aujourd’hui principalement de l’eau ou des hydrocarbures. Pourtant, l’hydrogène est aussi présent dans une grande variété de matériaux, comme le bois. Une équipe de chercheurs autrichiens vient d’élaborer une technique pour l’extraire sobrement de cette ressource.
L’hydrogène ne se fabrique pas. Il faut donc l’extraire des éléments qui en contiennent pour s’en procurer. De nos jours, la précieuse molécule est principalement obtenue à partir d’hydrocarbures comme le gaz naturel. Elle est aussi extraite par électrolyse de l’eau, la seule méthode renouvelable actuellement industrialisée à grande échelle. Un procédé cependant gourmand en électricité et dont le rendement est assez médiocre.
En parallèle, d’autres alternatives sont en cours de développement. L’hydrogène est en effet présent dans une multitude de matières, comme le bois et plus généralement la biomasse. Ces dernières années, les processus de conversion par gazéification de la biomasse, aussi bien d’origine végétale qu’animale, sont devenus des solutions intéressantes pour la production d’hydrogène renouvelable. A Strasbourg, l’entreprise française Haffner Energy construit même la première unité commerciale de production d’hydrogène à partir de la biomasse. Toutefois, l’inconvénient des procédés classiques de thermolyse utilisés pour cette conversion est qu’ils nécessitent un processus de purification complexe et très énergivore.
À Graz (Autriche), une équipe de l’institut Bioenergy and Sustainable Technologies (BEST) est parvenue à extraire l’hydrogène de cette ressource avec un faible apport énergétique. Les chercheurs ont élaboré un réacteur expérimental baptisé « ROMEO » (Reactor optimization by membrane enhanced operation), capable de produire « sobrement » de l’hydrogène à partir de déchets de bois.
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L’appareil gazéifie la biomasse avant de la faire réagir à travers un catalyseur spécifiquement conçu. Un procédé qui génère séparément de l’hydrogène et du dioxyde de carbone. Sa particularité est de fonctionner avec de faibles apports en énergie et en ressources. La conversion démarre ainsi à 120 °C au lieu de 500 °C dans un réacteur conventionnel. Cela est possible grâce à un catalyseur spécial, doté de nouvelles membranes de séparation qui permettent des taux de conversion élevés. Selon le BEST, le réacteur pilote consomme 15 % d’énergie en moins et réduit de 40 % ses émissions. L’institut annonce poursuivre ses recherches avant d’envisager une industrialisation.
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« L’hydrogène ne se fabrique pas. Il faut donc l’extraire des éléments qui en contiennent pour s’en procurer » Très bonne remarque qui montre bien toute la complexité de la production de cette molécule aux avantages multiples. La production d’hydrogène vert par électrolyse a le vent en poupe depuis 1 an quand on observe les actualités, et les réussites d’utilisation de l’Hydrogène dans les voitures et les bateaux ne manquent pas d’être mis en tête d’affiche. Sauf que tout fonctionne à partir d’hydrogène gris venant des raffineries pétrolières… Notre concept du NCCSU résout les problèmes majeur de la production, entre autres, d’Hydrogène… Lire plus »
je suis un pur néophyte sur le sujet et ma question sera peut etre naïve mais, il est évoqué dans l’article que la reaction utilisant la biomasse genere de l’hydrogène certes mais aussi du CO2, de fait quel est l’intérêt ? vu que l’on cherche justement a disposer d’un energie non emetrice de CO2.
ou bien ce Co2 serait de toute facon émis puis recapté par les plantes ou arbres ensuite par photosynthèse ?
Bonjour,
Je trouve que l’article est bien écrit mais mal renseigné… Un projet est en cours de réalisation en Normandie (Caen) pour la fabrication d’Hydrogène à partir de Biomasse. Les pré-étude sont déja lancées, la faisabilité est en cours et le projet devrais voir le jour l’année prochaine.
A bon entendeur !
Pour les voitures, pourquoi utiliser l’hydrogène si ça consomme plus d’électricité pour le produire et s’en servir ? Autant mettre cette électricité à disposition des voitures.
Ps : c’est une vrai question du néophyte que je suis.
Votre question est tout-à-fait pertinente. La réponse est : en effet, ça n’a pas de sens … sauf pour les multinationales du pétrole pour qui les voitures électriques constituent une menace terrible pour leur business et qui espèrent avec l’hydrogène pouvoir perpétuer ce business à travers leurs complexes industriels, et leurs réseaux de transport et de distribution.
Lors de la première crise du pétrole, il y a ~50 ans, la page de couverture d’un journal grand public montait des faces grimaçantes d’Émirs, en vis à vis de celle réjouie d’un Français inconnu , avec en dessous la légende « Grâce à son moteur à eau, ce Français va ruiner les rois du pétrole ». Une quinzaine d’années plus tôt un caricaturiste avait produit une image d’un Français « typique » : petit, rondouillard, avec bérêt basque mais tenant fièrement un petit papier de « certificat d’études primaires », avec en dessous la légende : « Nous, le peuple le plus intelligent de la terre! ».… Lire plus »
En réalité les usines d electrolyse prendront de l’électricité mise sur le réseau par les centrales nucléaires ou thermiques et achèteront parallèlement des certificats d’origine verte. Il suffira de ne pas dire aux consommateurs lambda que l’électricité verte est vendue deux fois.
Produir de l’hydrogène à partir d’électricité éolienne ou solaire pourrait se justifier lors de surproduction électrique et de prix négatif de cette énergie. Dans ce cas il me semble que produire de l’hydrogène se justifierait.
Malheureusement les installations d electrolyse sont très coûteuses et on ne peut pas se permettre de les faire fonctionner seulement les 36 du mois.
Ne serait il pas possible d’avoir une seule unité d’électrolyse pour un ensemble d’éoliennes et d’installations photovoltaïques?
Ben, ça ne change pas grand chose à l’équation… Il y a peu d’heures de « surproduction » renouvelable en Europe, encore moins en France. Un électrolyseur et l’infrastructure qui l’entoure coûte très cher, et nécessite pour être amorti un facteur de charge élevé, en tout cas plusieurs milliers d’heures par an… Donc, soit on ne fonctionne que sur les heures où il y aurait de l’électricité « inutile » sur le réseau, mais du coup l’hydrogène produit est très cher du fait de l’amortissement de l’électrolyseur, soit on le fait fonctionner en semi-base, l’arrêtant juste pendant les pics de consommation, et l’électricité l’alimentant… Lire plus »
Merci hâte de voir l’actualité