Champion des énergies renouvelables, le Danemark se voit freiner dans son élan pour son projet d’île énergétique. Il devrait être subir un retard de trois ans, en raison de l’augmentation des coûts des matières premières et du montant des taux d’intérêt.
Depuis plusieurs années, le Danemark ambitionne d’ériger deux îles énergétiques. L’une doit être située en mer Baltique et l’autre en mer du Nord. L’objectif est d’augmenter les capacités de production d’énergie renouvelable du pays et de renforcer sa souveraineté énergétique.
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Or, selon les informations de l’agence de presse Reuters, la construction de l’île prévue en mer du Nord sera retardée « d’au moins trois ans ». Le ministre de l’Énergie Lars Aagaard a confié à l’agence de presse que « l’investissement prévu dépasse les 200 milliards de couronnes danoises (environ 27 milliards d’euros) et nécessiterait environ 50 milliards de couronnes d’aide publique ». Le ministre a ajouté que le projet n’était plus viable du fait de l’augmentation du coût des matières premières et des taux d’intérêt. C’est le second report dans ce projet puisque l’an dernier, les autorités danoises avaient déjà remis à plus tard le lancement de l’appel d’offres du parc éolien, en raison de l’augmentation des coûts. Le calendrier avait donc déjà subi plusieurs mois de retard.
Ce projet annoncé en 2020 devait permettre d’installer sur une île artificielle, des éoliennes pour produire jusqu’à 10 gigawatts (GW), ce qui correspond à la consommation électrique de 10 millions de foyers européens. Le site servira aussi de « hub central » c’est-à-dire que la production éolienne offshore des parcs voisins sera redirigée vers le site avant d’être acheminée à terre. L’originalité du projet consiste à permettre au site d’évoluer pour s’adapter dans le futur aux nouvelles technologies.
Sous réserve de trouver des solutions financières, le chantier devrait se terminer non plus en 2033 comme prévu initialement, mais en 2036. À l’origine, le projet réunissait le Danemark et la Belgique et devait être mené à terme sans subvention. Mais le contexte économique fragilise l’équilibre financier et des discussions entre les deux États pour obtenir un investissement plus important de la Belgique n’ont pas abouti. De son côté, la Belgique mène actuellement un autre chantier avec sa propre île énergétique en cours de construction, appelée île Princess Elisabeth et qui devrait concentrer et rassembler l’électricité produite par plusieurs parc éoliens offshore. Il s’agit en somme d’un autre hub central.
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Le Danemark envisage donc de se tourner vers l’Allemagne pour recueillir les financements nécessaires, ce qui supposerait d’installer des câbles pour relier l’île aux côtes allemandes. D’ailleurs, l’Allemagne participe déjà au chantier de l’île énergétique danoise menée sur Bornholm en mer Baltique. Toutefois, pour l’heure, les pouvoirs publics allemands n’ont pas réagi officiellement à l’annonce danoise concernant le projet en mer du Nord.
Dans tous les cas, l’annonce danoise est une mauvaise nouvelle pour la filière de l’éolien offshore sur la scène européenne. Rappelons que du côté français, les trois projets pilotes en matière d’éolien flottant sont déjà en danger, en raison de difficultés financières.
1 DKK = 0,134 EUR donc 200 milliards de couronnes danoises = 26,8 Mds d’euros (pas millions).
Au Royaume-Uni des enchères récentes de 1,5 milliard de livres sterling (1,78 milliard d’euros) ont permis de sécuriser 131 nouveaux projets (parcs éoliens dont 5 GW d’éolien offshore, solaires, énergie marémotrice) pour alimenter 11 millions de foyers britanniques à un prix inférieur au coût de fonctionnement d’une centrale électrique gaz et nucléaire, se traduisant au final par une baisse des factures. Le gouvernement vise à doubler l’éolien terrestre, tripler le solaire et quadrupler l’éolien offshore d’ici 2030. L’enchère n’a toutefois permis de sécuriser que la moitié de la capacité éolienne offshore nécessaire chaque année pour le reste de cette décennie… Lire plus »
Il n’ y pas que les réacteurs EPR qui ont du retard (sauf en Chine) ? Les ENRi aussi parfois ? Mince alors !
Et ça prouve que les enr ne sont vues que comme un placement financier. Les taux sont remontés, il vaut mieux acheter des bons du trésor…
Quand on construit une centrale nucléaire, c’est qu’il y en a besoin, on ne regarde pas le taux d’intérêt !
C’est une jolie manière d’expliquer la très faible rentabilité du nucléaire ( au final son coût très élevé). Ceci explique aussi parfaitement les investissements particulièrement faibles dans cette filière. C’est un luxe de très riche que de pouvoir s’offrir des temps de retour sur investissement si longs.
Oui tout à fait. Le nucléaire n’est pas très rentable, c’est pourquoi les investisseurs préfèrent le charbon, le gaz ou les enr subventionnées.
Ils croient que dans 3 ans les taux d’intérêt à 20 ans seront retombés à zéro ? Les taux zéro sont une aberration de marché qui ne peut être que provisoire. C’est logique car prêter de l’argent est risqué, les banques ont donc besoin d’avoir un taux d’intérêt d’au moins 3% pour faire un bénéfice et pour compenser les pertes sur certains prêts.
(Et c’est 27 milliards €)
200Mds de couronne = 27 Milliards d’euros, pas millions 😉