Construire des réacteurs nucléaires en moins de 6 ans en France ? L’objectif un peu fou d’EDF


Construire des réacteurs nucléaires en moins de 6 ans en France ? L’objectif un peu fou d’EDF

Le chantier de l'EPR de Flamanville en 2010 / Image : Wikimedia, modifiée par RE.

EDF est-il enfin sur la bonne voie ? C’est bien possible. Malgré la dette, l’électricien français affiche des résultats très encourageants pour le premier semestre 2024. Fort de ces résultats, le président d’EDF a dévoilé un nouveau plan, appelé « Ambitions 2035 », qui a pour rôle de transformer le groupe. 

Malgré une dette abyssale de 54 milliards d’euros, l’avenir semble enfin se dégager, du côté de chez EDF. L’électricien français vient en effet d’enregistrer un bénéfice net record de 7 milliards d’euros sur le premier semestre 2024, pour un chiffre d’affaires total de 60 milliards d’euros. Ces résultats ont été rendus possible grâce à la belle production du parc nucléaire français, ainsi que des taux de disponibilité record pour le parc hydroélectrique.

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Si le second semestre ne devrait pas être aussi bon, notamment à cause de la baisse des tarifs de l’électricité, cette nouvelle semble avoir donné des ailes à Luc Rémont, le président d’EDF. Profitant de la présentation de ces résultats semestriels, celui-ci a annoncé les nouvelles ambitions d’EDF concernant la construction des 6 prochains EPR2. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la barre a été replacée très (très) haut. Alors qu’en 2022, EDF s’était fixé 9 ans pour construire le premier réacteur et 7 ans et demi pour construire le sixième, Luc Rémont vient d’indiquer qu’EDF visait désormais une durée de travaux de 70 mois entre la pose de la première pierre et la mise en service du réacteur.

Un objectif intenable ?

L’objectif a de quoi surprendre, tant la construction de l’EPR de Flamanville a accumulé retard et surcoût. Sa mise en service imminente viendra, en effet, clôturer un chantier de 17 ans ! En Finlande, l’EPR situé à Olkiluoto mis en service en 2022, a nécessité, lui aussi, 17 ans de travaux. Du côté de la Grande-Bretagne, le chantier de la centrale de Hinkley Point se passe mieux qu’à Flamanville, mais la durée des travaux pour chaque réacteur est tout de même comprise entre 11 et 13 ans. Actuellement, seule la Chine est capable de s’approcher de ce type de cadence. Depuis 2010, elle a connecté 44 réacteurs sur son réseau électrique. Sur ces 44 réacteurs, la durée des travaux oscille entre 4 et 9 ans avec une moyenne à 6 ans par réacteur. Néanmoins, le contexte chinois est différent. Le pays dispose d’une main d’œuvre beaucoup plus abondante, et la législation du travail est plus laxiste qu’en Europe.

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Une ambition essentielle pour le redressement d’EDF

Malgré la difficulté de la mission, l’enjeu est important du côté d’EDF, qui doit se reconstruire une réputation industrielle. Les retards accumulés à Flamanville, par exemple, ou encore l’échec d’un récent appel d’offres pour la construction de deux réacteurs en Tchéquie ont entaché la confiance que pouvaient avoir des acteurs du secteur envers l’entreprise française.

Ainsi, pour atteindre ses objectifs, EDF travaille sur des plans de conception simplifiée de ses EPR2. La livraison de ses plans, qui devait initialement avoir lieu à l’automne dernier, ne devrait plus tarder. Ces plans sont d’ailleurs indispensables pour permettre l’élaboration du plan de financement des réacteurs. Outre ces plans simplifiés, EDF compte sur l’effet de série, et l’expérience qui devrait être accumulée d’un réacteur à l’autre. C’est d’ailleurs l’une des forces de l’industrie nucléaire chinois qui a raccordé plus de 30 réacteurs sur les 10 dernières années. Dans son rapport semestriel, EDF précise que l’ensemble des autorisations environnementales nécessaires à l’implantation des deux réacteurs sur le site de Penly ont été obtenues.

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