Compiègne et Grenoble adoptent le bois pour verdir leur chauffage urbain


Construit en 1966 et s’étendant sur 16 kilomètres, le réseau de chaleur de la ville de Compiègne était alimenté par un mix de combustibles entièrement constitué d’énergies fossiles. A l’unanimité, les élus communaux ont récemment donné leur feu vert à la construction d’une chaufferie biomasse qui permettra de verdir à 65 % le mix énergétique. A Grenoble aussi, comme partout en France, le bois est de plus en plus utilisé dans les réseaux de chauffage urbain.

Via 66 points de livraison, le réseau de chaleur de Compiègne alimente en chauffage et en eau chaude sanitaire des copropriétés, des logements sociaux, plusieurs quartiers, mais aussi des bâtiments publics tels que le Centre des Congrès, l’école de musique, le groupe scolaire Pompidou, la piscine-patinoire, etc. Au total, l’équivalent de 9.000 logements.

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Si la géothermie avait un temps été envisagée, c’est finalement la ressource bois que la ville a décidé d’utiliser pour verdir son réseau. Il faut dire que la commune dispose d’un immense domaine forestier, dont la célèbre forêt de Compiègne. D’une superficie de 14.357 hectares, elle constitue un des grands massifs forestiers de l’hexagone et, par sa taille, la troisième forêt domaniale de France métropolitaine. C’est dans une de ses clairières que fut signée l’armistice de la Grande Guerre, le 11 novembre 1918.

La forêt domaniale de Compiègne

En pratique la chaufferie sera alimentée par les rémanents forestiers[1] issus des forêts picardes et collectés dans un rayon de 100 km. « Le but est d’intégrer plus de 65 % de bois renouvelable au mix énergétique de la production de chaleur » explique David Maillet, responsable chez Engie Solutions, l’entreprise qui exploite la chaufferie et le réseau. « En saison de chauffe, cela correspondra à huit camions par jour ».

Selon la municipalité, un autre objectif de cette conversion aux énergies renouvelables est de garantir une stabilisation des coûts pour pallier les fluctuations de prix des combustibles fossiles, mais aussi de permettre la création d’emplois locaux.
Au total, ce sont près de 11 millions d’euros qui seront investis. Les travaux commenceront à la fin de cette année et la mise en service de la nouvelle chaufferie est prévue un an plus tard.

Grenoble utilise aussi de plus en plus de biomasse dans son réseau

A Grenoble, le deuxième plus grand réseau de chaleur de France (avec 170 km et plus de 100.000 équivalent-logements desservis) utilise également de plus en plus de biomasse pour alimenter ses chaudières. Le mix énergétique est composé actuellement de 35% de chaleur fournie par la combustion des déchets ménagers et de 35% de biomasse. La métropole vise les 100 % renouvelables en 2033. Dès ce printemps, une nouvelle chaufferie biomasse de 40 MW, implantée sur la presqu’île de Grenoble, sera mise en service. Au total plus de 150.000 tonnes de bois seront alors consommés annuellement dans le réseau, portant à plus de 75% la part renouvelable du mix de combustibles.

La future chaufferie au bois du réseau de chaleur de Grenoble-Alpes Métropole

Des réseaux de chaleur de plus en plus « verts »

Les réseaux de chaleur sont des excellents vecteurs de la décarbonation du chauffage des bâtiments. Une enquête réalisée en 2019 par le Syndicat national du chauffage urbain et de la climatisation urbaine (SNCU) a montré qu’en dix ans, la part des énergies renouvelables et de récupération est passée de 27 à 57% dans les réseaux de chaleur français.
Le verdissement des livraisons a permis de réduire leur empreinte carbone de 45 % en 12 ans : aujourd’hui, les émissions moyennes de CO2 de ces réseaux s’élèvent à 0,116 kg/kWh. Selon le CNCU, c’est 36% de moins que le chauffage électrique, 50% de moins que le gaz naturel et 61% de moins que le fioul. Cette réduction importante est principalement liée à l’introduction progressive de la biomasse dans le mix énergétique alimentant ces réseaux.
En 2018, les 781 réseaux de chauffage urbain français ont alimenté 2,42 millions d’équivalents logements. Ils sont compétitifs puisque le coût global annuel pour un logement moyen est inférieur à celui du gaz et de l’électricité.


[1] Les rémanents sont les branches ou les troncs mal conformés qui ne sont pas exploités dans les scieries. Broyés sous forme de plaquettes, ils peuvent alimenter les chaudières biomasse.

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