Une centrale solaire de la région de Kharkiv bombardée en mai 2022 / Image : Capture vidéo Reuters.
Une conférence internationale s’est tenue les 11 et 12 juin à Berlin (Allemagne) pour la reconstruction de l’Ukraine, en guerre depuis plus de deux ans. Concernant l’énergie, l’avenir pourrait porter davantage sur les énergies renouvelables, afin d’améliorer la sécurité d’approvisionnement du pays.
Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine le 24 février 2022, les infrastructures ukrainiennes ont subi de lourds dommages. Selon la société financière internationale (IFC), membre du groupe de la Banque mondiale, l’Ukraine a perdu près de 80 % de sa production d’énergie thermique depuis le début du conflit, ainsi qu’environ 35 % de sa capacité hydroélectrique. Les besoins financiers en matière de reconstruction ont été chiffrés à 47 milliards de dollars fin 2023. Et la situation ne va pas en s’améliorant puisque les frappes russes se sont intensifiées au cours des derniers mois à l’encontre des infrastructures énergétiques. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, affirme que le pays a perdu la moitié de ses capacités de production électriques depuis l’hiver dernier.
Reconstruire l’Ukraine grâce aux énergies renouvelables ?
La question de la reconstruction de l’Ukraine est au cœur d’une conférence internationale qui s’est déroulée à Berlin les 11 et 12 juin. À cette occasion, l’Union européenne s’est engagée à aider le pays à reconstruire ses infrastructures énergétiques. Le temps presse pour préparer l’hiver prochain et éviter que la population ukrainienne ne subisse des coupures d’électricité par manque de capacités de production. Les lignes haute-tension, qui exportent notamment la production des centrales nucléaires, sont une cible facile pour la Russie. D’ailleurs, dès leur réparation, elles sont de nouveau attaquées, d’après le PDG de l’entreprise DTEK qui est le plus grand énergéticien ukrainien.
L’avenir de l’Ukraine pourrait donc se focaliser sur la construction de sites d’énergies renouvelables, tels que des centrales solaires ou des parcs éoliens. C’est en tout cas une idée qui fait son chemin au cours de la conférence. Ainsi, le chancelier allemand a déclaré que la reconstruction ciblera les énergies renouvelables et l’hydrogène.
À lire aussi Près de 6000 éoliennes allemandes victimes collatérales de la guerre en UkraineEn effet, alors qu’il est facile de détruire rapidement, une grande partie des moyens de production d’électricité d’un pays en visant ses centrales thermiques ou nucléaires, il n’en va pas de même avec les énergies renouvelables. L’intérêt des sites de production photovoltaïque ou éolienne réside dans le fait qu’ils sont décentralisés, c’est-à-dire qu’ils peuvent être présents un peu partout sur le territoire. Il sera alors beaucoup plus compliqué de porter une atteinte grave au réseau puisqu’il faudrait multiplier les attaques sur tous les sites de production. Par ailleurs, les moyens de production renouvelables présentent également l’avantage de pouvoir être réparés plus facilement que des centrales nucléaires ou thermiques par exemple. Il faut toutefois noter qu’un réseau majoritairement composé de moyens de production renouvelables intermittents nécessite toujours des centrales ou sites de stockage pilotables pour assurer sa stabilité.
Un soutien des États et des investisseurs privés pour installer des énergies renouvelables en Ukraine
Le développement des énergies renouvelables nécessite le soutien des États, mais il pourra aussi passer par des investisseurs privés. Ainsi, l’IFC et la banque internationale pour la reconstruction et le développement (BORD) œuvrent en ce sens avec pour objectif de faire progresser la production éolienne et solaire de 20 GW sans oublier le stockage par batteries à 5 GW d’ici 2040.
La guerre pourrait donc être l’occasion pour l’Ukraine de revoir son mix électrique. Rappelons qu’avant le conflit, le bouquet électrique du pays était porté par le nucléaire (54,6 %), suivi du charbon (23,1 %). Loin derrière, se trouvaient le gaz naturel (9,1 %), l’hydroélectricité (6,5 %) et le solaire photovoltaïque (4,2 %). La totalité des énergies renouvelables ne représentait que 11,1 % de la production électrique en 2021 (source AIE, 2021). La conférence internationale pour la reconstruction de l’Ukraine s’est tenue juste avant le G7 qui se réunit en ce moment en Italie pour évoquer notamment l’utilisation des avoirs russes gelés. Enfin, une conférence sur la paix en Ukraine aura lieu en Suisse le week-end des 15 et 16 juin.
Commentaires
L'intérêt des énergies renouvelables réside dans le prix de ces énergies, comparé aux autres énergies (fossiles ou nucléaires)
Il réside aussi pour l'indépendance qu'elles procurent, vis à vis de tous ceux qui vivent des exportations,des importations,du raffinage, de l'enrichissement, des transports, des déchets, des besoins d'eau, de la lutte contre les pollutions ,etc.qui ne sont des coûts supplémentaires, supportés par les consommateurs
L'intérêt des renouvelables réside encore dans le fait que ces énergies étant moins concentrées que celles des fossiles ou du nucléaire, elles présentent donc moins de risques en cas d'attaque des centrales nucléaires, et moins de dépendance d'approvisionnements, donc de coûts des énergies importées.
Le fait qu'elles aient besoin de plus de sites de production délocalisés,ferait aussi qu'il serait bien plus difficile de les détruire ! Donc moins de possibilités de les priver d'électricité.
Seulement c'est pas avec l'hydrogène économiquement discalifié, ou avec les batteries incapables de supprimer l'intermittence, qu'ils pourront remplacer les centrales thermiques (pétrole ,gaz, charbon ou nucléaires).
Ils ne pourraient faire, qu' avec l'air comprimé, assez rapide pour pouvoir recontituer des stocks d'énergie pilotables tous les jours avec le solaire. Et bien plus régulièrement qu'avec l'eau des barrages, avec l'éolien.
En stockant de l'air comprimé en souterrain, les Enr permettraient de ne pas avoir à reconstruire des barrages ou des centrales thermiques.Puisque l'électricité est directement produite par ces appareils et machines, qui peuvent produire pendant plus de ving ans sans dépendre d'autres éléments, que de leurs entretiens.
En multipliant le nombre de compreseurs électriques pour alimenter des stockages souterrains, ils pourraient s'offrir une véritable indépendance énergétique, seule capable en plus de lutter efficacement contre le réchauffement...
Vous inquiétez pas pour la reconstruction de l'Ukraine.
La Russie va s'en charger ( enfin, pour la partie qu'elle aura annexée) et elle n'aura pas besoin de panneaux solaires.
Et si on acceptait de demander leur avis aux Ukrainiens, plutôt que de leur imposer un nouveau diktat Allemand, ils ont peut-être envie d’autre chose, comme https://www.rtbf.be/article/guerre-en-ukraine-kiev-entame-la-construction-de-reacteurs-nucleaires-de-conception-americaine-11358510
Je pense qu'ils feront le choix d'attendre sagement, après l'arrêt des combats, dix ans au minimum pour pouvoir s'éclairer.
Les déclarations du chancelier allemand correspondent au catalogue industriel des entreprises allemandes : Siemens-Gamesa pour les éoliennes, et Siemens-Energy pour les turbines à gaz "hydrogen ready".
C'est du pur mercantilisme. Ils sont excellents dans ce domaine, bien meilleurs que nous , les Français.
Euh
Siemens Gemesa s'est pris une gamelle de 4 Milliards €.
D'autre part si le Russes peuvent detruire les lignes des centrales c'est un jeu d'enfants de detruire une usine éolienne ou solaire. Ou les postes électriques de celles-ci
Il est bien plus facile de proterger une centrale nucleaire que des ENR.
On a vu le Fiasco allemand en matière énergétique.
Ils int 20 ans de retard.
"Siemens Gemesa s’est pris une gamelle de 4 Milliards €."
Raison de plus pour leur trouver des débouchés commerciaux à l'export pour faire tourner la boutique.
"On a vu le Fiasco allemand en matière énergétique"
Ce n'est pas le sujet. Le sujet, c'est que les Allemands veulent vendre leurs produits. Que ce soit la bonne ou la mauvaise solution , ne leur importe pas du tout. L'important, c'est l'argent qui entre dans leurs poches.
"c’est un jeu d’enfants de detruire une usine éolienne ou solaire.'
Oui, une grosse centrale, je vous l'accorde.
Siemens-Energy propose une gamme très étendue de turbines gaz, de la petite à la gigantesque. Et il se trouve que l'Ukraine a repris possession il y a quelques mois de plateformes gazières au large de la Crimée.
Mais si vous considérez une myriade de petites centrales PV....
Imaginez 1 000 000 de foyers ruraux produisant chacun 10kWc (l'Ukraine est un très grand pays), cela représente une capacité de 10GWc au meilleur moment de la journée (c'est à dire pendant...pas longtemps...et pas souvent). Cette myriade de micro-centrales sera branchée sur le réseau de distribution (gabarit Enedis 20kV) et non pas sur le réseau de transport (gabarit RTE de 63kV à 400kV). Si vous tapez le réseau de transport ou une centrale principale, le réseau de distribution reste opérationnel (et approvisionné par la myriade de mini-centrales solaire) et peut continuer à approvisionner les PME qui participent à l'effort de guerre. Pour cela, il suffit qu'un générateur de fréquence donne le "la" à une zone couverte et tous les onduleurs PV de la zone se synchroniseront sur la fréquence. Il faut juste isoler les zones les unes des autres, c'est à dire qu'on considère que le RTE n'existe plus.
Le réseau internet (internet signifie "interconnection of networks" = interconnexion des réseaux) a été imaginé sur ce schéma par les chercheurs subventionnés par la DARPA: la décentralisation totale. Si une zone tombe, le reste de l'internet continue à fonctionner.
Et comme chacun aura compris (et les Allemands en particulier) que le PV (les ENRi en général) sont une hérésie qui a besoin d'être complété par des centrales au charbon/fioul/gaz.
Donc je résume :
"On a vu le Fiasco allemand en matière énergétique"
C'est justement là qu'intervient le (mauvais) génie allemand. Ils ont compris chez eux que c'est la galère , mais ils viennent de comprendre qu'à l'exportation, cela permet à Siemens de vendre des milliers de turbines au gaz officiellement "hydrogen ready". Et le contexte de la guerre en Ukraine va leur permettre de vendre des milliers de petites turbines au gaz , extrêmement décentralisées, pour que l'Ukraine puisse de prémunir des frappes contre les grosses centrales. Et vendre des milliers de petites turbines génère beaucoup plus d'argent (et de travail pour les ouvriers allemands) que de vendre une seule grosse turbine.
C'est juste de l'opportunisme mercantile. C'est allemand (et anglo-saxon).
Mais c'est bien joué de leur part.
Et nous ? Ah mince, les turbines gaz françaises , basées à Belfort chez General-Electric (rebaptisé Gevernova) sont sous le risque d'une fermeture-délocalisation, un processus rampant (donc progressif, à bas bruit) depuis plusieurs années au sujet duquel les syndicats tirent la sonnette d'alarme depuis longtemps.
https://investir.lesechos.fr/actu-des-valeurs/la-vie-des-actions/ge-veut-supprimer-plus-de-1000-emplois-en-france-1829169
https://www.revolution-energetique.com/pourquoi-la-suede-refuse-une-nouvelle-interconnexion-electrique-avec-lallemagne/?fbclid=IwZXh0bgNhZW0CMTEAAR2be2KQC3P4dLZ-N6gjfoUET3_kHq6eDiheO891ZF0kR52_ZixOLh8jNxE_aem_3vibTVQgu15D7mVBRcn39g
Il semblerait qu'il y aient qques résistances.
Le toute puissance de Siemens peut être une illusion.