Le grand collisionneur de hadrons du CERN / Image : Getty/Canva.
L’organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN) va suivre la voie de la sobriété énergétique cet hiver. Une façon de montrer l’exemple pour ce laboratoire extrêmement vorace en électricité lors de certaines expériences.
En vue d’un hiver tendu sur le système énergétique européen, les consommateurs sont invités à adopter des mesures de sobriété énergétique afin de diminuer la demande. Mais pour être acceptée par le plus grand nombre, cette nouvelle politique doit être mise en œuvre également (et même en premier lieu) par les institutions. C’est ainsi que l’organisation européenne pour la recherche nucléaire, le CERN entend montrer l’exemple.
Fondée en 1953, l’institution rassemble 23 états membres autour d’un gigantesque laboratoire souterrain à cheval entre la France et la Suisse, à proximité de Genève. Elle opère le Grand collisionneur de hadrons (LHC) dans un tunnel en anneau de près de 27 km de long, parmi d’autres accélérateurs de particules. Selon le CERN, la puissance absorbée au plus fort des expériences peut atteindre 200 MW, soit environ 16 % de la puissance d’un réacteur nucléaire de palier P4. Le complexe est alimenté par le réseau électrique français.
À lire aussi Des chercheurs hongrois auraient découvert une 5e force fondamentale : source potentielle d’une nouvelle énergie ?L’exploitation des accélérateurs de particules réduite de 20 %
Gros consommateur, le CERN vient donc de prendre ses responsabilités pour cet hiver. Ainsi, il prévoit la réduction de 20 % de l’exploitation de son complexe d’accélérateurs en 2023. En outre, il s’est rapproché de son fournisseur EDF pour faire partie de la procédure de délestage qui consiste à réduire ou interrompre l’alimentation de certains consommateurs pour préserver l’équilibre du réseau électrique, en cas de tension sur ce dernier.
D’autres mesures sont également à l’étude pour réduire la consommation d’énergie, telles que la baisse du chauffage et l’extinction de l’éclairage la nuit. L’institution rappelle aussi qu’elle n’a pas attendu l’arrivée de l’hiver pour adopter des mesures de réduction de sa consommation d’énergie. Ainsi, depuis une dizaine d’années, elle affirme avoir baissé d’environ 10 % sa consommation.
Parmi les mesures mises en œuvre, il y a l’optimisation des systèmes de refroidissement du centre de données du CERN et des actions d’efficacité énergétique sur ses équipements. Des projets à plus long terme sont également prévus par l’institution. Ainsi, un nouveau centre de données sera opérationnel d’ici fin 2023 et sa construction sera fondée sur l’efficacité énergétique avec un réseau de récupération de chaleur notamment.
À lire aussi Genève veut se chauffer à l’accélérateur à particulesLe CERN, aussi gourmand qu’une grande ville
Le fait qu’une institution telle que le CERN adopte des mesures de sobriété énergétique aura un impact fort, lorsque l’on sait que son laboratoire consomme 1,3 TWh par an, selon les données publiées par l’organisme. Cela correspond à l’électricité consommée par quelque 278 000 foyers français en une année.
Ses besoins ne sont pas stables d’un mois sur l’autre et le plus gros de sa consommation a lieu entre mai et mi-décembre. Il est donc primordial que des institutions telles que le CERN, qui sont de gros consommateurs en électricité, exécutent des mesures qui leur permettent de réduire leurs consommations afin de soulager le réseau pendant l’hiver.
À lire aussi Une découverte scientifique ouvre de nouveaux horizons pour la production d’énergie solaire