Des éoliennes en Allemagne, entre Hannovre et Berlin / Image : Tony Webster - Flickr CC.
Pour décarboner son mix énergétique sans charbon, gaz fossile ni nucléaire, l’Allemagne doit faire exploser ses capacités de production renouvelables. Elle prévoit ainsi de tripler sa puissance éolienne installée d’ici 2040. Pourtant, le nombre d’éoliennes installées sur son sol va diminuer. Comment est-ce possible ?
Ce samedi 15 avril 2023, l’Allemagne a déconnecté du réseau ses trois derniers réacteurs nucléaires. Trois unités qui en 2022 avaient produit 6 % de l’électricité du pays. Une production ultra-bas-carbone. D’ici 2030, le pays ambitionne aussi de sortir du charbon. Alors qu’en 2022 encore, près d’un tiers de l’électricité du pays était ainsi produite. Alors, même si une partie des centrales à charbon doit être transformée en centrales à gaz, pour continuer d’assurer son alimentation en électricité, l’Allemagne va devoir miser sur un développement massif des énergies renouvelables et notamment de l’éolien. Un développement « trois à quatre fois plus rapide » que ce que le pays a opéré jusqu’ici.
L’Allemagne, un pays toujours dans le vent ?
Est-ce réellement envisageable ? La question se pose. D’abord, parce que la cadence d’installation des nouvelles éoliennes terrestres ralentit. En 2017, presque 2 000 éoliennes étaient érigées dans le pays. Mais en 2022, l’Allemagne n’a pas installé plus de 500 éoliennes. En cause, surtout, les prévisions sur les prix du solaire et de l’éolien. Selon l’Institut Fraunhofer, le coût de production du photovoltaïque doit en effet diminuer plus rapidement d’ici 2030 que le coût de l’éolien. Allant jusqu’à rendre la production solaire aussi bon marché que l’éolienne, même dans le nord du pays.
D’autant qu’à ce jour, le pays ne compte déjà pas moins de 28 500 éoliennes terrestres. Un parc d’une puissance totale de quelque 58 GW — plus environ 8 GW offshore. La nouvelle loi sur les énergies renouvelables fixe un objectif 2030 à 115 GW. Mais d’ici 2040, l’Allemagne pourrait avoir besoin de faire grimper cette puissance à 160 GW. C’est tout de même presque trois fois plus qu’aujourd’hui. Faudra-t-il pour autant tripler le nombre d’éoliennes en fonctionnement ? Heureusement non, jugent notamment des experts de l’université de Leipzig et du centre Helmholtz pour la recherche environnementale.
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Leur principal argument : l’âge du parc éolien allemand. Celui-ci arrive en fin de vie. Et finalement, les éoliennes en place produisent relativement peu d’énergie au regard de ce que promettent les modèles de dernière génération. Il devrait ainsi être possible de tripler la puissance éolienne installée sur le sol allemand tout en réduisant légèrement leur nombre à quelque 25 000 seulement. Des éoliennes toutefois plus grandes et de fait, visibles de plus loin. Ce qui pourrait causer quelques nouvelles difficultés d’acceptation sociale.
Pour mieux répartir l’effort, alors que le parc actuel est concentré sur le nord et l’est de l’Allemagne, le gouvernement demande à chaque région de prévoir de consacrer quelque 2 % de son territoire au développement des énergies renouvelables d’ici 2032. Même la Bavière qui a longtemps reculé des quatre fers devra s’y mettre. Et rattraper l’immense retard qu’elle a pris, en multipliant par presque 10 sa puissance éolienne installée. Dans la région, la fameuse règle « 10H » — aucune implantation d’éolienne à une distance des habitations inférieure à dix fois sa hauteur — a d’ailleurs déjà été assouplie.
À lire aussi Hydrogen ready, un nouveau label greenwashing pour les centrales à gaz allemandes ?Les experts se veulent aussi rassurants. Leurs simulations évaluent aujourd’hui les distributions d’éoliennes les plus intéressantes sur le pays. En matière d’efficacité, de conservation de la nature ou encore de distance avec les habitations. De quoi espérer, en tout cas, trouver un compromis. En parallèle, le gouvernement allemand a décidé d’élever la barre des objectifs pour l’éolien offshore. Il s’est engagé à atteindre les 30 GW d’ici 2030 et les 40 GW d’ici 2035 — c’est l’objectif de la France pour 2050. Et même les 70 GW à l’horizon 2045 ! Le tout alors que la totalité de la zone économique exclusive de l’Allemagne en mer du Nord, par exemple, n’est pas bien plus grande que… la Belgique.
Commentaires
Ils vont y arriver et nous qui partons seuls dans le mauvais sens. C'est à pleurer! En plus, l'annonce d'une politique énergétique à fond sur le nucléaire fait qu'il n'y aura plus aucun projet énergie renouvelable sur notre territoire.
On part un peu dans le sens des Anglais qui sont au Nord du 45ème parallèle un peu comme nous pour une bonne partie du territoire...
En temps de crise, suivre les Anglais n'est pas toujours faire fausse route... Par contre l'entêtement des Allemands à partir dans des voies de garage est parfois chronique et désespérant... (Si ils pouvaient corriger leur modèle automobile qui a envahi la planète avec des voitures moins lourdes et moins puissantes, ils feraient faire des progrès inouïs pour le climat du Futur...).
Que les Espagnols arrivent un jour à être 100% ENR (vu leur position géographique, les interconnexions possibles avec l'Afrique du Nord et leur potentiel Hydraulique) avec un mode de vie pas trop dégradé, c'est fort possible et probable. Pour les allemands et leur faible potentiel hydraulique et leurs besoins énergétiques gigantesques, c'est bien compliqué ! Leurs ENRi auront toujours besoin de Back-Up lourds et importants, surtout en Hiver ou le PV produit très peu chez eux et où les régimes de vent ne sont que très peu foisonnants. De plus, ils ont et auront de sacrés besoins de chauffage, aujourd'hui largement assurés par le Gaz Fossile donc leurs besoins électriques hivernaux ne vont pas baissés sur le vecteur électrique...
(Fossile ou Fissile il faut choisir pour le moment... Tant que d'autres technologies ne sont pas développées à prix abordable. Pour les années à venir, l'hydrogène suivant les process, ce sera cher à très cher, donc la tentation du fossile sera toujours là... et avec leur lignite locale et leur Lobby minier/charbonnier très influent les Allemands vont continuer avec de jolies excuses pendant longtemps : "ce sera la faute aux Français et leur manque de "pilotable de pointe", aux Suisses ou aux Belges pour diverses raisons...". A noter qu'on a fermé des moyens de production thermique pilotable ces 10 dernières années en "transférant" cette responsabilité de pointe à certains de nos voisins dont les Allemands...).
Je trouve la phrase "l'entêtement des Allemands à partir dans des voies de garage" très symptomatique: c'est exactement ce que pensent les Allemands dans l'autre sens à propos des Français ;) Il faut bien reconnaître qu'il y a ici une incompréhension mutuelle.
Les Français sont persuadés qu'ils ne veulent pas vraiment sortir du charbon (ce qui est confirmé par la part actuelle encore en service) et les Allemands sont persuadé qu'en continuant à miser sur le nucléaire, la France va pas développer suffisamment les ENRs (ce qui est confirmé par le fait que la France est le pays le plus en retard en europe dans ce domaine part rapport à ces objectifs).
Jusqu'à présent, les objectifs d'ENRs en Allemagne ont toujours été très largements atteint et même regulierement réaussés: aujourd'hui la part d'ENR dans la consommation finale d'énergie est comparable à celle de la France en ayant pourtant que très peu de potentiel Hydraulique. Donc je suis relativement optimiste pour leur capacité à atteindre leur nouvel objectif de 80% d'ENR pour électricité en 2030. La sortie complète du charbon en 2030, c'est trop optimiste mais dans les années 2030 la plupart seront probablement en soit en "réserve chaude" (scenario pessimiste ce qui veux dire qu'elle ne tourneront plus qu'un mois à l'année, ce qui permet quand même de réduire par 10 leur émissions) ou en "reserve froide" (scénario optimiste). Pour ce qui est des objectifs de réductions d'émissions CO2 allemands, on oublie souvent de le rappeler mais ils ont été atteint, même si cela à été un peu ras les paquerettes et en effet "aidé" par le ralentissement économique dû au covid.
Le choix entre fossile ou fissile, non ce n'est absolument pas le point de vue de l'IEA. Le fissile c'est trop peu trop tard. On verra dans 30 ans qui à raison, mais vu l'age moyens des réacteurs en services aujourd'hui, le nombre de centrales en construction et ceux en projets, j'estime pour ma part que la part du nucléaire dans la production d'electricité mondiale va continuer à baisser vers 5% (ceux qui sont très optimistes estiment environ 10%) donc il faut reconnaitre que ce sera de plus en plus une niche.
Faux, nous ne sommes pas les seuls à construire des centrales nucléaire.
Faux, ce n'est pas parce nous construisons quelques centrale nucléaire que les EnR ne se développent pas, les causes sont bien plus diverses.
La seule chose correcte dans votre commentaire est le fait que nous partons dans le mauvais sens, pas en développant le nucléaire, mais en ne développant la sobriété qui est primordiale et qui doit passer avant le choix du mix énergétique. Par exemple, installer une PAC dans une maison mal isolée est contre productif, et cela même si l'électricité est peu carbonée.
@Envinyatar,
Vous avez bien raison sur le manque de sobriété de nos sociétés occidentales (pleine d'ébriété énergétique de partout ! Les Allemands avec leurs grosses voitures sont enivrés de cette consommation à outrance...).
Par contre sur le cas de votre maison mal isolée, il faut aussi faire attention, par endroit suivant la nature du Bati, une isolation par l'intérieur ne sera pas bonne pour de bonnes performances thermiques et pas forcément aisé par l'extérieur (sur les ouvrants on est d'accord il faut isoler et le faire bien avec le moins de ponts thermiques possibles)... On ne parle pas assez de l'inertie thermique des batiments (surtout dans l'ancien d'ailleurs) qui peut avoir de réels avantages en terme de stockage d'énergie. Cela est/serait bon pour absorber une partie des pics de production éolienne en hiver en chauffant à ces moments-là fortement pour "stocker/emmagasiner" de la chaleur dans le Bati pour les périodes avec nettement moins de vent... (La température de "consigne" à 19 degrés à tout moment, c'est un peu une aberration pour ceux qui ont des PAC et qui durant les passages de dépression pourraient chauffer leurs maisons/logements à 20-21 avec en plus de super rendements des PAC à ce moment-là. Si les logements ont des inerties thermiques conséquentes alors pour le coup il va y avoir nettement moins de besoin thermique les premiers jours de froid anticycloniques en ramenant la consigne à 19 voir 18..., idem le week-end pour refaire ce genre de manipulation en cas de froid anticyclonique prolongé... - Avis Perso que je pratique du reste)
C'est vrai, c'est nul le nucléaire.
C'est pas comme si ça avait produit 70% de l'électricité en France les 40 dernières années.
Quels incompétents ces ingénieurs d'EDF.
Je suis sur que Barbara pompili et Nicolas Hulot feraient bien mieux à leur place.
même dans un pays de haute technologie comme le Japon, les risques liés à l’énergie nucléaire ne peuvent être maîtrisés à 100 %
Samy, le monde a evolue. on est en 2023. La veille technologie des annees 60 (le nucleaire) a beaucoup de mal a rester competitive. La preuve; sa part de marche mondiae et nationale ne cesse de diminuer, montrant sa perte de competivite !!!
Quelle argumentation bidon !!!
Le nucléaire est une technologie qui a la preuve qu'elle fonctionne contrairement à la plupart des ENRi.
Et les moulins à vents, c'est pas nouveau.
La seule différence par rapport au passé, c'est qu'on arrive à les faire plus gros.
Est-ce que le facteur de charge est amélioré en remplaçant ces vieux modèles obsolètes ? J’imagine que oui mais l’article ne le précise pas.
Le facteur de charge n'est pas à proprement parler un indicateur de la variabilité, mais en effet le facteur de charge est fortement amélioré:
D'après une étude du Wind Technologies Market Report pour les États-Unis, le facteur de charge des parc installé ces dernières années est supperieur à 40% alors qu'il était de l'ordre de 30% il y a 10 ans.
plus les eoliennes sont hautes, plus elles reussissent a capter des vents reguliers et plus forts , d ou la course au gigantisme.
C'est surtout que plus le mat est grand, plus les pales peuvent être grandes, et plus les pales sont grandes, plus la puissance récupérée du vent est importante.
Je ne crois pas que les régimes de vents à 100m ou 200m (au même endroit) soient vraiment différents.
Par contre, en mer les vent est plus régulier que à terre car il n'y a pas d'obstacle (arbres, montagne, immeuble...), à taille identique, une éolienne en mer aura donc un meilleur facteur de charge que à terre.
@Envinyatar,
Entre 100 et 200 m suivant les conditions météo et la couverture nuageuse, la force du vent et sa stabilité peuvent être assez différente, d'où l'intérêt d'aller plus haut...
Par contre à terre, suivant les lieux cela peut sérieusement impacter certains paysages et certaines perspectives...
Autre point, les outils de manutention en mer, notamment du fait de l'historique de l'offshore de l'Oil&Gaz, sont énormes. Des Grues capables de soulever des charges de centaines voir de milliers de tonnes sont courantes donc y monter des éoliennes gigantesques n'est pas un gros problème de même que le transport des pales et des nacelles sur des bateaux/barges de transport (sachant que les usines de fabrication/assemblages sont dans des ports... A terre, transporter certaines pales en certains lieux est une sacrée expédition (voir même un réel problème logistique limitant la taille des éoliennes dans certaines régions reculées...).
Je ne connais pas l'effet chiffré exact, mais le gradient du vent au niveau du sol a un effet important surtout dans les premiers centaines de mêtres, ça permet de diminuer le nombre d'heures à production zéro. Ceux qui disent que les éoliennes ne tournent que "25% du temps" n'ont rien compris: la differenve entre la puissance nominale et la moyenne de production sur l'année n'est pas synonyme avec le nombre d'heures où les éoliennes ne produisent rien.
En 7 ans, ils feront 3 fois plus et mieux qu'en 21 ans !!! Jolie annonce... Quand on regarde les chiffres d'installation des 3 dernières années, on peut avoir de sérieux doutes... Le Lignite risque d'avoir une longue vie devant lui en Allemagne (Hélas !), ce sera de l'énergie locale et de saison (il ne devrait pas y en avoir trop en été... mais en Hiver ça va fumer fort outre-rhin).
L'adage : " Les "promesses" n'engagent que ceux qui y croient " comme disaient certains !
Jusqu'en 2017, le rythme d'installation était important vu que le prix de rachat de l'électricité était garanti pour 20 ans. Ensuite, le gouvernent à changé la méthode de gratification qui est passé à un système basé sur des appels d'offres, ce qui à entraîné un effondrement du nombre d'installations ces dernières années. Donc on voit que le cadre réglementaires à un effet très important. Ce gouvernement à pris un certain nombre de mesures comme le doublement de la surface réservé à l'éolien et modifié certaines lois qui empêchait où ralentissait les installations. Il faut donc s'attendre à une augmentation importante du rythme d'installation par rapport aux 5 dernières années. Mais il n'est pas encore sûr que ce sera suffisant pour atteindre les objectifs, dans ce cas là un nouvel ajustement réglementaire sera nécessaire.
Bien d'accord avec vous, mais mobiliser des ressources humaines et matérielles pour un tel développement après une nette période de creux, avec une population vieillissante et un taux d'emploi élevé, c'est pas gagné (bosser en extérieur à l'année en Allemagne c'est pas drole tous les jours...)... Certes les Allemands ont la main d'œuvre d'Europe de l'Est disponible et pas chère...
De plus sur les nouveaux parcs, les connexions réseaux ne seront pas toujours aisées et triviales et en Bavière entre le relief par endroit et la population, cela risque de coincer souvent... (On équipe d'abord les zones les plus faciles et après le reste...).
Bon tous les Allemands ne sont pas dans les maisons de retraite ;)
A la différence de la France, c'est un pays qui a réussi à conserver son industrie, qui à de nombreuses formations d'ingénieur et une forte tradition et savoir faire en ingénierie, et de plus déjà des entrepisent implantées sur son sol. Beaucoup considèrent que la perte de savoir faire et la desindustrialisation à joué un très grand rôle dans la débâcle des EPR, donc je vois plutôt le problème de la formation et du manque de mains d'oeuvre du côté francais, je ne suis pas sûr que le nucléaire attire autant les jeunes que dans les années 70.
Comme dans tous grand projets, certains Länder rechignent où certaines réalisations prennent un peut plus de temps, mais il n'y a rien d'insurmontable ici. C'est exactement la même chose dans tous les pays: par exemple la France est très en retard sur ses objectifs de constructions d'ENR, indispensable pourtant pour atteindre ses objectifs de réduction des émissions.
on verra dans 2 ans......simplement. Pour l instant , tout se deroule comme prevu; sortie du nuke et preparation de la sortie de la lignite en 2030.
Oui, comme vous dites pendant ce temps dans le reste du monde le charbon progresse...
Dans 2 ans on verra en Allemagne que la sortie du Lignite sera compliquée... (surtout si les Allemands s'attaquent au cas du chauffage au Gaz Fossile...)
Mettre des objectifs inatteignables est aussi une vieille technique pour maquiller d'autres objectifs inatteignables (cela se fait beaucoup sur les projets de construction, l'arbuste qui cache la forêt...)
Ah oui ?
J'imagine qu'ils avaient aussi prévu que les russes leur couperaient le gaz.