Comment la Suisse va stocker de l’électricité dans ses montagnes


Comment la Suisse va stocker de l’électricité dans ses montagnes

Barrage de Vieux-Emosson en Suisse - Photo : Nant de Drance SA.

La batterie n’est pas l’unique moyen de stocker de l’électricité. En Suisse, une «station de transfert d’énergie par pompage» (STEP) s’apprête à en accumuler de très grandes quantités dans la montagne. Aussi puissante qu’un réacteur nucléaire, la STEP du Nant-de-Drance sera branchée au réseau en décembre 2021.

À cheval sur la frontière Franco-Suisse, le complexe hydroélectrique d’Émosson produit de l’électricité renouvelable depuis près de cinquante ans. Les deux centrales qui y sont reliées, l’une Suisse et l’autre Française, développent une puissance cumulée de 390 MW. Si l’ensemble est déjà équipé de petits bassins artificiels destinés au pompage-turbinage, il exploitera bientôt un aménagement de bien plus grande capacité. En décembre 2021, la mise en service de la STEP du Nant de Drance ajoutera 18 GWh de capacité de stockage et 900 MW de puissance électrique au réseau.

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Surrélévation du barrage de Vieux-Emosson – Photo : Nant de Drance SA.

Une chute d’eau vertigineuse

Cette super-STEP est le fruit de 12 années d’un chantier titanesque, presque entièrement réalisé dans les entrailles de la montagne. Pour relier les deux lacs d’Émosson, 17 km de galeries souterraines ont été aménagées. Une « caverne des machines » abritant six turbines Francis de 150 MW, pompera l’eau vers le lac supérieur lorsque la production d’électricité est excédentaire. Puis, selon les besoins du réseau, elle sera relâchée dans le lac inférieur après avoir chuté sur une hauteur de 425 m dans deux canaux verticaux de 7 m de diamètre.

L’intérieur d’un des puits verticaux – Photo : Nant de Drance SA.

La STEP du Nant de Drance pourra ainsi injecter sur le réseau une puissance équivalente à un réacteur nucléaire (900 MW), mobilisable en moins de 5 minutes. Du remplissage à la vidange complète, les 25 millions de m³ du lac supérieur permettront de fournir du courant pendant 20 heures d’affilée. Un moyen idéal pour y stocker, par exemple, la production intermittente des éoliennes et panneaux photovoltaïques.

La centrale hydroélectrique souterraine – Photo : Nant de Drance SA.

Moins chère qu’une batterie géante

Le rendement de l’installation est annoncé à plus de 80 %. C’est un peu moins qu’un système de stockage par batteries, mais ses avantages sont considérables. Pour un coût estimé à 2,1 milliards de francs suisses (1,95 milliards d’euros), cette centrale de pompage-turbinage peut délivrer une puissance très élevée et accumuler une quantité phénoménale d’énergie. Les 18 GWh du Nant de Drance auraient coûté pas moins de 4,5 milliards d’euros s’ils étaient stockés au sein d’une batterie (estimation basée sur le coût des Powerpacks Tesla d’Hornsdale en Australie).

En économisant aussi sur l’espace et les ressources, les STEP conservent donc une longueur d’avance face aux batteries stationnaires. Malgré un potentiel important offert par ses nombreux reliefs, la France n’exploite que 6 stations de pompage-turbinage. Aucun nouveau projet n’est actuellement à l’étude, si ce n’est quelques fantasmes de passionnés d’énergies.

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