Lorsqu’ils ne sont pas situés dans une région au climat glacial, les data center consomment de grandes quantités d’électricité pour se refroidir. Certains parviennent toutefois à rester sobres en exploitant des ressources locales parfois insoupçonnées. À Marseille, c’est une mine de charbon abandonnée qui permet de réguler la température d’un puissant centre de données.
En lisant cet article, en regardant nos vidéos sur YouTube ou en achetant un objet sur internet, vous n’imaginez pas la curieuse logistique qui se cache derrière le numérique. Car le web est loin d’être aussi « dématérialisé » que les grands discours laissent parfois penser. Pour faire tourner la toile, il faut bel et bien du matériel et notamment une pléthore de data center consommant d’importantes quantités d’électricité.
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Entre 2 et 3 % des émissions de gaz à effet de serre proviendraient ainsi de ces centres de données, soit autant que le transport aérien. Leur impact climatique peut toutefois être drastiquement diminué à la faveur de choix techniques et géographiques.
Des sociétés installent par exemple leur data center dans des régions au climat polaire, assurant une climatisation naturelle, gratuite et redoutablement efficace. D’autres optent pour des pays où l’électricité est abondante et entièrement renouvelable. Mais à Marseille, où le climat est brûlant l’été et doux l’hiver, un data center a trouvé une astuce inédite pour se refroidir à moindres frais.
De l’eau à 15 degrés toute l’année
Aménagé dans un bunker de sous-marins nazis inachevé, le complexe MRS2-MRS3 d’Interxion exploite l’eau d’une ancienne mine de charbon distante de plus de 15 km. Fermée en 2002, la mine souterraine de Gardanne évacuait jusque-là ses eaux d’infiltration à travers un long tunnel menant en mer.
L’ouvrage construit en 1907 est toujours entretenu pour éviter séismes et affaissements de terrains dus à la liquéfaction des sous-sols. L’eau drainée est à une température de 15,5 °C toute l’année, une véritable aubaine pour le data center érigé au débouché de l’exutoire, sur le port de Marseille.
Plus de 18 GWh économisés chaque année
Pompée à un débit maximal de 1 800 m³/h, l’eau circule dans un réseau de 27 échangeurs thermiques pour générer de l’air froid insufflé autour des serveurs. Les groupes de climatisation traditionnels installés en parallèle ne fonctionnent qu’en cas de secours. Selon Interxion, le refroidissement via les eaux de la mine serait 30 fois moins énergivore qu’un système de climatiseurs classiques.
Jusqu’à 18 400 MWh d’électricité devraient ainsi être économisés chaque année d’après le propriétaire du data center, ce qui équivaut à la consommation annuelle de plus de 5 200 habitations hors chauffage.
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Le système baptisé « River cooling » a été élaboré par Interxion avec Dalkia Smart Bulding, une filiale d’EDF. Sa réalisation a nécessité un investissement de 15 millions d’euros, en partie supporté par la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et l’ADEME.
À terme, il sera adapté afin d’injecter les calories émises par les serveurs dans un réseau de chauffage urbain couvrant 500 000 m² de bureaux et habitations. Ce dernier exploite déjà une boucle d’eau de mer pour chauffer et refroidir une partie du quartier d’affaires de Marseille.
Visiter virtuellement les entrailles du système River cooling.