Mise en service en 2018, la centrale solaire du Fouilloux (Charente-Maritime) a permis de revaloriser l’ancienne carrière Saint-Georges exploitée pour son kaolin pendant plus de 100 ans. Pascal Boor, le maire de la commune, nous raconte l’histoire de cette reconversion.
Une région marquée par l’argile blanche
Se présentant sous la forme d’une poudre blanche, le kaolin est une sorte d’argile déjà exploitée par les Chinois dès le VIe siècle dans la fabrication de la porcelaine. Employée également dans les industries du papier et du cosmétique, cette matière très riche en silicate d’aluminium sert aussi en pharmacie comme antidiarrhéique. Elle peut également entrer dans la composition du ciment, de peintures, de colles, d’engrais, d’alimentation pour les animaux, etc.
Le kaolin du secteur du Fouilloux a été utilisé dès la moitié du XIXe siècle par des faïenciers de Bordeaux. La carrière Saint-Georges a été créée en 1910. L’argile blanche était alors accessible avec de simples pelles et pioches. Un système de transport par mules, bœufs et chevaux a été mis en place pour acheminer la poudre vers le rail.
Les processus se sont ensuite modernisés (puits verticaux, engins motorisés, etc.). La carrière Saint-Georges s’est arrêtée en 2014, après avoir livré plusieurs millions de tonnes de terre blanche.
Tepos
« La communauté des communes de la Haute Saintonge, à laquelle est rattaché Le Fouilloux, est labellisée ‘Territoire à énergie positive’ (TEPos). Le président de la collectivité a la volonté de développer les énergies renouvelables sur le territoire pour parvenir à l’autosuffisance à horizon 2030 », lance Pascal Boor, maire de la commune du Fouilloux.
« Il fallait trouver autre chose que les énergies fossiles. Nous n’avons pas assez d’eau pour l’hydraulique, et le solaire est moins conflictuel que l’éolien. L’inconvénient du solaire, c’est qu’il faut de la surface bien exposée. Avec un secteur agricole pas très développé, notre territoire se prête bien aux énergies renouvelables », assure-t-il.
« La fermeture d’un site comme celui de la carrière Saint-Georges est le plus souvent associée à une obligation de reboisement. A moins de réfléchir autrement », souligne l’élu.
Propriété de la collectivité
La carrière appartenait à la société AGS, créée à la fin des années 1960 avec la fusion de 3 entreprises locales qui lui ont donné leurs initiales : Agirec, Granger et Sogdar. La nouvelle entité est devenue une filiale du groupe Imerys en 2006.
« Le terrain de la carrière, qui représente aussi un intérêt géologique, a été revendu par Imerys à la communauté de communes. Appelé aujourd’hui EDF Renouvelables, c’est EDF Energies Nouvelles qui a obtenu le marché pour la centrale solaire du Fouilloux », commente Pascal Boor.
Si la carrière Saint-Georges a fermé en 2014, la réalisation des études techniques, environnementales et paysagères de la transformation du site remontent à 2010. Avec un permis de construire délivré en juillet 2016, les travaux ont démarré en août 2017. Le raccordement au réseau a été effectué en décembre de la même année. EDF retient février 2018 comme date de mise en service de la centrale, avec une inauguration officielle en septembre suivant.
En chiffres
« Notre centrale solaire dispose d’une capacité installée de 11,925 MWc. Les 99.375 panneaux photovoltaïques se répartissent sur 1 325 structures comptant chacune 75 modules. Une surface de 71 550 m2 de capteurs est présente sur une emprise foncière de 18 hectares. Ils bénéficient d’un ensoleillement annuel important de 1 323 kWh/m2. La production annuelle d’énergie est de 14 064 MWh », chiffre Pascal Boor.
De quoi subvenir aux besoins en électricité de 6 000 habitants. Les panneaux photovoltaïques à couche mince sont alignés sur une centaine de rangées, orientés vers le Sud avec une inclinaison de 20 degrés.
« Le site, dont une petite partie s’étale sur un terrain privé, accueille 4 postes de conversion et un de livraison. La centrale fonctionne bien ; EDF est content », précise notre interlocuteur.
L’avis des habitants
« Il y a bien eu des personnes qui ont trouvé dommage d’étaler des panneaux photovoltaïques dans un tel paysage. Mais rappelons-nous qu’il y circulait auparavant des petits chariots pour l’extraction du Kaolin. Par ailleurs le terrain est inexploitable pour l’agriculture », explique Pascal Boor. « Globalement, il n’y a pas eu de problèmes majeurs avec les habitants. Ils trouvent plutôt que c’est une bonne idée d’exploiter de la sorte les surfaces au lieu d’ajouter de nouvelles forêts dont notre département est déjà riche », rapporte-t-il.
« EDF est très attentif à l’écologie, aux questions qui entourent la faune et la flore sur le site. Nous y trouvons en particulier le guêpier d’Europe et la tortue Cistude », souligne-t-il.
« En outre, un sentier de découverte et un belvédère ont été aménagés pour comprendre le lieu qui offre un véritable intérêt géologique. Le président de la communauté de communes aime beaucoup l’histoire. Les veines dans le sol mettent en avant les différentes ères géologiques. Ce sont 50 millions d’années qui sont représentées », révèle le maire du Fouilloux.
Extension à l’étude
« La communauté des communes de la Haute Saintonge poursuit un projet d’extension de la centrale solaire. Imerys hésite à vendre ou à louer le terrain qui s’étend sur une superficie un peu plus petite, représentant 14 ou 15 hectares. Une demande de permis a déjà été déposée », avance Pascal Boor.
« Avec cette extension se pose la question : ‘Jusque quand faut-il continuer à étendre ?’. Au lieu de s’endetter, le nouveau projet permettrait de financer, au moins en grande partie, une salle des fêtes. Nous avons déjà une belle école dans la commune », réfléchit-il.
« Une centrale solaire amène des sous à la commune par l’intermédiaire de la taxe Ifer. Un tel établissement est installé pour au moins 20 ans. Ce n’est pas négligeable », estime-t-il.
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« Nous imaginons développer des activités ludiques et/ou pédestres à côté de la centrale. Les gens pourraient se balader dans la carrière, s’intéresser au passé du site », évoque Pascal Boor.
« Il y a d’autres centrales solaires dans la communauté des communes de la Haute Saintonge. Comme celle de Montendre. Dans le cadre du schéma de cohérence territoriale de la collectivité et du plan local d’urbanisme, d’autres projets très différents sont à l’étude. Ainsi une prévision d’extension du circuit Jean-Pierre Beltoise de la Genétouze. Dans un bâtiment complémentaire serait produite la voiture du futur », conclut notre interlocuteur.
Julien Beltoise est actuellement en pleine période de présentation de sa sportive électrique BT01 conçue en pensant aux écoles de pilotage. C’est ce modèle qui devrait être construit sur le territoire de la collectivité.
Révolution Energétique et moi-même remercions vivement Pascal Boor de nous avoir reçus pour nous présenter la centrale solaire installée sur sa commune.
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Commentaires
Le président de la communauté de communes cité dans cet article apprécie et aide le solaire photovoltaïque. Mais ne lui parlez pas d'éolien !!! Il l'exècre au point qu'il a récemment menacé les communes qui accepteraient des éoliennes sur leur territoire de ne plus recevoir de subventions
Le lien communiqué ci-dessus à Monsieur Mandon est en rapport avec vos préoccupations. L'éolien sera un complément au voltaique. Ceci dans la mesure où il diminuera la quantité d'énergie électrique devant être stockée pour assurer le besoin
Petit embrouillamini dans les chiffres et les unités...
"Ils bénéficient d’un ensoleillement important de 1 323 kWh/km2"
Il fallait bien sûr lire "1323kWh/m²/an"
Il s'agit de l'énergie solaire incidente, qu'il faut multiplier par le rendement du panneau et son coeffcient d'orientation, inférieur à 1 s'il n'est pas plein sud et pas avec l'angle idéal de(??).
Bonjour.
Vous comparer un kWh intermittent et non pilotable avec un kwh pilotable
C est comme comparer des choux et des carottes . Ça n a aucun sens.
Bonne journee
vous avez tout à fait raison monsieur Mandon: la façon dont nous consommons l'énergie électrique :
http://www.infoenergie.eu/riv+ener/2consommation.pdf
est un domaine différent de celui qui traite de la façon de la produire qui sera inévitablement lié au stockage:
http://www.infoenergie.eu/riv+ener/3production.pdf
Merci d'avoir signalé cette erreur. Nous avons corrigé
Merci la révolution énergétique de nous faire comprendre au travers de ces chiffres que le voltaique a un potentiel considérable. Ceci vu qu'une surface de panneaux de 11 m2 fournie annuellement sensiblement 2300 kWh
Cette quantité d'énergie étant presque suffisante pour assurer le besoin d'un habitant consommant raisonnablement l'énergie électrique grâce à la "Solar Water Economy" de l'enthalpie
Reste le stockage de masse de l'électricité mais ceci est une autre affaire