L'étang de saumure de Lavalduc, d'aspect rose en raison de la présence d'un crustacé vivant dans les lacs salés / Image : Révolution Énergétique.
Grâce à son projet HyVence, l’entreprise Geosel pourrait bien avoir trouvé une nouvelle utilité pour ses deux bassins de saumure saturée, situés à Fos-sur-Mer. Le spécialiste du stockage d’hydrocarbures compte en effet y implanter une centrale photovoltaïque flottante dédiée à la production d’hydrogène vert.
Les étangs de Lavalduc et Engrenier, situés à Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône, ont une particularité : ils arborent une couleur rose unique, témoin d’une saturation en sel proche des 100 % (contre 27,5 % pour la mer Morte, par exemple). Ces bassins saturés en saumure sont utilisés par Géosel, leur exploitant, pour remplir et vider des cavités souterraines destinées au stockage stratégique d’hydrocarbures.
Mais, transition énergétique oblige, l’entreprise compte utiliser ces deux étendues d’eau pour toute autre chose : produire de l’électricité par le biais d’une centrale photovoltaïque flottante de 300 MWc. Celle-ci sera utilisée pour produire de l’hydrogène vert grâce à un électrolyseur d’une puissance de 125 MW. L’hydrogène obtenu devrait ensuite alimenter la zone industrielle et portuaire de Marseille-Fos grâce au réseau de pipeline existant servant actuellement à l’acheminement des hydrocarbures. À terme, l’entreprise espère produire 40 tonnes d’hydrogène vert par jour, et pourrait étendre la centrale photovoltaïque à 600 MWc.
Ce projet HyVence ne sera pas la seule usine de production d’hydrogène vert sur le bassin de Marseille-Fos. Non loin de là, le projet H2V FOS promet, de son côté, de produire 84 000 tonnes d’hydrogène par an grâce à 6 électrolyseurs de 100 MW chacun. En revanche, grâce à l’installation de sa centrale solaire, Géosel s’assure de disposer d’une électricité réellement bas-carbone.
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Géosel exploite actuellement le plus grand site de stockage d’hydrocarbures d’Europe avec plus de 9 millions de mètres cubes de capacité de stockage. Pour atteindre de tels volumes, l’entreprise met à profit les gisements de sel du sous-sol de la ville de Manosque, dans le Lubéron. Pour les rendre exploitables, la technique employée consiste à lessiver les profondeurs avec de l’eau. Celle-ci est ensuite pompée, et acheminée jusqu’aux bassins de Lavalduc et Engrenier, à 75 km de là, grâce à un pipeline dédié. De cette opération résulte une cavité étanche et parfaitement utilisable pour le stockage de produits pétroliers.
Face aux enjeux de la décarbonation, l’utilisation d’hydrocarbures devrait se raréfier, mais il n’est pas impossible que ces cavités servent, à l’avenir, à stocker de l’hydrogène plutôt que des hydrocarbures. Dans le monde, plusieurs expérimentations destinées à stocker de l’hydrogène vert en grandes quantités sont déjà en cours.
À lire aussi Pourquoi le train à hydrogène n’intéresse plus l’Allemagne ?C’est notamment le cas du projet Hypster porté par Storengy, dans l’Ain. Cette installation, qui vient d’être inaugurée, repose sur le même principe et a pour objectif principal de vérifier qu’il est possible de stocker de l’hydrogène avec ce procédé dans les mêmes conditions de sécurité que le gaz naturel. La partie n’est pas gagnée d’avance, car l’hydrogène est nettement plus léger que le méthane, et donc beaucoup plus difficile à contenir. À titre de comparaison, le volume d’1 kg d’hydrogène est de 11 m³ tandis que le volume d’1 kg de méthane est de 1,5 m³. De plus, selon plusieurs scientifiques, les fuites d’hydrogène dans l’atmosphère seraient 200 fois plus néfastes pour le climat que le CO2.
En revanche, si le procédé se montre efficace et adapté en termes de sécurité, les réservoirs de Géosel permettraient théoriquement de stocker plus de 800 000 tonnes d’hydrogène !