Le bois énergie est assurément une énergie renouvelable, mais cela n’implique pas qu’elle soit sans impact sur la santé et l’environnement. Tout dépend en fait de la façon dont il est employé. On vous dit tout.

La combustion du bois produit des fumées qui peuvent contenir, selon les situations, toute une variété de substances potentiellement nocives. Outre la vapeur d’eau et le dioxyde de carbone (CO2), on y trouve des polluants atmosphériques toxiques comme les dioxines, le benzène, le monoxyde de carbone (CO), les composés organiques volatiles (COV) et les oxydes d’azote (NOx), ou encore des particules fines (PM10) et ultrafines (PM2,5).

Pour réduire significativement ces émissions, il existe heureusement de nombreuses bonnes pratiques. Notez que les conseils ci-dessous sont plutôt destinés aux utilisateurs de bois bûche, mais certains restent toutefois valables pour les autres types de bois-énergie (par exemple pellets et granulés).

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🔥 Conseil n°1 : se procurer un bois très sec et de bonne qualité

Pour le chauffage, il est préférable de choisir les essences d’arbre les plus adaptées ; pour ce faire, l’Office national des forêts (ONF) propose une liste. Les meilleures essences sont les feuillus dits durs (ex : chêne, charme, hêtre, frêne), car, par unité de volume (le stère), ils sont les plus denses et ce sont ceux qui peuvent produire le plus d’énergie.

Deux précisions sont toutefois apportées par l’INERIS. En premier lieu, le chêne est une essence considérée comme très émissive si l’apport en air est insuffisant ; par ailleurs, il ne faut pas utiliser des combustibles de type déchet de bois traités, dont la combustion peut émettre des substances toxiques (dioxines).

Viennent ensuite les feuillus dits tendres (ex : bouleau, platane, peuplier), moins denses en énergie. Enfin, les épineux et résineux (ex : pins, épicéas, sapins, cèdres) sont déconseillés, car ils brûlent très vite et tendent à encrasser les conduits d’appareil avec les résidus de combustion de leur résine.

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Autre critère : le bois doit être très sec, car la vaporisation de l’eau qu’il contient absorbe de l’énergie, qui est alors perdue pour le chauffage, et évacuée par les fumées. De plus, la combustion d’un bois sec réduit de 70 % les émissions de polluants. En pratique, le taux d’humidité du bois doit être inférieur à 20 %, ce qui implique soit de l’acheter sec, soit de prévoir un temps de séchage important à l’air ambiant, de l’ordre de 12 à 18 mois, voire plus. Il existe également du bois dit « extra-sec » ou « hautes performances », dont le séchage s’étend sur 24 mois ou accéléré en séchoir et dont le taux d’humidité est bien inférieur à 20 %. Il est possible de vérifier le taux d’humidité de son bois au moyen d’un capteur spécifique.

Par ailleurs, la proximité de la source de production du bois est importante afin de limiter la pollution due au transport du bois. Enfin, pour limiter l’impact sur l’environnement de l’exploitation des forêts, il importe de s’assurer que le fournisseur met en œuvre de bonnes pratiques. Pour ce faire, il existe des certifications, comme les labels PEFC (Programme de reconnaissance des certifications forestières) et FSC (Forest Stewardship Council) ; l’ONF s’est particulièrement engagé pour accompagner les forestiers sur ces sujets.

🔥 Conseil n°2 : assurer la bonne évacuation des fumées

Dans un logement, le risque provient surtout d’une mauvaise évacuation des fumées. Les appareils les plus récents (par exemple labellisés Flamme Verte) sont tous équipés de conduits d’évacuation qui permettent d’évacuer correctement les fumées à l’extérieur. Ainsi, les poêle à bois, les inserts de cheminée et les chaudières à bois récents éliminent à priori ce risque.

Ceci n’est vrai toutefois qu’à la condition que le matériel soit convenablement entretenu. Ainsi, en particulier, le ramonage de la cheminée doit être fait régulièrement pour limiter les risques et la pollution. En France, le ramonage est obligatoire au moins une fois par an (L. 2213-26 du code général des collectivités territoriales) ; à noter que certaines préfectures requièrent une fréquence plus élevée, de deux fois par an.

L’INERIS a récemment alerté que la moitié des appareils de chauffage au bois étaient anciens, c’est-à-dire vieux de plus de 15 ans. Pour ces derniers, les fumées pourraient ne pas être correctement évacuées. Ils peuvent également être les plus polluants ; ainsi dans un courrier du 20 novembre 2024, le Syndicat des énergies renouvelables (SER) a indiqué à ce sujet que ce parc ancien est « le réel émetteur des particules fines ».

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🔥 Conseil n°3 : utiliser convenablement son appareil de chauffage

Outre les recommandations précédentes, la façon d’utiliser en pratique son appareil au bois n’est pas sans influence sur l’émission de polluants. Ainsi, d’après l’INERIS, il est préférable d’appliquer les bonnes pratiques suivantes :

  • charger convenablement le foyer : il faut éviter la surcharge, mais aussi prévoir du combustible à la bonne dimension (pas de trop grosses sections), tout en évacuant régulièrement les cendres pour permettre une bonne circulation de l’air. De plus, il est conseillé de recharger le foyer au moment où les flammes disparaissent au profit de la braise ;
  • allumer le feu par le haut réduit de 30 à 50 % les émissions grâce au réchauffement et au séchage des bûches, ainsi qu’à la combustion des gaz émis par les bûches ;
  • favoriser le fonctionnement à vive allure plutôt qu’à allure réduite (en réglant le débit d’arrivée d’air), au cours de laquelle la combustion se fait avec flamme (+110 % d’émissions de polluants avec une combustion sans flamme). Pour réduire la température, il est ainsi préférable d’utiliser une demi-charge de bois, plutôt que l’allure réduite de l’appareil.

🔥 Conseil n°4 : réduire sa consommation d’énergie et choisir le bon équipement

Réduire sa consommation d’énergie, c’est réduire la quantité de bois brûlé, et donc la quantité de polluants générés. La consommation d’énergie pour le chauffage est issue de plusieurs facteurs :

  • l’environnement climatique (température l’hiver, et durée de la saison froide) ;
  • la consigne en termes de température dans le logement ;
  • l’isolation thermique du logement, entre ses pièces intérieures et son environnement extérieur ;
  • le bon dimensionnement et le rendement du système de chauffage au bois.

On ne peut pas agir sur le premier facteur, bien entendu ; il serait quelque peu malvenu en effet de conseiller de déménager pour réduire ses besoins de chauffage. Quoi qu’il en soit, il est possible d’agir sur les autres facteurs. Viser une température cible de 19 °C est une manière de ne pas chauffer excessivement, au regard des normes (obligatoires ou non, en fonction du fait qu’on est propriétaire ou locataire, ou dans une copropriété ou non). Par ailleurs, la réalisation de travaux d’isolation est de nature à réduire de manière significative la consommation de bois, et donc l’émission de polluants.

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Concernant le dernier point, il concerne le choix du système de chauffage, et son remplacement s’il est trop ancien. Ainsi il est préférable d’utiliser un appareil fonctionnant porte fermée (insert ou poêle) plutôt qu’un foyer ouvert. De plus, la puissance de l’appareil et le tirage de sa cheminée doivent être convenablement dimensionnés pour assurer la température souhaitée par l’utilisateur ; en effet, si la chaleur générée par l’appareil est trop importante, cela conduira à fonctionner à allure réduite, laquelle est à éviter.

Enfin, un appareil de bonne qualité récent aura un très bon rendement. Le rendement est le rapport entre l’énergie utile pour le chauffage, et l’énergie initialement contenue dans le bois. Pour consommer le moins de bois possible, ce rendement doit être le plus haut possible. Ce rendement est supérieur à 80 % pour les appareils fermés récents, contre seulement 10 % pour les foyers ouverts à l’ancienne.

Vous l’aurez constaté à la lecture des conseils ci-dessus : la plupart permettent justement d’optimiser au mieux, en pratique, le rendement. Et donc, au total, l’émission de fumées, donc la pollution.

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