L'éolienne flottant à axe vertical FAWT / Capture vidéo YT Albatross Technology.
Les designers laissent parfois parler leur créativité pour la simple beauté de la chose. Les ingénieurs, beaucoup plus rarement. Lorsqu’ils proposent une nouvelle éolienne en mer à l’esthétique bizarroïde, c’est pour une raison bien précise.
Le Japon s’est fixé comme objectif d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Pour ce faire, le pays compte déployer des énergies renouvelables à grande échelle. Parmi celles identifiées comme « à fort potentiel » : l’éolien offshore. Pour 2030, l’objectif est fixé à 10 GW et il s’élève entre 30 et 45 GW pour 2040. L’ennui, c’est qu’autour du Japon, les zones maritimes peu profondes sont rares. Difficile, donc, d’envisager d’y implanter beaucoup d’éoliennes en mer « posées ». C’est pourquoi le pays s’intéresse de très près à l’éolien flottant qui peut parfaitement être déployé en eau profonde.
Plusieurs entreprises japonaises viennent ainsi de révéler un projet de développement conjoint d’un démonstrateur d’éolienne offshore à axe flottant — ou FAWT pour floating axis wind turbine — au design pour le moins surprenant. Une petite turbine expérimentale à axe vertical, supportée par une fondation flottante cylindrique « rotative » de seulement 20 kW dans un premier temps. Si la conception est validée, un projet de démonstrateur plus conséquent — de l’ordre du mégawatt — sera mis en œuvre.
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À la genèse du projet, la nécessité, de réduire considérablement les coûts de déploiement de l’éolien offshore. Et la croyance forte qu’en la matière, les développements technologiques peuvent aider. L’idée de cette architecture étonnante est ainsi née. D’abord, parce qu’avec de telles éoliennes à axe vertical, le centre de gravité peut être abaissé. De quoi réduire les coûts d’exploitation et de maintenance.
L’autre atout de cette éolienne flottante, sur le papier au moins, c’est qu’elle peut être inclinée de 20° tout en continuant de produire à pleine puissance. Elle a été spécialement conçue pour cela. De quoi limiter la taille de la partie flottante et, dans un même mouvement, les coûts d’équipement. Qui seront aussi réduits par le recours à la pultrusion en continu, un procédé de moulage économique.
Les pales seront par ailleurs fabriquées en sections pour éviter la mise en œuvre d’installations de production à grande échelle. Pour faciliter le transport, également. Et pour ne rien gâcher, des pales en plastique renforcé de fibres de carbone (CFRP) dont les entreprises japonaises détiennent 80 % du marché de la matière première.
Commentaires
belle idée !
on se fout du rendement energetique absolu (rapport entre l energie dispo dans le vent et l energie elec restituée par l eolienne). ce qui compte , c'est le cout du kwh produit et l impact environnemental de l installation. si ce type d eolienne coute 10 fois moins cher à construire installer et maintenir qu une eolienne classique, sur plusieurs decennies, meme si cela produit jusqu à 9 fois moins, le bilan sur la durée vie est plus interessant.
J'avoue avoir un faible pour les éoliennes marines à axe vertical. Malgré leur plus faible rendement initial , elle proposent en contrepartie d'autres avantages en terme de maintenance, telle qu'une meilleure accessibilité de la génératrice. Si leur coût de fabrication+exploitation peut être divisé par 2 ou 3 en comparaison d'un traditionnel "moulin à vent", on peut les resserrer dans le champ pour obtenir au final la même production.
Oui, il faut tester pour se faire une idée précise du résultat.
Je rebondis aussi sur cet article car j'ai un faible pour les éoliennes à axe vertical bien qu'elles soient moins esthétiques. Elles ont plein de qualités comme celle de pouvoir fonctionner même avec des vents forts et en puissance égale, un impact au sol (et en hauteur)bien moindre. Je voudrais bien que les journalistes de Révolution énergétique creusent ce sujet.
Moi j'attends avec impatience le jour où les subventions/priorités/tarifs garantis seront supprimés pour voir quelles technologies survivront.
Moi aussi, car ce ne sera sûrement pas les EPR.
bonjour Karim,
Je comprends vos réticences.
Je me souviens d'un reportage TV entre 2005 et 2010 où un promoteur de champ solaire voulait lancer un champ en Lorraine, basé sur du silicium amorphe car en Lorraine le nombre de jours de soleil est plus faible. Et il disait que la rentabilité de son investissement était garantie par...le prix d'achat du Kwh solaire à un prix gigantesquement plus élevé que le prix de vente final au particulier. C'est l'ensemble des contribuables français qui lui garantissaient la rentabilité personnelle. On a donc une entreprise privée qui ne prend aucun risque, ce qui est la négation même du risque entrepreneurial. On pourrait appeler cela un détournement parfaitement légal d'argent public.
Nous sommes tous les 2 pro-nucléaire. Mais il faut néanmoins avouer que la maitrise française du nucléaire a été facilitée par l'existence de la structure publique CEA depuis 1945 , financée par les impôts des français (y compris ceux des anti-nucléaires), ayant une double-activité civile-militaire. Les connaissances technologiques acquises au profit des militaires sont des connaissances mises au service des débouchés publics. Framatome ne réalise pas de recherche fondamentale, donc il bénéficie de transferts de connaissances en provenance du CEA, qui est lui-même le principal financeur des réacteurs expérimentaux (Phénix, Super-Phénix, .......)
Il est fréquent qu'une nouvelle technologique dispose temporairement d'un fond d'amorçage (un petit coup de main) pour démarrer.
Mais effectivement il ne faut pas que cela dure trop longtemps.
Les technologies PV et éoliennes étant désormais éprouvées, je pense qu'il faut effectivement désormais supprimer les subventions dont elles bénéficient (tarif d'achat garanti) pour qu'elles soient en concurrence totale avec les autres sources d'énergie électrique.
Et que le meilleur gagne.
Voilà un commentaire bien pensé qui devrait inspirer nos dirigeants ?
J'ajouterait que plutôt qu'imposer les bénéfices liés au prix excessif du gaz , on devrait imposer à chaque exploitants un minimum de stockage en rapport avec la puissance installée.