Installée à Saint-Evarzec près de Quimper (29), la société Omexom Conversion & Storage étend toujours davantage ses services et ses réalisations. Comme le démontre son implication dans l’unité de stockage de Dunkerque, dans le Nord, et les projets en cours de développement.
Une entreprise en pleine expansion
Lorsque Omexom Conversion & Storage a été créée en 2017, son équipe d’une trentaine de personnes bénéficiait déjà d’une solide expérience qui légitimait sa formation.
« Nous avions déjà évolué dans les métiers de l’électricité industrielle. Ce qui comprend l’automation, l’électrotechnique, l’électricité à bord des bateaux. Dans ces derniers nous avions travaillé à l’intégration des batteries, des moteurs et à la conversion électrique », confirme Thibault Fauquant, à la tête de l’entreprise.
« Ce qui explique que lorsque le stockage s’est développé pour répondre aux besoins des énergies renouvelables, nous pouvions déjà profiter de toutes les expériences nécessaires et déjà acquises », explique-t-il.
Un CA multiplié par 10 en 5 ans ?
« En 2017, notre chiffre d’affaires était inférieur à 2 millions d’euros. En 2021, il a déjà atteint 17 millions. Avec les projets que nous allons poursuivre en 2022, nous savons que nous dépasserons les 20 millions à la fin de cette année. Même dans un contexte de crise sanitaire, de télétravail et de montée en compétences techniques, nous continuons sur une croissance à 2 chiffres », se réjouit Thibault Fauquant.
« Nous disposions jusque maintenant de 600 m2 de bureaux qui vont être refaits avec un agrandissement qui va porter sa superficie à 900 m2. Dans les 2 ou 3 ans, nous devrions avoir recruté 20 personnes supplémentaires au minimum », anticipe-t-il.
En charge du développement commercial, Loïc Fortin complète : « Nous produisons nos solutions sur place à Saint-Evarzec, avec de grosses machines impressionnantes ».
L’année 2021 marquée par l’unité de Dunkerque
« L’année 2021 a déjà été marquée pour Omexom Conversion & Storage par la croissance de l’activité. Nous prenons en charge des projets qui sont de plus en plus complexes. Ainsi notre unité de stockage 61 MW/61 MWh de Dunkerque est à la fois la plus grosse, mais c’est aussi la première pour nous avec un raccordement RTE », rapporte Thibault Fauquant.
« Pour obtenir les autorisations d’accès au réseau, nous avons par exemple dû nous adapter au cahier des charges de RTE qui n’a pas cessé d’évoluer. Au final, notre centrale hors norme pour la France a été qualifiée et certifiée », poursuit-il.
Pour ce projet, Omexom Conversion & Storage était fournisseur de TotalEnergies, qui avait lui même RTE pour client. « Nous avons construit cette centrale de A à Z dans nos locaux, et nous avons géré à distance les travaux de génie civil », glisse Loïc Fortin.
Une année record
« Tout projet, quelle que soit son envergure, est intéressant du point de vue du challenge technique qu’il représente », met en avant le responsable du développement commercial.
« Pour exemple nous venons de terminer la mise en service à Mayotte d’une centrale clé en main 4 MW/4 MWh dans un contexte difficile de crise sociale. Tous nos projets sont emblématiques », illustre de son côté le chef d’entreprise.
En 2021, Omexom Conversion & Storage a installé 100 MWh de capacité de stockage. En plus de l’unité de Dunkerque, il y a eu celle de Carling (25 MW/25 MWh) en Moselle. En Corse et à La Réunion, l’entreprise bretonne à mené des projets de mêmes dimensions : 5 MW de puissance et 10 MWh de capacité.
Solution de stockage à batteries lithium-ion
« Nous fournissons une solution de stockage qui permet de pallier l’intermittence des énergies renouvelables comme le solaire ou l’éolien. Elle permet de lisser la production dans la journée », lance Loïc Fortin.
« Il s’agit d’un outil de flexibilité qui permet de maintenir l’équilibre du réseau, le 50 Hz du courant en France. Ce service système s’appuie sur la recharge des batteries lorsque la production électrique est élevée et la restitution de l’énergie lorsque la demande électrique est très forte », ajoute Thibault Fauquant.
« Les batteries sont en train de remplacer les centrales traditionnelles. Les plus importantes étaient bridées à 90 % afin d’assurer ce rôle de maintien de l’équilibre du réseau français », rappelle-t-il.
« Nos unités de stockage prennent la forme de conteneurs de 20 ou 40 pieds d’une capacité individuelle de 2,5 MWh. Mais la densité énergétique augmente constamment, propulsée par les besoins des véhicules électriques. Nous bénéficions de ce phénomène pour nos batteries de stockage », reconnaît le responsable du développement commercial.
Des batteries dédiées neuves
« Nous employons des batteries lithium-ion neuves conçues spécifiquement pour le stockage stationnaire. Nous regardons avec intérêt celles en seconde vie après un usage dans des voitures électriques », avance Loïc Fortin.
« Le marché n’est pas suffisamment moteur aujourd’hui pour intégrer des packs en seconde vie. Par ailleurs, la tension n’est pas la même qu’avec celles que nous employons pour le stockage », estime pour sa part Thibault Fauquant.
« L’exploitation de ces anciennes batteries poserait en outre un autre problème : celui de la garantie. Nous construisons nos unités pour 20 ans. On ne peut pas partir aujourd’hui avec des batteries en seconde vie pour une telle durée. Les banques ne suivraient pas. Elles exigent des business plans qui tiennent la route sur le long terme », plaide-t-il.
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« Quel que soit le mix énergétique choisi par RTE, la part des énergies renouvelables sera de plus en plus importante, multipliée par 30 ou 40. Dans ce contexte, les besoins en stockage ne pourront que progresser », assure le chef d’entreprise.
« En France, notre unité de Dunkerque est la plus importante. Aux Etats-Unis, aux alentours des 50 MWh, ce sont des petits projets. Ils en sont à des capacités de 500 MWh, et bientôt 1 GWh », compare-t-il.
« La taille des centrales va également augmenter chez nous. Omexom Conversion & Storage fait partie des 2 seules entreprises de l’Hexagone à pouvoir aujourd’hui s’intégrer à ce phénomène », soutient-il.
« Le rôle du stockage va devenir de plus en plus central avec le développement des véhicules électriques. Plus il y en aura en circulation, plus le réseau connaîtra d’instabilité », prévoit Loïc Fortin.
À lire aussi Sur les terres de Tesla, LS Power met en service la plus grosse batterie du mondeEt le V2G pour stabiliser le réseau ?
Le V2G (Vehicle-to-Grid, de la voiture au réseau) est souvent cité pour aider à stabiliser le réseau. Il s’agit, grâce à la recharge bidirectionnelle, d’utiliser une partie de l’énergie des voitures électriques en stationnement pour la réinjecter lors des pics de consommation.
« Philosophiquement, ça marche. Mais ça semble aujourd’hui utopique de mettre en place une telle architecture en France quand on connaît les exigences des gestionnaires de réseau. Il faudrait mettre en place des moyens de communication, des dispositifs de rémunération. Les utilisateurs de véhicules électriques vont-ils accepter les contraintes pour quelques centimes ? Pourquoi pas, mais pas avant une dizaine d’années », s’interroge Thibault Fauquant.
« Sans compter que le V2G va forcément dégrader les batteries des voitures électriques », prévient Loïc Fortin.
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L’entreprise qui compte parmi ses clients Corsica Sole, Comax, ZE Energy, Engie, et bien d’autres, aligne déjà pas mal de réalisations à son actif. Rien qu’au niveau des sites clé en main, centrale de production + stockage, on en dénombre plus d’une vingtaine depuis la première en Martinique, en 2018.
Elles sont localisées en Corse (15), Guadeloupe (3), Guyane (1), La Réunion (1). La liste sera complétée en 2022 avec une livraison similaire en métropole.
« Nous fournissons aussi l’exploitation et la maintenance. Même s’il existe des horaires très décalés entre Quimper et certains sites, la supervision est assurée, et des systèmes d’astreinte sont organisés », souligne Loïc Fortin.
« Les batteries nécessitent un peu de surveillance. Nous n’avons jamais connu d’incendie sur nos centrales, mais nos clients veulent que quelqu’un puisse leur répondre en cas de problème », défend-il.
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« Pour 2022, nous avons plusieurs projets à mener de front. Il y a celui de Total de 43 MW/43 MWh, à Grandpuits, le dernier BESS (Battery Energy Storage Systems) permettant de boucler l’engagement AOLT (Appel d’offres long terme) lancé par RTE et remporté par TotalEnergies. Nous avons aussi une autre unité de stockage couplée à un parc éolien à construire à La Réunion », détaille Loïc Fortin.
« Cette centrale existe depuis 10 ans. Pour l’outremer, un arrêté stipule que la production doit être annoncée la veille, minute par minute, de minuit à minuit. L’opérateur se réfère donc à la météo pour cela. Mais au moindre déséquilibre, l’unité de stockage intervient. Une centrale 10 MW/10 MWh sera mise en service sur place au troisième trimestre de cette année », précise Thibault Fauquant.
S’ajoute encore, pour la Corse, une centrale photovoltaïque de 5 MWc, couplée à une unité de stockage 3 MW/9 MWh.
Omexom Conversion & Storage commence à regarder hors de nos frontières. « Nous sommes actuellement en négociation exclusive avec un premier projet pour nous à l’export, qui reste à valider, avec une mise en service l’année prochaine. Grâce à Vinci Energies qui est bien implanté ailleurs en Europe, nous sommes attentifs aux marchés en Angleterre, Allemagne et en Italie », conclut Thibault Fauquant.
Révolution Energétique et moi-même remercions vivement Thibault Fauquant et Loïc Fortin pour leur disponibilité. Un grand merci également à Romain Spinazzé qui a facilité la mise en relation.
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Commentaires
Concernant la techno V2G , je vois mal un automobiliste accepter qu'on lui vide sa batterie, même pour quelques centimes, au risque de ne pas pouvoir se servir de son véhicule en cas de besoin imprévu ?
D'un autre côté même si les batteries peuvent apporter une réponse au problème du stockage des Enr, elles ne peuvent être qu'un pis-aller en attendant des solutions plus parraines.
L'avenir des Enr passera forcément par le stockage préalable d'une partie plus ou moins importante de la production instantanée. Ce qui permettra de piloter la demande de bout en bout et nous dispensera de nos besoins d'approvisionnement en fossiles.
Mais pour ça il faut d'autres solutions que les batteries.
Il y a quelque chose que je n'ai pas compris : quand on parle d'une batterie exceptionnelle de 43MWh, est ce que cela veut dire que ça équivaut a un réacteur nucléaire pendant même pas 2min?
Sauf que ça ne sert pas à produire de l'électricité mais à en différer l'usage par rapport au moment de la production. Associé à un parc PPV, ça sert à fournir une puisance constante sur une durée déterminée du cycle journalier plutot que de fournir une puissance variable selon une courbe en cloche durant la période diurne.
C'est comme un avion et un camion, le point commun c'est que ce sont deux engins permettant de déplacer une charge entre deux points mais qui n'ont pas les mêmes objectifs
oui ca equivaut a un parc eolien offshore de 100 eoliennes fabriques en Normandie pendant 2 mn
Exactement, c'est équivalent a quasiment les 8000 éoliennes de France en ce moment