Le centre de données de Saint-Denis, qui alimente la piscine olympique / Image : Equinix.
Cela fait maintenant plus d’une semaine que le bassin du Centre aquatique olympique est en partie chauffé grâce à la chaleur fatale du centre de données Equinix situé à Saint-Denis, au nord de Paris. Le système de récupération de chaleur a été officiellement mis en service le 21 juin dernier. Il est désormais raccordé au réseau de chaleur du Smirec, et alimentera plus précisément le réseau de la ZAC Plaine Saulnier. C’est la première fois qu’un projet de ce type est réalisé en Île-de-France.
La chaleur fatale (ou chaleur résiduelle) est l’énergie thermique inévitablement perdue lors des processus industriels. Les centres de données ou data centers sont des sources importantes de chaleur fatale. Avec un système adapté, il est possible de récupérer et valoriser la chaleur générée par ces infrastructures. Selon l’Ademe, en 2020, le potentiel de chaleur fatale récupérable en France était estimé à 1 TWh. Avec la multiplication de ces installations numériques, ce chiffre devrait augmenter à près de 3,5 TWh, ce qui répondrait au besoin en chauffage d’environ 350 000 logements.
L’entreprise Equinix, spécialisée dans l’exploitation de centres de données, a décidé de valoriser la chaleur fatale produite par sa récente installation PA 10 située à Saint-Denis. Le principal bénéficiaire en est la zone d’aménagement concerté (ZAC) Plaine Saulnier, abritant l’emblématique Centre aquatique olympique (CAO), futur hôte des épreuves aquatiques des Jeux olympiques. Représentant un investissement de 5,7 millions d’euros, le projet est le fruit d’une collaboration entre la société Equinix, le fournisseur d’énergie Engie, le Syndicat mixte des réseaux d’énergie calorifique (Smirec), et la Métropole du Grand Paris, maître d’ouvrage du CAO.
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Dès sa conception, le data center PA 10 d’Equinix a été pensé pour pouvoir valoriser sa chaleur résiduelle. Pour rappel, cette énergie perdue résulte du refroidissement des serveurs qui tournent constamment à plein régime.
La chaleur en question (de l’air chaud) arrive d’abord dans les armoires d’Equinix avec une température de 28 °C. Elle est utilisée pour chauffer l’eau d’un premier circuit, qui est alors acheminée vers deux échangeurs de chaleur à plaques, chacun d’une puissance de 3,3 MW. Arrivé à ces échangeurs, le fluide transfère ses calories à un second circuit d’eau. L’eau ainsi réchauffée est dirigée vers une station d’élévation de température, notamment des containers maritimes abritant trois pompes à chaleur appartenant à Engie. Cette installation est destinée à augmenter la température du fluide à 65 °C avant son injection dans le réseau de chaleur du Smirec.
75 % d’énergies renouvelables et de récupération
Avant ce projet, le réseau de chaleur de la ZAC Plaine Saulnier fournissait déjà 64 % de chaleur décarbonée, principalement issue de la biomasse et de la géothermie. Grâce à la contribution de l’entreprise Equinix, le taux d’énergie thermique propre du réseau se voit désormais augmenter à 75 %. La chaleur valorisable du data center est estimée à environ 6,6 MW, fournissant près de 10,8 GWh par an. Pour mettre en perspective, cette énergie pourrait répondre au besoin en chauffage d’environ 1 500 logements.
Le CAO ne sera donc pas le seul bénéficiaire du projet. Plusieurs bâtiments (bureaux, commerces, etc.) équivalents à 1000 logements répartis sur 200 000 m² de la ZAC profiteront également de cette installation. Le partenariat avec Equinix s’étendra sur 15 ans, et prendra donc fin en 2039. Sur toute cette durée, l’entreprise s’est engagée à fournir un service sans interruption.
Sur le plan environnemental, le projet devrait permettre d’éviter l’émission de quelque 1 800 tonnes de CO2 chaque année. Cela s’aligne avec l’image de durabilité que le CAO souhaite projeter, étant lui-même un bâtiment bas-carbone construit avec des matériaux biosourcés. De plus, rappelons que le centre dispose d’une grande installation photovoltaïque de 5 000 m² sur son toit, constituant l’une des plus grandes fermes solaires urbains du pays. Le CAO se veut être un vrai modèle en termes de performances énergétiques.