Propulsée uniquement par des moteurs électriques alimentés par des batteries amovibles, la péniche Alphenaar a réalisé début septembre son voyage inaugural entre la ville d’Alphen-sur-le-Rhin et le port de Moerdijk, aux Pays-Bas en transportant de la bière pour Heineken. Il s’agit d’une première en Europe.
Le brasseur néerlandais Heineken exporte chaque année plus de 70.000 conteneurs à partir des ports de Rotterdam et d’Anvers. Désireux lui aussi de « verdir » son business et son image, il entend privilégier la navigation fluviale plutôt que le transport routier pour amener ses fûts de bière sur les quais. Une solution favorisée par le réseau dense des canaux hollandais et qui permet de supprimer annuellement quelque 100.000 livraisons par camion tout en réduisant les coûts d’exploitation.
Pour aller encore plus loin vers l’objectif « zéro émission » l’entreprise loue maintenant les services de la première péniche « tout électrique » conçue par la société néerlandaise Zero Emission Services (ZES).
Batteries amovibles échangeables
Baptisée Alphenaar, du nom de la ville d’Alphen-sur-le-Rhin, son port d’attache, cette barge exploitée par la compagnie de transport CCT embarque deux conteneurs amovibles et échangeables, bourrés de modules lithium-ion. Appelés ZESpacks, chacun d’eux contient 2.000 kWh d’électricité, ce qui permet au bateau de naviguer entre 2 et 4 heures. Avec deux ZESpack, l’autonomie d’une péniche est alors de 60 à 120 kilomètres. Arrivée à destination, la péniche peut débarquer ses ZESpack déchargés et les remplacer par des batteries pleines, le tout en moins de 15 minutes.
Pour mettre cette approche en œuvre, un consortium composé du Port de Rotterdam, de la compagnie maritime Wärtsilä, de l’énergéticien Engie et de la banque ING ont créé la startup Zero Emission Services (ZES), laquelle travaille sur le concept depuis 2020. Le soutien vient également du ministère néerlandais des Infrastructures et de la Gestion de l’eau. ZES se veut rassurant sur l’aspect « durable » de sa solution : les conteneurs de batteries sont rechargés, dans les infrastructures portuaires, via de l’énergie 100 % renouvelable.
Ce modèle se prête particulièrement bien aux canaux à fort trafic qui relient des usines et des ports situés à proximité. Le système proposé par ZES a le gros avantage de ne pas imposer de longs temps de recharge des batteries, ce qui donne lieu à des rotations rapides. Par contre, cette solution nécessite le développement d’infrastructures au sol, ce qui limite les possibilités de transport « tout électrique » aux voies navigables desservies par ZES.
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La startup nourrit de grandes ambitions pour ce modèle de péniche à batteries. La péniche déployée avec CCT et Heineken n’est qu’un début. Le constructeur espère rapidement séduire d’autres clients et construire un véritable corridor dédié à son système de conteneurs interchangeables. A court terme, il compte exploiter une flotte de 8 porte-conteneurs et 14 ZESpacks qui seront rechargés à dans l’une des 8 stations associées. D’ici 2030, elle espère desservir une trentaine de routes avec 150 péniches du type de l’Alphenaar. De quoi éviter les émissions de 360.000 tonnes de CO2 et de 2.800 tonnes d’oxydes d’azote.
Notons encore que les conteneurs de batteries sont conçus de manière à pouvoir être aussi utilisés occasionnellement sur le sol, par exemple pour stabiliser le réseau électrique ou répondre à une demande locale temporaire d’électricité.
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Je suis très étonné par la « consommation » de la péniche, de l’ordre de 5.000 kWh/100km (une voiture routière électrique est dans les 20kWh/100km). Mais pourquoi pas, je ne suis pas un connaisseur. Mon étonnement n’est pas une remise en cause mais une véritable découverte.
Quel tonnage peut transporter cette péniche ?
« Batteries rechargées via de l’énergie 100 % renouvelable ». On aimerait savoir de quelle source, car peu d’énergies renouvelables sont disponibles à toute heure de la journée. Il va y avoir quelques problèmes pour le rechargement.
Si le princioe est d’échanger la batterie vide par une batterie pleine, rien n’oblige à recharger tout de suite. On charge les batteries quand l’énergie est disponible, voire la moins chère.