En injectant 359 mégawattheures (MWh) dans le réseau en 24 heures, la plus puissante éolienne actuellement en service a battu il y a quelques jours le record mondial de production électrique journalière pour une machine de ce type.
L’information a été annoncée ce mardi 11 octobre sur les réseaux sociaux par le turbinier germano-espagnol Siemens-Gamesa, lequel avait installé son prototype SG 14-222 DD au large des côtes danoises de la Mer du Nord en novembre 2021. Doté d’un rotor de 14 MW et d’un diamètre de 222 m, il s’agit du modèle en service actuellement le plus puissant au monde, d’autant qu’avec la fonction « Power Boost » il peut développer 15 MW par grand vent.
Les pales d’une longueur de 108 mètres sont fabriquées en une seule pièce. Pour vous faire une idée de son gigantisme, sachez que la surface de 39 000 m2 balayée par le rotor est supérieure à celle de 5 terrains de foot ! La nacelle pèse 500 tonnes. Une seule de ces machines pourra fournir, en moyenne, suffisamment d’électricité pour couvrir la consommation d’environ 18 000 ménages européens.
À lire aussi Une éolienne « colossale » de 14 MW : record de puissance pour Siemens GamesaÀ quoi sert la fonction « Power Boost » ?
Un petit calcul rapide m’apprend que cette production record de 359 MWh en une journée me permettrait de parcourir environ 2 millions de km avec ma Renault Zoé. Elle correspond à une puissance moyenne de 14,96 MW, ce qui démontre que la machine a fonctionné à pleine capacité avec le « Power Boost », pendant toute la période.
Cette fonction ne sera pas installée sur toutes les machines qui seront prochainement commercialisées. Siemens-Gamesa explique en effet que le Power Boost n’est intéressant que sur les sites très venteux, c’est-à-dire aux endroits où cette option peut être utilisée par grand vent, pendant des périodes suffisamment longues au cours d’une année.
Le précédent record était détenu par l’Haliade-X du concurrent GE dont le prototype de 12 MW (« boosté » à 13 MW) installé dans le port de Rotterdam avait produit en novembre 2020, 312 MWh d’électricité en une journée.
À lire aussi Toujours plus « fort » : l’Haliade-X «boostée» à 14 MWToutes ces turbines colossales sont maintenant caractérisées par un entrainement direct de la génératrice. L’absence de boîte de vitesse réduit le nombre de composants en rotation et par conséquent les opérations et les coûts de maintenance.
Un avantage important pour des éoliennes offshore, d’autant qu’il s’accompagne d’une réduction du poids et des dimensions de la nacelle. Cela facilite son transport et son montage sur le mat, en pleine mer, lesquels sont des opérations délicates et coûteuses.
Déploiement commercial en 2025
Le développement de la SG 14-222 DD devrait se concrétiser par un déploiement commercial d’ici 2025. L’année dernière, le turbinier a enregistré une première commande de 100 machines pour le projet baptisé Sofia qui sera installé au milieu de la Mer du Nord, sur le Dogger Bank, à 195 kilomètres au nord-est des côtes du Royaume-Uni. Ce modèle a aussi été choisi par le projet Moray West de 882 MW qui sera implanté au large de l’Ecosse.
Il sera aussi exporté sur d’autres continents puisque Siemens-Gamesa a obtenu la commande pour un parc offshore au large de Taïwan ainsi que pour le projet Dominion Energy Coastal sur la côte est des États-Unis, dans les eaux de la Virginie.
Course à la puissance
Rappelons enfin que Siemens-Gamesa ne devrait pas rester longtemps en tête dans la course à la puissance éolienne. En février 2021, le danois Vestas, champion mondial du marché éolien, a dévoilé le projet d’une machine de 15 MW. À peine 6 mois plus tard, MingYang Smart Energy, le plus important constructeur chinois d’éoliennes, a révélé un nouveau modèle : la MySE 16.0-242, un mastodonte offshore de 264 mètres de haut, doté de pales de 118 m, qui devrait développer une puissance de 16 MW.
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Commentaires
Soit.
Maintenant M. Deboyser, qui appartient au lobby puissant de l'éolien, devrait nous indiquer quels sont les coûts réels d'investissement et surtout d'exploitation et maintenance d'éoliennes géantes installées dans un milieu marin hostile.
Déjà le raccordement au continent avec des câbles sous-marins a été subrepticement mis à charge du contribuable par décret : coût d'environ 20 €/MWh produit qui se retrouve dans la taxe TURPE que chacun d'entre nous paye.
Ensuite il est exceptionnel qu'il y ait du vent toute la journée comme dans l'essai présenté : en règle générale la puissance fournie fluctue et devient même nulle parfois pendant plusieurs jours (calme plat). Il faut donc pallier la défaillance de production par une production indépendante du vent, soit généralement du gaz : combien cela coûté ? Et surtout le gaz émet du CO2 et ne permet pas d'atteindre la neutralité carbone, ce qui condamne cette solution.
Seuls l'hydraulique et le nucléaire sont pilotables (ils produisent quelle que soit la météo) et n'émettent pas de CO2. Et ils ne sont pas subventionnés par des taxes.
La course à la plus grosse... Et on rajoute à chaque fois 2 mètres et 1MW...
Un peu comme pour les paquebots de croisière (avant la covid), les chantiers sortaient régulièrement le "plus gros bateau du monde", 1m plus long que le précédent plus gros bateau.
Vous vous souvenez de Serguei Boubka qui à son époque grignotait le record du monde de saut à la perche cm par cm (et surtout pas plus vite!)...
Impressionnant ! Au-delà des économies d'échelle et du buzz marketing d'avoir la plus puissante au monde, sait-on quelle taille maxi elles pourraient atteindre, quand les contraintes dépassent les bénéfices ?
The sky is the limit :)